Le gouvernement condamne la charge anti-IVG d'une autorité médicale

reuters.com  |   |  429  mots

PARIS (Reuters) - La gouvernement français a "fermement" condamné mercredi les propos anti-IVG du président du syndicat national des gynécologues-obstétriciens et promis de "ne relâcher aucun effort" pour le maintien d'un droit à l'avortement "trop souvent menacé".

Dans un reportage diffusé mardi soir dans l'émission Quotidien sur TMC, le docteur Bertrand de Rochambeau évoquait son refus de pratiquer des avortements, expliquant que les médecins n'étaient "pas là pour retirer des vies". Il estimait en outre que la pratique de l'IVG était assimilable à un homicide.

Ces propos ont suscité un tollé dans les rangs des associations de défense des droits des femmes et au sein du gouvernement.

"L'IVG doit être un droit réel, que chaque femme doit pouvoir exercer en toute liberté", ont réagi dans un communiqué commun la ministre de la Santé Agnès Buzyn et la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité Marlène Schiappa, qui ont condamné "fermement" les propos tenus. "Cela fait maintenant plus de 40 ans que ce droit leur est acquis. Rien ni personne ne doit l'entraver".

"Si les médecins ont effectivement le droit de refuser de pratiquer un IVG, ils ont, en revanche, l'obligation d'orienter la patiente vers un autre praticien ou une structure qui répondront à sa demande", ont noté la ministre et la secrétaire d'Etat, qui soulignent par ailleurs l'existence d'un "délit d'entrave" pour les actions empêchant l'accès à l'information sur l'IVG et aux établissements qui la pratiquent.

Pour l'ordre des sages femmes, les propos de Bertrand de Rochambeau sont le signe que le droit à l'IVG, "essentiel à l'autonomie et à l'émancipation des femmes, demeure menacé" et "révèlent que les débats autour de l'IVG sont encore vifs et que cet acte est loin d'être normalisé".

"Scandaleux!", a pour sa part dénoncé sur Twitter la coprésidente du Planning familial, Véronique Séhier. "La clause de conscience sur l'IVG , c'est une entrave aux droits des femmes et à leur santé, et un vrai danger à terme pour ce droit fondamental".

Cette clause octroie aux médecins "le droit de refuser la réalisation d'un acte médical pourtant autorisé par la loi mais qu'il estimerait contraire à ses propres convictions personnelles, professionnelles ou éthiques".

Vendredi dernier, Marlène Schiappa avait annoncé la reprise des IVG à l'hôpital du Bailleul, dans la Sarthe, après neuf mois de suspension liés au départ à la retraite du médecin qui les pratiquait et du refus de trois praticiens de les assurer.

(Julie Carriat, édité par Marine Pennetier)