Berlin investit dans les batteries, où l'Asie domine

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Berlin investit dans les batteries[reuters.com]
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

par Michael Nienaber

BERLIN (Reuters) - L'Allemagne a affecté un milliard d'euros au soutien d'un consortium qui cherche à produire des batteries pour véhicules électriques et prévoit de financer un centre de recherche pour cette prochaine génération d'accumulateurs électriques, a appris Reuters de trois sources.

Ces mesures devraient être annoncées la semaine prochaine par le ministre de l'Economie Peter Altmaier lors d'une conférence à Berlin prévue les 12 et 13 novembre.

Elles visent à réduire la dépendance de constructeurs automobiles allemands aux fabricants asiatiques de batteries électriques et à protéger l'emploi en Allemagne du fait de l'évolution du marché automobile vers les voitures à zéro émissions.

Berlin s'écarte ainsi de sa politique de "non ingérence" dans la vie des entreprises.

Son initiative s'inscrit en revanche dans les efforts déployés au niveau européen pour favoriser l'émergence d'un "Airbus des batteries", c'est-à-dire une industrie des batteries électriques en mesure de concurrencer les entreprises chinoises, japonaises et coréennes qui dominent le secteur.

La Commission européenne a lancé en 2017 sa propre Alliance européenne des batteries, mais le suédois Northvolt est considéré comme le seul concurrent européen sérieux à avoir émergé jusqu'à présent.

Pour l'Allemagne, où - comme en France - l'automobile est particulièrement importante dans le tissu industriel, le temps presse. Les leaders asiatiques du marché des batteries renforcent leur production et certains experts estiment qu'il existe un risque de surabondance de l'offre qui pourrait empêcher d'assurer aux nouveaux venus européens d'une production à grande échelle, gage de leur pérennité.

Le cabinet Boston Consulting Group (BCG), par exemple, a estimé que la capacité mondiale de production d'accumulateurs de batteries dépassera la demande de 40% en 2021, ce qui exercera une énorme pression sur les prix.

MONTRER QUE LE GOUVERNEMENT AGIT

Pour la coalition de la chancelière Angela Merkel, ce plan batteries est aussi une façon de montrer aux électeurs avant trois scrutins l'an prochain dans l'est du pays, qu'il agit pour que la première économie d'Europe prospère dans l'ère des voitures à moteurs électriques comme elle l'a fait dans celle des moteurs thermiques.

"Nous avons une concentration de risques dans le secteur automobile. L'industrie est trop dépendante du moteur à combustion", a déclaré à Reuters le ministre délégué à l'Economie Christian Hirte. "Le gouvernement veut donc aider le secteur dans ses efforts de diversification."

Berlin, a-t-il ajouté, est en discussions avec plusieurs entreprises et d'autres gouvernements en Europe pour apporter son soutien à la construction d'une usine de batteries.

"Il existe par exemple des possibilités dans la Lusace, peut-être en coopération avec la Pologne", a-t-il dit.

La Lusace est une région qui s'étend dans le nord-est de l'Allemagne et le sud-ouest de la Pologne.

Parmi les entreprises qui participent aux discussions avec le ministère figurent le fabricant de piles VARTA Microbattery, le groupe de chimie BASF et la filiale allemande de Ford, Ford-Werke GmbH, ont dit à Reuters trois sources au fait du dossier.

Une porte-parole de BASF a déclaré que le groupe se joindrait à une réunion avec le ministre de l'Economie Peter Altmaier la semaine prochaine. Varta et Ford se sont refusés à tout commentaire.

Le conseil de surveillance de Volkswagen examinera la stratégie du groupe dans les véhicules et les batteries électriques le 16 novembre. Le constructeur allemand a déclaré dans le passé qu'il étudiait la possibilité de produire des accumulateurs dans son usine de Salzgitter.

Une source a dit jeudi à Reuters que le conseil de VW discuterait d'une alliance avec le fabricant sud-coréen de batteries SK Innovation.

(Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)