Agressions sexuelles : L'Eglise allemande se dit "honteuse"

reuters.com  |   |  383  mots
Agressions sexuelles: l'eglise allemande se dit honteuse[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

BERLIN (Reuters) - L'Eglise catholique allemande a reconnu mercredi avec "honte" que des centaines de prêtres et de religieux avaient commis des agressions sexuelles contre des mineurs, en majorité des garçons, entre 1946 et 2014 en Allemagne.

Selon une enquête menée pendant plus de trois ans par des universitaires à la demande de la conférence des évêques d'Allemagne, et dont le magazine Der Spiegel s'est procuré un exemplaire, 1.670 membres de l'Eglise ont agressé sexuellement 3.677 mineurs pendant ces soixante-huit années.

Parlant au nom de la conférence nationale, l'évêque de Trêves, Stephan Ackermann, a déclaré que l'Eglise était consciente de l'ampleur de ces crimes. "Nous sommes accablés et honteux", a-t-il précisé dans un communiqué.

Selon Der Spiegel, l'étude, qui porte sur plus de 38.000 dossiers étudiés dans 27 diocèses, montre que plus de la moitié des victimes était âgées de 13 ans ou moins.

Un sixième des cas environ concerne des viols. Les trois quarts des victimes ont été agressées dans une église ou à l'occasion d'une rencontre avec leur agresseur dans le cadre d'activités pastorales.

Dans de nombreux cas, des preuves ont été détruites ou manipulées, ajoute le document.

Seulement un tiers des religieux mis en cause ont été poursuivis canoniquement et les sanctions qui les ont frappés ont été des plus minimes. Quatre pour cent d'entre eux sont toujours en fonction.

La conférence des évêques d'Allemagne doit officiellement présenter courant septembre les conclusions de cette étude.

Mgr Ackermann a regretté la "fuite" dont a bénéficié Der Spiegel mais s'est dit convaincu de la rigueur des enquêteurs qui ont mené selon lui un travail approfondi.

L'étude, ajoute le magazine allemand, demande à l'Eglise de reconsidérer son refus de consacrer des homosexuels et estime que le célibat imposé aux prêtres peut être vu comme "un facteur de risque potentiel".

Le pape François réunira les présidents des conférences épiscopales du monde entier du 21 au 24 février prochain au Vatican pour étudier les moyens de protéger les enfants et les adultes vulnérables contre les agressions sexuelles, a annoncé mercredi le service de presse du Saint-Siège.

(Riham Alkousaa; Guy Kerivel pour le service français)