Burkina Faso : La junte au pouvoir ordonne la suspension de la diffusion de France 24

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Photo d'archives d'un soldat a ouagadougou, burkina faso[reuters.com]
(Crédits : Vincent Bado)

NAIROBI (Reuters) - La junte au pouvoir au Burkina Faso a ordonné lundi la suspension de la diffusion de France 24 dans tout le pays, accusant la chaîne de télévision d'avoir diffusé un entretien avec le responsable de la branche nord-africaine d'Al Qaïda (Aqmi), ce que le média réfute.

La direction de France 24 a indiqué dans un communiqué qu'elle "déplore cette décision et conteste les accusations sans fondement qui mettent en cause le professionnalisme de la chaîne".

France 24 a diffusé plutôt ce mois-ci une chronique, dans laquelle un journaliste rapporte les propos obtenus lors d'une interview de Yezid Mebarek, également connu sous le nom d'Abou Oubaïdah Youssouf al Anabi, qui a revendiqué le titre d'"émir d'Al Qaïda au Maghreb islamique" en 2020.

"En ouvrant ses antennes au premier responsable d'Aqmi, France 24 ne fait pas seulement office d'agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine", a déclaré le ministre de la communication du Burkina Faso, Jean-Emmanuel Ouedraogo, dans un communiqué.

"Le gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l'ensemble du territoire national", ajoute-t-il.

"Le gouvernement burkinabè reproche à France 24 la diffusion d'une 'interview du Chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)', alors que jamais la chaîne ne lui a donné la parole directement, prenant soin de relater ses propos sous la forme d'une chronique permettant la distanciation et la contextualisation nécessaires", a répondu la direction de France 24.

"En outre, la décision de suspendre la chaîne intervient sans préavis et sans que n'aient été mises en oeuvre les procédures prévues par la convention de diffusion de France 24 établie par le Conseil Supérieur de la Communication du Burkina Faso", a ajouté la direction.

Les relations entre Paris et Ouagadougou se sont détériorées depuis l'arrivée au pouvoir de la junte militaire après un coup d'Etat en octobre.

En janvier, le Burkina Faso a donné un mois à la France pour retirer ses troupes du pays après avoir mis fin à un accord militaire qui permettait aux forces spéciales françaises d'aider les autorités locales à lutter contre une violente insurrection islamiste dans la région du Sahel.

(Reportage Hereward Holland, Blandine Hénault et Kate Entringer pour la version française, édité par Kate Entringer et Tangi Salaün)