Israël : Netanyahu s'apprêterait à suspendre la réforme de la justice - TV

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Photo d'archives de benjamin netanyahu a londres, en grande-bretagne[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

par Ari Rabinovitch

JÉRUSALEM (Reuters) - Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'apprête à annoncer la suspension de sa très contestée réforme de la justice, a rapporté lundi la chaîne de télévision Canal 12, quelques heures après un appel en ce sens du président Isaac Herzog.

Alors que des centaines de milliers d'Israéliens ont de nouveau manifesté dimanche soir après le limogeage du ministre de la Défense, qui s'était prononcé samedi pour un retrait de la réforme, Benjamin Netanyahu va prendre la parole à 10h30 (07h30 GMT), selon Canal 12.

Une source au sein du Likoud, le parti du Premier ministre, a également dit s'attendre à ce que ce dernier annonce la suspension de la réforme de la Justice.

Le président Isaac Herzog est sorti de sa réserve après les manifestations de dimanche soir pour appeler le chef du gouvernement à la raison.

"Au nom de l'unité du peuple d'Israël, au nom de la responsabilité, je vous demande d'arrêter immédiatement le processus législatif", a-t-il écrit sur Twitter.

La réforme a parallèlement achevé son parcours parlementaire lundi avec sa validation par la commission de la Constitution de la Knesset en vue d'une possible ratification dans la journée, selon la télévision israélienne.

Sous pression, Benjamin Netanyahu a limogé dimanche son ministre de la Défense, Yoav Gallant, après que ce dernier s'est écarté de la ligne gouvernementale en se prononçant samedi en faveur d'une suspension du projet de réforme.

Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à Jérusalem et Tel Aviv en réaction à cette information, nombre d'entre elles brandissant des drapeaux israéliens.

Une foule s'est massée devant la résidence de Benjamin Netanyahu à Jérusalem, parvenant à un moment donné à franchir un cordon de sécurité, avant que la police fasse usage de canons à eau pour disperser les contestataires.

Entrée en fonction il y a environ trois mois, la coalition ultra-conservatrice dirigée par Benjamin Netanyahu est secouée par des tensions internes autour de cette mesure phare voulue par le Premier ministre.

MENACE POUR LA SÉCURITÉ DE L'ÉTAT

"La sécurité de l'Etat ne peut pas être une carte dans le jeu politique. Netanyahu a franchi ce soir une ligne rouge", ont déclaré dans un communiqué conjoint les chefs de file de l'opposition, Yair Lapid et Benny Gantz, appelant le parti du Likoud du Premier ministre à ne pas prendre part "au broyage de la sécurité nationale".

Yoav Gallant a pour sa part réagi à son limogeage via Twitter, déclarant que "l'état de la sécurité d'Israël a toujours été et sera toujours la mission de ma vie".

Samedi, l'ancien commandant de la marine israélienne avait prévenu que la réforme de la justice représentait une "menace claire, immédiate et tangible" pour la sécurité de l'Etat, demandant à suspendre le projet. Il avait ajouté, au cours d'une allocution télévisée, être prêt à "payer n'importe quel prix" pour le bien du pays.

Dénoncé par ses détracteurs comme une entrave à la démocratie, le projet vise à conférer au gouvernement un poids plus important dans le choix des juges et à limiter les capacités de la Cour suprême à annuler des lois votées par le Parlement.

A Washington, une porte-parole de la Maison blanche a déclaré que les Etats-Unis sont "profondément préoccupés" par les événements en Israël et "exhortent fortement" les dirigeants de l'Etat hébreu à trouver un compromis dès que possible.

Cette crise intervient alors même que les services de sécurité israéliens s'inquiètent d'une possible escalade des violences dans les prochaines semaines, sur fond de tensions croissantes avec les Palestiniens, alors qu'a débuté le ramadan.

Par ailleurs, de hauts représentants du ministère des Finances ont déclaré que le projet de réforme pourrait avoir des répercussions économiques, des dirigeants disant aussi s'inquiéter de l'avenir de leurs entreprises.

Accentuant la pression sur le gouvernement, le principal syndicat de la fonction publique s'est dit "stupéfait" par le limogeage de Yoav Gallant et a promis une "spectaculaire" annonce ce lundi.

(Reportage Ari Rabinovitch, Ronen Zvulun et Dan Williams à Jerusalem, Rami Amichay à Tel Aviv; version française Jean Terzian et Kate Entringer)