Brexit : La reine Elizabeth suggère aux députés de s'entendre

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Brexit: la reine elizabeth suggere aux deputes de s'entendre[reuters.com]
(Crédits : Hannah Mckay)

par Guy Faulconbridge et Kate Holton

LONDRES (Reuters) - La reine Elizabeth II d'Angleterre a adressé un conseil aux députés britanniques, leur suggérant dans un message allusif d'en finir avec leurs dissensions et les appelant à trouver un terrain d'entente sur la question du Brexit.

Sans jamais mentionner explicitement le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, la souveraine âgée de 92 ans a laissé peu de place au doute sur le contenu de ses propos, prononcés lors de son discours annuel devant le Women's Institute de Norfolk.

"Alors que nous cherchons de nouvelles réponses à l'ère moderne, je préfère personnellement les recettes connues et éprouvées comme le dialogue cordial et le respect des points de vue divergents, afin de s'entendre pour trouver un terrain commun et ne jamais perdre de vue la perspective d'ensemble", a dit la reine.

Bien que ses paroles soient empreintes d'une formalité liée à sa fonction, Elizabeth II n'a guère laissé de place à l'ambiguïté dans le contexte politique actuel du Royaume-Uni.

Alors que les parlementaires britanniques ne parviennent pas à s'entendre sur un accord de Brexit, cette déclaration résonne clairement comme un appel à mettre fin à leurs disputes sur ce sujet.

Le palais de Buckingham a refusé de commenter les déclarations de la souveraine laissant cette tâche à la presse britannique.

"Cessez la querelle du Brexit, dit la reine aux politiques en conflit", titre le Times vendredi matin.

En tant que chef de l'Etat, la reine Elizabeth observe en public une position de neutralité sur les questions politiques et ne dispose pas du droit de vote.

Malgré tout, quand elle le juge nécessaire, elle parvient à exprimer à mots couverts son avis comme elle l'avait fait en 2014 en appelant les Ecossais à bien réfléchir à la question de leur avenir avant le référendum sur leur indépendance.

HAMMOND ADRESSE UNE MISE EN GARDE

L'issue du Brexit demeure imprévisible après le net rejet par la Chambre des communes du projet d'accord présenté par Theresa May et conclu entre les Européens et les négociateurs britanniques.

En théorie, le Royaume-Uni doit sortir du bloc communautaire le 29 mars avec ou sans accord sur les futures relations entre Londres et Bruxelles.

La Première ministre Theresa May, qui a renoncé à présenter un "plan B" aux députés cette semaine, tente de trouver une majorité à Westminster pour éviter un "no deal" qui serait, selon les observateurs, dommageable pour les deux parties.

Selon le quotidien populaire The Sun, le parti nationaliste nord-irlandais DUP, avec lequel le Parti conservateur de May doit compter pour disposer de la majorité absolue aux Communes, serait prêt à soutenir un nouveau projet incluant une clause de sauvegarde (backstop) limitée dans le temps.

Cette clause de sauvegarde a pour objectif d'éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, supprimée depuis les accords de paix de 1998 ayant mis fin à trois décennies de violences meurtrières.

La France et les autres pays de l'UE se préparent au scénario d'un divorce sans accord suivant lequel les futures relations commerciales avec le Royaume-Uni relèveraient seulement de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le ministre britannique des Finances Philip Hammond a estimé vendredi lors du Forum économique mondial à Davos en Suisse que le Royaume-Uni verrait son économie pénalisée par une absence d'accord.

"Il y aura une perturbation très importante à court terme et un coût très important pour notre économie à moyen et à long terme", a-t-il dit sur la radio de la BBC.

Le directeur général de Goldman Sachs, David Solomon, a annoncé que la banque d'affaires réduirait ses investissements au Royaume-Uni en cas de Brexit dur (sans accord) ou difficile.

(Pierre Sérisier pour le service français)