Week-end décisif pour Crédit Suisse, pression pour une fusion avec UBS

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(Crédits : Denis Balibouse)

par Stefania Spezzati et Oliver Hirt

(Reuters) - Crédit Suisse Group AG a entamé samedi un week-end décisif pour son avenir, plusieurs concurrents ayant commencé à limiter leurs opérations avec la deuxième banque suisse, malmenée en Bourse, tandis que le régulateur accentue la pression pour une fusion avec sa compatriote UBS AG.

Le directeur financier de Crédit Suisse, Dixit Joshi, et ses équipes vont tenir durant le week-end des réunions pour évaluer les scénarios stratégiques pour la banque, ont dit vendredi des sources proches du dossier.

L'établissement de 167 ans est victime notamment des turbulences provoquées sur les marchés par la chute des banques américaines Silicon Valley Bank et Signature Bank sur la semaine écoulée, qui l'ont contrainte à faire appel à des financements de la banque centrale suisse à hauteur de 54 milliards de dollars.

Les régulateurs nationaux encouragent UBS et Crédit Suisse à fusionner mais aucune des deux banques ne le souhaite, a dit une source, ajoutant que les autorités de tutelle ne disposent pas du pouvoir de forcer un tel rapprochement.

Les conseils d'administration d'UBS et de Crédit Suisse doivent se réunir séparément ce week-end, a rapporté le Financial Times. Suite à cet article, l'action de la deuxième banque suisse a bondi de 9% vendredi en après-Bourse.

Crédit Suisse et UBS ont toutes deux refusé de faire un commentaire.

Nouvelle preuve que les difficultés s'amoncellent, au moins quatre grandes banques, dont Société Générale et Deutsche Bank, ont imposé des restrictions sur des opérations concernant Crédit Suisse ou des actifs liés à la banque helvétique, a appris Reuters de cinq sources directement informées du dossier.

"L'intervention de la banque centrale suisse était un pas nécessaire pour calmer l'incendie, mais pourrait ne pas suffire à restaurer la confiance dans Crédit Suisse, donc on parle de mesures supplémentaires", commente Frédérique Carrier, directrice de la stratégie d'investissement chez RBC Wealth Management.

Les efforts pour renforcer l'établissement bancaire suisse interviennent alors que de nombreux responsables, notamment la Banque centrale européenne et le président américain Joe Biden, ont entrepris de rassurer les investisseurs et les épargnants sur la fiabilité du système bancaire mondial, sans parvenir pour l'heure à chasser totalement la crainte d'une propagation des difficultés.

Cette semaine, les grandes banques américaines ont fourni 30 milliards de dollars pour soutenir First Republic, un établissement de plus petite taille, tandis que l'ensemble du secteur bancaire américain a sollicité en quelques jours auprès de la Réserve fédérale un montant record de 153 milliards de dollars en liquidités d'urgence.

Samedi sur France Inter, Philippe Brassac, président de la Fédération bancaire française, a souligné que contrairement au passé, il n'y avait plus de mécanisme de propagation de ce type de crise. Il n'y a "aucun risque de crise bancaire en France", a-t-il ajouté.

(Reuters bureaus, Gilles Guillaume pour la version française)