COR-Philippe en visite de soutien dans un Mali toujours fragile

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Bien lire opération Barkhane §2. Edouard Philippe se rend vendredi au Mali pour une visite de deux jours, l'occasion pour le Premier ministre de réaffirmer le soutien de la France à ce pays allié dans un contexte sécuritaire et politique toujours fragile.

Après des entretiens avec le président Ibrahim Boubakar Keïta et le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et une cérémonie de signatures d'accords samedi à Bamako, le chef du gouvernement se rendra dimanche auprès des forces françaises déployées dans le pays dans le cadre de l'opération Barkhane.

"Le message qu'il va porter c'est que la France va rester pleinement solidaire des autorités maliennes dans leur effort de lutte contre le terrorisme", souligne-t-on à Matignon.

La France appuie par ailleurs "pleinement le mouvement de réconciliation nationale lancé par les autorités, il faut qu'elles continuent de s'engager vigoureusement à la fois dans la mise en vigueur de l'accord d'Alger, dans la réconciliation malienne, le dialogue avec l'opposition et le développement des régions du Nord", ajoute-t-on.

Six ans après l'intervention militaire française qui a permis de chasser en grande partie les groupes armés qui menaçaient Bamako et malgré la présence accrue de forces internationales, les autorités maliennes restent confrontées à une menace djihadiste jugée préoccupante.

Cette menace, qui se traduit par des attaques régulières contre les forces locales et internationales, a déstabilisé le centre du Mali, déjà théâtre depuis plusieurs années d'affrontements entre les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture, et les peuls, traditionnellement éleveurs. Selon l'Onu, ces violences ont fait plus de 500 morts civils pour la seule année 2018.

ETAPE AVANT L'ONU AU PRINTEMPS

Sur le plan politique, l'application de l'accord de paix d'Alger de 2015 censé mettre fin au conflit dans le Nord progresse lentement.

"Les choses évoluent plutôt dans le bon sens, le but du déplacement sera d'adresser un message d'encouragement, de reconnaître qu'il y a eu des avancées dans le processus de réconciliation", souligne-t-on.

"Les élections se sont passées dans de bonnes conditions en août dernier, il y a un gouvernement qui a été investi et qui doit conduire l'effort de réconciliation nationale, de développement économique, qui aboutir à la fin du printemps à une nouvelle constitution et conduire dans la foulée à des élections législatives d'ici la fin du mois de juin."

Les entretiens entre Edouard Philippe et les autorités maliennes seront également l'occasion de faire un point d'étape avant les discussions à l'Onu au printemps sur le renouvellement de la mission des Casques bleus au Mali - la Minusma.

L'an dernier, en donnant leur feu vert au renouvellement pour un an de ce mandat, les Nations unies avaient prévenu que cette mission ne resterait "pas pour toujours au Mali" et réclamé des "progrès substantiels sur le processus de paix".

"Les autorités maliennes vont être obligées de montrer la réalité des efforts consentis - effort de réconciliation nationale, réintégration de milliers de combattants dans l'armée, retour de l'administration dans certaines zones au centre, pacification au Nord", indique-t-on à Paris.

Edouard Philippe abordera également la question "cruciale" de l'aide au développement - la France est actuellement le premier bailleur bilatéral du Mali.

Au total, 31 projets de l'Agence française de développement (AFD) sont conduits au Mali et de nouvelles signatures de conventions pour "quelques dizaines de millions d'euros", portant sur des projets "bénéficiant en priorité à la population", devraient être signées ce week-end, selon Matignon.

L'actualité française s'invitera dans ce déplacement lors de la rencontre avec la communauté française samedi à Bamako, où le Premier ministre recevra la liste de préoccupations évoquées lors d'un échange au Mali dans le cadre du "grand débat national" organisé en réponse à la crise des "Gilets jaunes".

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)