Le calendrier de livraisons 2022 d'Airbus de plus en plus tendu, indiquent des sources

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Photo d'une maquette de l'avion de ligne airbus a350-1000[reuters.com]
(Crédits : Aly Song)

par Tim Hepher

PARIS (Reuters) - L'objectif de livraisons d'Airbus pour cette année semble de plus en plus difficile à atteindre selon des sources du secteur et des données provisoires, mais les analystes estiment que les actionnaires ne feraient sans doute pas un drame d'un raté, leur attention étant tournée vers 2023.

Airbus a annoncé prévoir de livrer "environ 700" avions civils en 2022, un objectif soumis à une incertitude de plus en plus forte car il suppose un mois de décembre record et sans aucun imprévu, a-t-on appris de sources du secteur.

"On a du mal à les voir atteindre les 700 livraisons" sur l'ensemble de l'année, a ainsi déclaré à Reuters une source haut placée dans la chaîne d'approvisionnement, ajoutant que les avions en production affichaient en moyenne quatre mois de retard sur le calendrier prévisionnel.

Plusieurs analystes rappellent cependant qu'Airbus est déjà parvenu par le passé à atteindre des objectifs qui semblaient très ambitieux.

Selon les chiffres les plus récents cités par le cabinet d'analyse spécialisé Cirium, Airbus a délivré pour l'instant 536 avions depuis le 1er janvier, un chiffre qui implique 39 à 41 livraisons depuis début novembre.

Si l'on prend en compte quelques jours de délai dans la comptabilisation des livraisons et les tout derniers jours du mois, le total à fin novembre pourrait augmenter d'une dizaine d'unités, ont précisé des sources.

Même ainsi, le mois de novembre se solderait donc par un nombre d'avions livrés plus proche de 60 que de 70, note un analyste, alors que des fournisseurs d'Airbus évoquent un planning de production plus proche de 80.

Un porte-parole d'Airbus s'est refusé à tout commentaire sur le sujet en attendant le point mensuel sur les livraisons prévu le 8 décembre.

DÉJÀ DES TENSIONS ÉVOQUÉES POUR 2023

Sur les dix premiers mois de l'année, le groupe basé à Toulouse a livré 495 avions si l'on prend en compte l'annulation de la livraison de deux appareils en raison des sanctions occidentales visant la Russie.

"Le marché accepterait très probablement un léger ratage pour 2022, à environ 690 livraisons, mais le fond de l'histoire, c'est ce que cela implique pour les livraisons de 2023", estime Sash Tusa, analyste spécialisé d'Agency Partners.

Un deuxième analyste, qui a requis l'anonymat, a déclaré: "S'il leur manque 10 avions, personne ne réagira, mais s'il en manque 20, cela montrera que les choses ne se passent pas comme elles le devraient."

Deux sources du secteur ont déclaré que certains loueurs d'avions et d'autres acheteurs étaient de plus en plus fortement encouragés à attendre la fin décembre pour certaines livraisons, Airbus étant confrontés à de multiples tensions concernant les réacteurs, les chaînes d'approvisionnement ou encore la main-d'oeuvre.

Ces tensions pourraient amplifier la situation d'urgence déjà souvent observées en toute fin d'année qui se traduit parfois par des livraisons dans les toutes dernières heures de décembre.

En Bourse de Paris, l'action Airbus perdait 5,01% à 108,12 euros à moins d'une heure de la clôture lundi, la plus forte baisse de l'indice CAC 40, alors en repli de 0,43%.

Le titre souffre notamment des informations publiées vendredi par Reuters selon lesquels l'avionneur prépare le terrain à de nouveaux retards de livraison d'appareils moyens-courrier l'an prochain.

Les investisseurs attendent d'Airbus des indications sur le nombre d'avions qu'il prévoit de livrer en 2023. Un nombre qu'ils estiment pour l'instant en moyenne à 820, écrit Chloe Lemarie, analyste de Jefferies, en citant un consensus.

(Reportage Tim Hepher, version française Marc Angrand, édité par Sophie Louet)