Un an après la Sorbonne, le plan Macron progresse dans la douleur

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(Crédits : Yves Herman)

PARIS (Reuters) - Depuis l'appel d'Emmanuel Macron à refonder l'Europe il y a un an, nombre de ses propositions ont avancé mais l'aggravation des divisions sur le continent et la fragilisation de certains alliés freinent et menacent les ambitions du président français.

Après des élections allemandes et italiennes pénalisantes pour ses projets de réforme, les européennes détermineront en mai leur avenir : accélération, lente progression ou agonie.

"Oui, le contexte est difficile et oui, les évolutions politiques n'ont pas rendu les choses plus faciles", déclare un conseiller du chef de l'Etat. Mais réformer est une obligation "parce que si les pro-européens se contentent d'attendre et de se disperser ils seront balayés", ajoute-t-il.

Pour contrer les "nationalistes" dont il anticipe une poussée lors des européennes, Emmanuel Macron veut constituer une alliance "progressiste" autour de valeurs et de quelques propositions s'inspirant de son discours de la Sorbonne.

Sur les 49 propositions qu'il a faites le 26 septembre 2017, 22 sont finalisées ou en passe de l'être, assure l'Elysée, 18 doivent faire l'objet de travaux et d'étapes supplémentaires et neuf "restent en préparation".

Sécurité, défense, migrations, développement, numérique, transition écologique, zone euro, "ces propositions ont permis depuis un an des avancées majeures dans tous les domaines essentiels de la souveraineté européenne", a déclaré lundi la ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, dans une communication au conseil des ministres.

"INSISTANCE PERMANENTE"

Dans le domaine de la défense par exemple, un fonds dédié, la coopération structurée permanente et l'initiative européenne d'intervention ont été conçus. Dans le champ social, Emmanuel Macron a obtenu le durcissement des règles du travail détaché.

Parmi les avancées, l'exécutif cite également notamment la lutte contre les messages incitant au terrorisme, le contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, la création d'universités européennes, d'une force de protection civile et d'une agence pour l'innovation de rupture.

Quant à l'approfondissement de la zone euro, plusieurs propositions d'Emmanuel Macron figurent dans l'accord franco-allemand signé en juin à Meseberg, dont un futur budget de la zone euro, longtemps vu comme impossible à obtenir de Berlin.

"Il ne faut pas que l'élan retombe, l'Europe ne fonctionne que par alimentation permanente (...) et insistance permanente, à la façon dont on fait du vélo", poursuit le conseiller.

"Si l'on ne fait pas avancer les propositions franco-allemandes de Meseberg sur la zone euro d'ici la fin de l'année et les élections européennes, il est clair qu'on perd plusieurs mois, au moins un an sans doute", ajoute-t-il, en citant au même titre la volonté d'augmenter la fiscalité des géants du numérique.

La France espère ainsi un accord des 19 membres de la zone euro en décembre sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), l'union bancaire et le budget de la zone euro.

BEAUCOUP RESTE À FAIRE

Face à ces pas en avant, la crise politique qui a embrasé l'Europe ces derniers mois sur l'accueil des migrants illustre un échec sur ce sujet d'Emmanuel Macron et de tous les partisans d'une solution européenne.

Au Conseil européen de juin, le président français avait avec quelques partenaires obtenu un accord des Vingt-huit sur une politique commune. Mais plusieurs de ces idées restent au point mort, notamment les "centres contrôlés" pour les migrants.

Lors du sommet européen la semaine dernière, il a plaidé pour la constitution d'un groupe de pays prêts à accueillir les réfugiés secourus en Méditerranée pour dépasser les solutions trouvées dans l'urgence depuis la fermeture des ports italiens - et à nouveau ce mardi avec l'Aquarius.

"Il reste encore beaucoup à faire", a déclaré lundi Nathalie Loiseau. "Le gouvernement poursuivra, avec détermination, son travail de conviction pour une complète mise en oeuvre de l'agenda de la Sorbonne."

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)