Un des pères du missile hypersonique russe en procès pour trahison

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Le tribunal de saint-petersbourg apres une audience dans l'affaire d' anatoly maslov, un scientifique russe  arrete en 2022 et soupconne de trahison[reuters.com]
(Crédits : Anton Vaganov)

SAINT-PETERSBOURG, Russie (Reuters) - Un scientifique russe qui a contribué au développement du premier missile hypersonique de l'armée russe sera jugé la semaine prochaine pour des soupçons de "trahison", a annoncé mercredi un tribunal de Saint-Pétersbourg.

Arrêté en juin 2022 et détenu depuis cette date, Anatoli Maslov, 76 ans, est le premier des trois scientifiques de l'Institut Khristianovich de mécanique théorique et appliquée (ITAM) de Novossibirsk, en Sibérie, à comparaître devant la justice pour "haute trahison".

Les trois hommes ont participé au programme de missile hypersonique Kinjal, capable de voler à dix fois la vitesse du son, fierté de l'armée russe dont le président Vladimir Poutine a assuré qu'il était impossible à abattre - jusqu'à ce que l'armée ukrainienne affirme récemment en avoir abattu plusieurs grâce au système de défense antiaérienne Patriot fourni par les Etats-Unis.

Les faits reprochés aux trois scientifiques - Anatoli Maslov, Alexandre Shipliouk et Valéri Zvegintsev - sont placés sous le sceau du secret, et leur procès se déroulera à huis clos, mais selon le site d'informations de Novossibirsk, ils sont accusés d'avoir remis des documents classifiés à la Chine.

Deux sources ont dit à Reuters qu'Alexandre Shipliouk, directeur de l'ITAM, est soupçonné d'avoir transmis des informations secrètes à des agents chinois lors d'une conférence organisée à Novossibirsk en 2017. Selon elles, l'intéressé rejette ces accusations et soutient que les informations en question étaient publiques.

Contactée par Reuters, l'avocate d'Anatoli Maslov, Olga Dinze, a indiqué que son client avait été transféré dans un centre de détention du FSB à Saint-Pétersbourg en vue de son procès. Elle n'a pas voulu s'exprimer sur l'affaire, évoquant une "situation très difficile".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré la semaine dernière que les accusations portées contre les trois scientifiques étaient "très graves", tandis que leurs collègues de l'ITAM ont écrit une lettre ouverte pour les défendre et mettre en garde contre les conséquences de cette affaire sur les programmes scientifiques russes.

Le crime de "haute trahison" est passible de la prison à vie depuis que le Parlement russe a voté le mois dernier une loi durcissant la peine maximale, qui était auparavant de 20 ans de détention.

(Rédigé par des journalistes de Reuters, version française Tangi Salaün, édité par Nicolas Delame)