Toujours influent, Sarkozy rencontre Wauquiez et Darmanin

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Sarkozy rencontre wauquiez et darmanin[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, retiré de la vie politique active mais toujours influent à droite, a inscrit à son calendrier mercredi et jeudi des rencontres avec Laurent Wauquiez puis Gérald Darmanin, deux hommes aux relations notoirement mauvaises, au risque d'exaspérer une partie de son camp.

Les deux interlocuteurs de l'ex-président ont emprunté des voies divergentes, le premier en se faisant élire président des Républicains (LR) en décembre sur une ligne très à droite et le second en rejoignant le gouvernement d'Emmanuel Macron.

Dans le passé, Laurent Wauquiez et Gérald Darmanin sont pourtant passés tous deux dans l'orbite de Nicolas Sarkozy, respectivement comme ministre et comme directeur de campagne durant la primaire de la droite, en 2016.

"Nicolas Sarkozy est encore libre de rencontrer qui il veut, quand il veut, où il veut", a déclaré à la presse le chef de file des députés LR, Christian Jacob.

Le nom de Gérald Darmanin apparaît dans les enregistrements clandestins de cours dispensés par Laurent Wauquiez à des étudiants lyonnais, dans lesquels le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes critique sans ménagement et en des termes parfois crus Valérie Pécresse, Alain Juppé ou Angela Merkel.

"Il va tomber", a notamment dit Laurent Wauquiez à propos du ministre des Comptes publics, visé par des accusations de viol et d'abus de faiblesses, selon ces enregistrements diffusés le mois dernier par l'émission Quotidien, sur TMC.

Face aux mêmes étudiants, le président de LR a également accusé Nicolas Sarkozy d'avoir fait espionner ses ex-ministres lorsque celui-ci était à l'Elysée avant de présenter ses excuses, à la fois en privé et en public.

"MÊME SI ÇA FAIT GRINCER QUELQUES DENTS"

Pour la première fois depuis cette polémique, qui a semble-t-il coûté des points de popularité à Laurent Wauquiez, les deux hommes se sont rencontrés mercredi, a confirmé le député Eric Ciotti, qui a soutenu successivement les deux hommes.

"Ils ont pu dans ce cadre s'expliquer et réexprimer à nouveau leur relation de confiance", a dit l'élu des Alpes-Maritimes à des journalistes.

Jeudi, l'ex-chef de l'Etat doit se rendre à Tourcoing (Nord), pour remettre la Légion d'honneur au maire de la commune. Gérald Darmanin sera présent, dit-on de source proche de ce dernier.

"Nicolas Sarkozy n'était peut-être pas obligé d'aller à Tourcoing", a déploré le député LR Philippe Gosselin. "Ce n'est pas non plus la fin du monde."

"Je n'ai pas le sentiment que Nicolas Sarkozy ne soutienne pas sa famille politique. Je ne tire aucune conclusion sur un soutien qui serait tiède à l'égard de sa famille politique parce qu'il va voir Gérald Darmanin. On n'en est quand même pas là, même si ça fait grincer quelques dents", a-t-il ajouté.

Wauquiez et Darmanin mis à part, l'ex-patron de la droite multiplie les entretiens avec des personnalités politiques encore en activité, souvent dans ses bureaux de la rue Miromesnil, à Paris.

Lui-même retiré une première fois de la politique après sa défaite à la présidentielle de 2012 puis sèchement battu à la primaire de 2016, il jouit toujours de son prestige d'ex-président - le dernier à avoir fait gagner la droite.

Le 6 mars, il s'est rendu au Sénat, à l'invitation de son président Gérard Larcher, pour livrer ses enseignements de la révision constitutionnelle de 2008 et adresser au passage une mise en garde à peine voilée à Emmanuel Macron sur le sujet.

(Elizabeth Pineau et Simon Carraud, avec Myriam Rivet et Pierre Savary à Lille, édité par Yves Clarisse)