Vers un atterrissage en douceur de l'économie mondiale, selon l'OCDE

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Vers un atterrissage en douceur de l'economie mondiale, selon l'ocde[reuters.com]
(Crédits : China Stringer Network)

PARIS (Reuters) - L'économie mondiale ralentit sur fond de tensions commerciales et de remontée générale des taux d'intérêt et paraît prête pour un atterrissage en douceur, un exercice qui nécessitera une attitude coopérative des gouvernements pour être bien négocié, estime l'OCDE.

Dans ses perspectives économiques d'automne publiées mercredi, l'Organisation de coopération et de développement économiques anticipe toujours une croissance mondiale à 3,7% cette année mais ne table plus que sur 3,5% en 2019, soit 0,2 point de moins qu'elle ne l'attendait en septembre, et la voit se stabiliser à ce rythme en 2020.

"On revient vers la tendance de long terme", a déclaré Laurence Boone, chef économiste de l'OCDE, "on ne prévoit pas de ralentissement plus prononcé. En revanche, il y a beaucoup de risques".

Elle ajoute qu'un atterrissage en douceur est toujours difficile à négocier et que l'exercice sera compliqué par les tensions commerciales mais aussi par le rééquilibrage en cours des flux de capitaux des économies émergentes vers les pays qui normalisent leur politique monétaire, en commençant par les Etats-Unis.

L'offensive de l'administration américaine sur les tarifs douaniers a déjà un impact sur le commerce mondial, dont l'OCDE voit la croissance annuelle passer sous 4,0% sur 2018-2020 alors qu'elle avait été de 5,2% en 2017.

Laurence Boone estime que la guerre commerciale impacte déjà négativement de 0,1 à 0,2 point le PIB mondial et que celui-ci pourrait être amputé de 0,8 point à l'horizon 2021 en cas d'escalade, avec toutes les incertitudes qu'elle créerait.

A court terme, l'économie américaine s'en tire plutôt bien par rapport aux autres pays développés grâce au soutien de la politique de relance budgétaire mise en place par l'administration Trump.

L'OCDE ne change rien à ses prévisions sur le PIB des Etats-Unis, qu'elle voit toujours progresser de 2,9% cette année et 2,7% l'an prochain. Mais il tomberait à 2,1% en 2020, l'effet des baisses d'impôt commençant à se dissiper et celui des tensions commerciales persistant.

RÉTABLIR LA CONFIANCE

S'agissant de la Chine, l'organisation anticipe un ralentissement de 6,6% en 2018 à 6,0% en 2020, ce qui constituerait un plus bas depuis 30 ans pour une économie très exposée à une escalade des tensions commerciales.

Pour la zone euro, elle revoit en baisse de 0,1 point ses anticipations pour 2018 (1,9%) comme pour 2019 (1,8%), ce ralentissement s'accentuant sur 2020 (1,6%).

La plus forte révision porte sur l'Allemagne, dont la croissance reviendrait à 1,6% cette année comme l'an prochain - soit 0,3 et 0,2 point de moins que prévu précédemment et le même rythme que celui attendu pour la France -, et tomberait à 1,4% en 2020.

L'OCDE est également moins optimiste pour l'Italie, avec un PIB revu en baisse de 0,2 point pour 2018 et 2019, à respectivement 1,0% puis 0,9%, estimant que les effets de la politique budgétaire expansionniste du gouvernement seront contrebalancés par un regain d'inflation et un ralentissement de la croissance de l'emploi.

Pour le Royaume-Uni, elle confirme prévoir 1,3% de croissance pour 2018, relève sa prévision 2019 à 1,4% (+0,2 point), mais table sur un ralentissement à 1,1% en 2020 et ce "dans l'hypothèse où la sortie de l'Union européenne se ferait sans heurts".

Le ralentissement de la croissance mondiale "est le reflet de la transition vers des politiques macroéconomiques moins accommodantes (...) et des effets toujours négatifs des tensions commerciales, du durcissement des conditions financières et de la hausse des prix du pétrole", souligne l'OCDE.

Dans ce contexte, l'organisation presse les responsables politiques de "rétablir la confiance dans les institutions internationales et dans le dialogue entre tous les pays, notamment pour apporter une solution coopérative aux discussions sur les échanges commerciaux."

"L'adoption de mesures concrètes au niveau du G20 serait aussi un signal positif, démontrant que les pays peuvent agir de manière coordonnée et concertée si la croissance devait ralentir plus nettement que prévu", souligne-t-elle.

(Leigh Thomas et Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)