Premières critiques contre une baisse des aides à l'emploi

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Premieres critiques contre une baisse des aides a l'emploi[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Responsables syndicaux et politiques issus de la gauche ont dénoncé lundi l'hypothèse d'une baisse des aides sociales à l'emploi conditionnée à l'amélioration de la situation du marché du travail avancée la veille par Bruno Le Maire.

Le nouveau secrétaire général de Force ouvrière, Pascal Pavageau, a évoqué sur RTL "une politique inégalitaire", en faveur des "10%, 5% de premiers de cordée" qui ont selon lui "coupé la corde depuis bien longtemps".

"C'est pas parce que vous avez de la création d'emploi (...) que pour celles et ceux qui n'ont pas la chance d'en trouver, il faudrait leur baisser leurs droits (...) à pouvoir être indemnisés ou à avoir une solidarité sociale", a-t-il déclaré.

Le député de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière (La France insoumise) a quant à lui dénoncé sur CNEWS des "méthodes de voyou" et estimé que toutes les annonces du gouvernement visaient "à raboter les aides sociales, à supprimer de la solidarité".

Faisant le parallèle avec la baisse des APL (aides personnalisées au logement) annoncées l'été dernier et votée dans le cadre du budget 2018, la porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, a estimé qu'il s'agissait de "cynisme pur et simple de la part du gouvernement".

UN BALLON D'ESSAI ?

Mais la grogne n'est pas restée circonscrite à l'opposition et la députée du Pas-de-Calais Brigitte Bourguignon, ex-socialiste et figure de l'aile "sociale" de La République en Marche, a fait valoir ses réserves sur France info.

"C'est une mauvaise idée, c'est une idée de Bercy et nous ne sommes pas là pour traduire uniquement les idées de Bercy", a-t-elle dit en ajoutant espérer qu'il s'agit seulement d'un "ballon d'essai".

"Je ne suis pas là pour accréditer l'idée que le président de la République est le président des riches et c'est par ce genre de propos qu'on pourrait encore l'accréditer davantage", a-t-elle déploré.

"C'est certainement pas là qu'il faut chercher des économies et c'est certainement pas le moment", alors que "la représentation nationale travaille sur le volet social du projet présidentiel", a ajouté Brigitte Bourguignon.

La commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, qu'elle préside, doit en effet procéder cette semaine à une série d'auditions sur le projet de loi réformant la formation professionnelle, l'assurance chômage et l'apprentissage.

"Qu'il faille réformer certains dispositifs qui ne sont pas efficients, tout le monde est d'accord (mais) on ne commence pas par en parler dans une logique comptable", a-t-elle déclaré.

Bruno Le Maire a déclaré dimanche lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Les Echos-CNEWS qu'une réduction de la politique sociale sur l'emploi pourrait être "légitime" sous réserve de réussir "à créer des emplois dans le secteur privé (et) à trouver des emplois pour chacun".

"On ne passe pas le rabot ici ou là, on ne coupe pas à la hache dans des dépenses qui peuvent être utiles, on invente un nouveau modèle économique et social qui traite les inégalités à la racine", a insisté le ministre de l'Economie et des Finances en rappelant que le champ social devrait être mis à contribution dans le cadre de l'effort de réduction des dépenses publiques.

Pour l'heure, Bruno Le Maire n'a pas détaillé quelles seraient les aides visées mais le gouvernement a précisé dans le programme de stabilité transmis à la Commission européenne mi-avril qu'il comptait poursuivre la réduction des enveloppes des contrats aidés.

(Myriam Rivet, édité par Jean-Stéphane Brosse)