Renault recherche "la meilleure solution" pour sa gouvernance

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(Crédits : Vincent Kessler)

PARIS (Reuters) - Renault a confirmé jeudi travailler sur une nouvelle gouvernance après l'appel de l'Etat français à une réunion du conseil d'administration pour décider de la succession au PDG Carlos Ghosn, toujours en détention au Japon.

Déjà évincé de la présidence de Nissan après son arrestation le 19 novembre liée à des soupçons de malversations financières, Carlos Ghosn a vu sa récente demande de libération sous caution rejetée par un tribunal de Tokyo.

"Philipe Lagayette, administrateur référent de Renault, et Patrick Thomas, président du comité des nominations et de la gouvernance, confirment que les organes de gouvernance de Renault travaillent activement à la recherche de la meilleure solution pour la gouvernance future du groupe, avec le souci de défendre les intérêts de l'entreprise et de conforter l'Alliance Renault Nissan", a déclaré Renault dans un communiqué.

"Le conseil d'administration prendra les décisions qui s'imposent dès que les éléments nécessaires seront réunis", a-t-il ajouté.

En raison de la prolongation de la détention de Carlos Ghosn, le gouvernement français a déclaré mercredi avoir lancé le processus de succession à la tête de Renault, confirmant une information dévoilée la veille par Reuters.

L'Etat français, principal actionnaire du constructeur automobile, a demandé que le conseil d'administration de Renault soit convoqué "dans les prochains jours" afin de "désigne(r) une nouvelle gouvernance pérenne pour Renault", a déclaré mercredi Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances.

Plusieurs sources ont indiqué que le comité des nominations pourrait se réunir dès ce week-end, réunion suivie par une session du conseil dans son entier.

Elles ont aussi évoqué l'arrivée probable de Jean-Dominique Senard, président de Michelin, pour succéder à Carlos Ghosn au poste de président de Renault.

Une source impliquée dans les discussions a ajouté que l'Etat français et ses conseillers étudiaient des candidats pour le poste de directeur général, actuellement occupé sur une base intérimaire par le directeur général adjoint Thierry Bolloré. Parmi les personnes pressenties figurent, outre Thierry Bolloré, Didier Leroy, vice-président exécutif de Toyota, et un autre manager.

Une autre source a indiqué que Jean-Dominique Senard pourrait ausi reprendre l'ensemble des fonctions de PDG.

MISSION FRANÇAISE AU JAPON

La CFE-CGC, principal syndicat de Renault, a déclaré jeudi soutenir la suppression des fonctions de Carlos Ghosn de la présidence du conseil et de la direction générale du groupe, les derniers développements judiciaires impliquant qu'il sera "en incapacité d'oeuvrer pour les mois à venir".

"Il nous apparait donc maintenant nécessaire et urgent de nommer un président et un directeur général, voire un PDG, afin que les intérêts de toutes les parties prenantes - dont principalement les salariés - soient préservés et développés au sein de notre groupe", a dit la CFE-CGC dans un communiqué.

Le quotidien japonais Nikkei a rapporté jeudi que des représentants de Renault et de l'Etat français devaient rencontrer ce même jour au Japon le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa.

La délégation française souhaite obtenir des explications de la part de Nissan concernant sa gouvernance à la suite de l'arrestation de Carlos Ghosn, ajoute le quotidien nippon, sans citer de sources.

Une source a dit à Reuters qu'Emmanuel Moulin, directeur de cabinet de Bruno Le Maire, et Martin Vial, commissaire aux participations de l'Etat et administrateur de Renault, devaient discuter aussi des candidats potentiels pour succéder à Carlos Ghosn à la tête du groupe au losange.

Le gouvernement français a refusé de commenter le programme de la délégation. Nissan n'était pas joignable dans l'immédiat.

Incarcéré depuis bientôt deux mois au Japon, l'ancien président de Nissan, qui est toujours officiellement PDG de Renault, a été inculpé de trois chefs d'accusation pour avoir minoré ses revenus et transféré provisoirement au constructeur japonais des pertes sur des investissements personnels.

Carlos Ghosn nie les accusations portées à son encontre. Ses avocats ont annoncé qu'ils allaient déposer vendredi un nouveau recours auprès de la justice japonaise pour tenter d'obtenir la libération sous caution de leur client, une demande rejetée mardi le tribunal de district de Tokyo.

(Bertrand Boucey et Claude Chendjou pour le service français, avec Naomi Tajitsu à Tokyo et Laurence Frost et Gilles Guillaume à Paris, édité par Jean-Michel Bélot)