L'opposition vénézuélienne veut "ignorer" la présidentielle

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L'opposition venezuelienne veut ignorer la presidentielle[reuters.com]
(Crédits : Pierre Albouy)

GENEVE (Reuters) - L'opposition vénézuélienne ne présentera pas de candidat à la prochaine élection présidentielle prévue le 22 avril, a déclaré l'ancien maire de Caracas Antonio Ledezma, qualifiant ce scrutin de "piège" tendu par le président Nicolas Maduro.

Antonio Ledezma, 62 ans, réside aujourd'hui en Espagne. Il a fui en novembre dernier en Colombie alors qu'il est accusé de complot au Venezuela et qu'il vivait en résidence surveillée depuis son arrestation en février 2015.

"Ce n'est pas un boycott. Disons plutôt que nous ignorons un piège. Nous ne pouvons pas appeler cela une élection, car nous savons que ce sera une supercherie", a-t-il dit à Reuters lors d'une visite à Genève.

L'opposition estime que le gouvernement vénézuélien fait en sorte de fausser l'élection présidentielle en empêchant les principaux rivaux de Nicolas Maduro, qui brigue un nouveau mandat, de se présenter. La Cour suprême a interdit à la principale coalition de l'opposition de présenter un candidat unique.

"Il n'y aura pas de candidat officiel de l'opposition. Tout ce que nous voyons du gouvernement est la répression envers les dirigeants de l'opposition qui ne veulent pas participer car ça légitimerait le processus", a poursuivi l'ancien maire de la capitale.

La date de l'élection présidentielle a été fixée au 22 avril prochain il y a deux semaines, quelques heures après la suspension de discussions entre des représentants du gouvernement et de l'opposition, qui se déroulaient en République dominicaine.

Le vice-président du parti socialiste au pouvoir, Diosdado Cabello, a proposé mardi que les prochaines élections législatives soient couplées au scrutin présidentiel, alors que l'Assemblée nationale, le parlement monocaméral, élue en 2015 est dominée par l'opposition.

Diosdado Cabello a jugé qu'un renouvellement de l'Assemblée nationale dès cette année, avec deux ans d'avance sur le calendrier normal, était "dans l'intérêt du pays" car le parlement est paralysé.

En quête de soutien de la communauté internationale, Antonio Ledezma a rencontré lundi tour à tour le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein et le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA) Luis Almagro.

"J'ai également demandé au Haut Commissaire d'envoyer une commission au Venezuela pour qu'ils puissent témoigner des violations quotidiennes des droits de l'homme", a-t-il précisé, faisant référence aux mouvements de contestation du pouvoir en place qui ont fait plus de 125 morts entre avril et juillet.

(Stephanie Nebehay, Arthur Connan et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)