Pernod Ricard débute son exercice sur les chapeaux de roue

reuters.com  |   |  625  mots
Pernod ricard decolle en chine et en inde au 1er trimestre 2018-2019[reuters.com]
(Crédits : Christian Hartmann)

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Pernod Ricard a vu sa croissance organique décoller au premier trimestre de son exercice décalé en raison d'une envolée de ses ventes de cognac Martell en Chine et de ses whiskies locaux indiens, liée surtout à des facteurs techniques.

A taux de changes et périmètre constants, la croissance du numéro deux mondial des spiritueux s'est élevée à 10,4%, dépassant largement les 7,4% attendus par les analystes, après une progression de 5% au trimestre précédent.

En Chine, où il réalise 10% de ses ventes, soit son deuxième marché derrière les Etats-Unis, les ventes ont grimpé de 27% tandis qu'en Inde, son troisième marché, elles se sont envolées de 34%.

Le groupe a toutefois précisé que les tendances allaient se normaliser dans le courant de l'année, avec un retour à des progressions plus modérées en Asie.

A la Bourse de Paris, le titre Pernod Ricard prend 0,89% vers 11h05 dans un marché en hausse de 0,19%.

Alors que le secteur du luxe s'inquiète d'un possible ralentissement en Chine en raison de l'impact de la guerre commerciale sino-américaine et de la baisse du yuan et de la Bourse de Shanghai, Alexandre Ricard, PDG du groupe, a déclaré à Reuters ne percevoir, à ce stade, aucun ralentissement des tendances de consommation dans le pays.

Pernod Ricard, qui avait dit s'attendre à un très robuste premier trimestre, a profité du calendrier des fêtes de la Lune ("mid-autumn festival") en Chine, plus précoces cette année, et de la constitution de stocks de cognac en prévision d'un Nouvel An chinois lui aussi avancé par rapport à l'exercice précédent.

En dehors de ces effets techniques, la tendance "reste bonne pour Martell", a précisé Alexandre Ricard pour qui les ventes de cognac en Chine devraient se normaliser mais rester "à deux chiffres" sur l'ensemble de l'exercice.

Martell, numéro un du cognac en Chine devant Hennessy (groupe LVMH), compte pour 80% du chiffre d'affaires de Pernod Ricard dans le pays.

LES SAVEURS DOUCES DE JAMESON CONTINUENT DE SÉDUIRE

En Inde, le groupe a profité d'une base de comparaison favorable, sa croissance étant tombée à 2% il y a un an après de nouvelles taxes et réglementations sur la vente d'alcool.

En juin dernier, Alexandre Ricard avait déclaré à Reuters que le groupe était bien armé pour dégager une solide croissance organique à moyen terme en Asie, évoquant une progression oscillant autour de 10% en Chine et un peu supérieure à ce rythme en Inde.

Aux Etats-Unis, la progression des ventes a été limitée à 2%, les distributeurs californiens ayant massivement stocké il y a un an avant des hausses de tarifs sur Jameson. Mais le groupe a précisé que les tendances sous-jacentes restaient proches de celles du marché, en hausse d'environ 4%.

Le whisky irlandais, dont les saveurs douces s'accordent bien à la mode des cocktails et séduisent la clientèle féminine, continue d'afficher une croissance à deux chiffres outre-Atlantique, compensant en partie un nouveau recul (-5%) de la vodka Absolut.

En Europe, les ventes ont grappillé 1%, pénalisées par un recul de 4% en France où le marché reste difficile.

Le groupe a confirmé viser une croissance organique de son résultat opérationnel courant comprise entre 5% et 7% pour l'exercice et précisé que l'impact de change serait "légèrement négatif", évalué à ce stade à moins de 10 millions d'euros.

En données publiées, les ventes ont progressé de 7,2% à 2,39 milliards d'euros, un chiffre supérieur au consensus de 2,32 milliards d'Inquiry Financial pour Reuters.

Les chiffres de Rémy Cointreau, propriétaire du cognac Rémy Martin, sont attendus vendredi.

(Pascale Denis et Dominique Vidalon, édité par Cyril Altmeyer et Bertrand Boucey)