Etats-Unis : La Fed opte pour une hausse de taux d'un quart de point

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Photo d'archives du president de la reserve federale americaine (fed), jerome powell[reuters.com]
(Crédits : Leah Millis)

par Howard Schneider et Ann Saphir

WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi une hausse d'un quart de point de son principal taux d'intérêt et a souligné que les tensions récentes dans le secteur bancaire pourraient déclencher un resserrement des conditions de crédit, avec des répercussions "significatives" sur l'économie.

Les banques, qu'elles soient victimes de retraits massifs ou qu'elles s'en inquiètent, pourraient devenir de plus en plus réticentes à octroyer des prêts, un risque qui a incité la Fed à revoir ses propres attentes en matière de politique monétaire.

Le stress bancaire récent est "susceptible d'entraîner un resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises et de peser sur l'activité économique, l'embauche et l'inflation", peut-on lire dans le communiqué publié à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC).

"Nous chercherons à voir (...) quelle est la gravité de la situation et si elle semble devoir durer", a ajouté le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse. "Cela pourrait facilement avoir un effet macroéconomique significatif et nous en tiendrions compte dans nos politiques".

L'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds"), principal instrument de la politique monétaire américaine, est porté à 4,75%-5,00%. Cette décision a été prise à l'unanimité.

Les nouvelles projections de la banque centrale américaine montrent que dix membres sur 18 du FOMC s'attendent toujours à ce que les taux augmentent encore d'un quart de point d'ici la fin de l'année.

Changement notable, le communiqué de presse ne mentionne plus que de nouvelles hausses de taux seront appropriées, alors que c'était le cas depuis le début du cycle de resserrement monétaire, le 16 mars 2022.

Au lieu de cela, le comité indique qu'"un raffermissement supplémentaire de la politique monétaire pourrait être approprié", ce qui laisse entrevoir la possibilité d'une seule hausse de 25 points de base supplémentaires cette année.

Jerome Powell a assuré que l'argent des épargnants dans les banques américaines étaient "en sécurité". Il a exprimé plusieurs fois sa confiance dans la stabilité du système financier, en soulignant que "les flux de dépôts dans le système bancaire (s'étaient) stabilisés la semaine dernière" et que la faillite de Silicon Valley Bank témoignait d'une "mauvaise gestion" de sa direction et non de faiblesses générales dans le secteur.

Il a néanmoins indiqué que cet évènement avait mis en évidence une défaillance de la supervision de la banque centrale qui faisait l'objet d'un examen devant être achevé le 1er mai.

PAS DE BAISSE DE TAUX PRÉVUE EN 2023

A l'issue de cette réunion, la Fed est probablement plus proche de la fin de son cycle de remontée des taux.

"La Fed a été effrayée par Silicon Valley Bank et d'autres turbulences bancaires. Ils considèrent certainement cela comme un facteur potentiel de ralentissement de l'inflation, ce qui les aide peut-être à faire leur travail sans avoir à relever les taux de manière agressive", a déclaré Tim Ghriskey, stratège chez Ingalls & Snyder.

Jerome Powell a toutefois souligné que d'autres hausses pourraient suivre, si nécessaire, et qu'aucune baisse n'était anticipée cette année.

La Fed ne présume pas que la bataille contre l'inflation est terminée car si la hausse des prix a ralenti, l'inflation "reste élevée", a-t-il dit.

Sur les marchés financiers, les grands indices de Wall Street ont fini la séance dans le rouge, perdant autour de 1,6%, tandis que le dollar et les rendements des bons du Trésor américain ont creusé leurs pertes, le dix ans passant sous 3,5% et le deux ans sous la barre de 4%.

Les nouvelles prévisions économiques de la banque centrale montrent que ses membres anticipent un taux de chômage de 4,5% cette année en moyenne, contre 4,6% anticipé en décembre, tandis que l'estimation de la croissance américaine a été revue de 0,5% à 0,4%.

L'inflation mesurée par l'indice privilégié par la Fed, celui des dépenses personnelles de consommation (PCE), devrait boucler l'année à 3,3%, contre 3,1% dans les précédentes projections.

(Howard Schneider, avec Noel Randewich à New York; version française Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey et Jean Terzian)