Zone euro : L'inflation au niveau record de 10,0% sur un an en septembre

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Des gens passent devant un magasin zara, dans la rue passeig de gracia a barcelone[reuters.com]
(Crédits : Albert Gea)

PARIS/FRANCFORT (Reuters) - L'inflation dans la zone euro a enregistré une accélération plus importante qu'attendu en septembre pour atteindre un nouveau plus haut historique, montre la première estimation publiée vendredi par Eurostat, ce qui devrait renforcer les anticipations en faveur d'une nouvelle forte hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) en octobre.

La hausse des prix à la consommation dans les 19 pays utilisant la monnaie unique est ressortie ce mois-ci à 10,0% sur un an, après une augmentation de 9,1% en août.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un taux d'inflation de 9,7% sur un an en septembre.

La première estimation de l'inflation publiée jeudi par Destatis, l'office fédéral de la statistique, avait déjà montré que la hausse des prix en Allemagne s'était encore accélérée en septembre sous l'effet de la flambée des tarifs des produits énergétiques et alimentaires, avec un indice à 10,9% sur un an, au plus haut depuis 1996 en données comparables.

L'inflation en zone euro a été de nouveau tirée principalement par les prix de l'énergie et des denrées alimentaires, mais elle a continué à s'étendre à pratiquement toutes les catégories, allant des services aux biens industriels, avec des chiffres extrêmement élevés.

L'inflation hors énergie et produits alimentaires non transformés, un indicateur suivi de près par la BCE, a augmenté plus que prévu, de 6,1% contre +5,5% en août et un consensus Reuters à 5,6%.

Une mesure encore plus étroite, qui exclut aussi l'alcool et le tabac, montre que l'inflation a progressé de 4,8% après +4,3% le mois précédent et un consensus Reuters à +4,7%.

RISQUE D'ENRACINEMENT DE L'INFLATION

Les données publiées vendredi suggèrent que l'inflation, qui est de plus alimentée par une demande excédentaire, risque de s'enraciner bien au-delà de l'objectif de 2% de la BCE.

"Les données de septembre sur l'inflation sont mauvaises dans tous les domaines, toutes les grandes catégories enregistrant une accélération de l'inflation", souligne Bert Colijn, économiste chez ING.

"Cela scelle le consensus d'une nouvelle hausse de 75 points de base des taux de la Banque centrale européenne en octobre."

Avant même la publication de ces chiffres, plusieurs responsables de la BCE avaient plaidé jeudi pour une nouvelle forte hausse des taux directeurs lors de la réunion de politique monétaire du 27 octobre.

La BCE a augmenté depuis juillet le coût du crédit de 125 points de base, le rythme le plus rapide dans son histoire.

"L'inflation globale à deux chiffres et une hausse de plus en plus alarmante des taux de l'inflation de base ne laissent à la BCE d'autre choix que de continuer à relever ses taux directeurs malgré les perspectives économiques catastrophiques", commente Ken Wattret de S&P Global Market Intelligence.

"La BCE ne peut pas se permettre de décevoir", ajoute-t-il.

Les marchés tablent désormais sur un taux de dépôt d'environ 2% d'ici la fin de l'année, puis environ 3% au printemps prochain avant une stabilisation, contre 0,75% actuellement.

LE PIC N'EST PEUT-ÊTRE PAS ENCORE ATTEINT

Au regard des contrats à terme sur l'énergie, le pic de l'inflation pourrait ne pas encore avoir été atteint et cela pourrait prendre encore des mois, le temps que les nouveaux tarifs soient répercutés sur les ménages.

La canicule de l'été pourrait en outre maintenir sous pression les prix alimentaires, tandis que la chute de l'euro, tombé à un creux de 20 ans face au dollar, va renchérir les prix des biens importés, les factures du pétrole étant notamment libellés en dollars.

La perspective d'une récession imminente pourrait cependant peser sur la demande sur réduire la pression sur les prix.

Le Comité européen du risque systémique (CERS), instance chargée de la surveillance du système financier de l'UE, a mis en garde jeudi contre une crise qui pourrait affecter la stabilité financière du bloc, alors que les entreprises et les ménages, à peine remis de la pandémie de COVID-19, doivent désormais faire face à un nouveau coup dur.

Les derniers indicateurs de confiance en zone euro suggèrent également que le bloc pourrait déjà être en récession.

(Rédigé par Claude Chendjou, avec Balazs Koranyi à Francfort, édité par Kate Entringer)