La communicante de LFI Sophia Chikirou entendue par la police

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - L'ancienne conseillère de Jean-Luc Mélenchon Sophia Chikirou va être entendue ce vendredi par les policiers anticorruption, au lendemain de l'audition du chef de file de La France insoumise, a-t-on appris auprès de son avocat.

L'ancien candidat à la présidentielle a été entendu jeudi pendant cinq heures à Nanterre, près de Paris, dans le cadre des enquêtes ouvertes par le parquet sur les activités des assistants parlementaires européens de LFI et les comptes de la campagne présidentielle.

Vendredi, l'ancienne directrice de la communication de sa campagne présidentielle, Sophie Chikirou, qui a également fondé la web-télévision de gauche "Le Média" avant de la quitter à l'été, devait à son tour s'exprimer devant les enquêteurs.

Sa société Mediascop a été citée en mai par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui avait indiqué que le prix facturé pour onze prestations présentait "des écarts significatifs", évalués à plus de 35.000 euros au total, avec la grille tarifaire de cette société de communication.

"Nous répondrons aux questions. Nous n'avons rien à cacher. Nous sommes sereins car toutes les accusations sont fausses, basées sur des chiffres au mieux mal compris, au pire tronqués voire manipulés et cela ne pourra que devenir rapidement une évidence", a dit à Reuters son avocat, maître David Marais.

"C'est d'ailleurs pour cela que nous avons porté plainte en septembre contre monsieur de Chalvron (l'un des deux rapporteurs chargés d'examiner les comptes de campagne LFI, ndlr) pour dénonciation calomnieuse", a déclaré David Marais.

L'avocat de Jean-Luc Mélenchon, Mathieu Davy, a abondé dans le même sens vendredi.

"Il n'y a pas de surfacturation de notre côté, tout est justifié, tout est très clair et validé par la commission des comptes de campagne", a-t-il dit à Reuters.

DES "MANOEUVRES DÉLIBÉRÉES"

Dans une lettre à Anticor datée du 18 septembre, obtenue par Reuters, le procureur de Paris François Molins motive le classement sans suite de la plainte déposée par l'association anticorruption visant les comptes de campagne d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon.

Il y détaille les raisons de l'ouverture d'une enquête préliminaire pour soupçons de surfacturation visant Jean-Luc Mélenchon, déclenchée par le signalement de la CNCCFP.

La commission a validé un total de 10.606.340 euros et a rejeté quelque 435.000 euros de dépenses et de recettes des comptes du candidat en décembre 2017.

"Sur le fondement de ce signalement du 16 mars 2018 et au motif que les surfacturations dénoncées tendent à faire sérieusement suspecter l'existence de manoeuvres délibérées destinées à tromper l'organe de contrôle aux fins d'obtenir des remboursements sans cause, j'ai fait diligenter une enquête préliminaire qui est toujours en cours", écrit François Molins.

Selon Radio France, Sophia Chikirou a facturé "pour près de 1,2 million d'euros de prestations, soit 11% du budget total de la campagne" par le biais de son agence de communication.

Sophia Chikirou aurait valorisé son propre "travail à près de 120.000 euros sur les factures de Mediascop, soit 15.000 euros mensuels en moyenne pour huit mois de campagne" et facturé 200 euros la minute le "sous-titrage de vidéos publiées sur le compte Facebook du candidat".

(Emmanuel Jarry et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)