Regain de mobilisation et tensions pour l'acte XV des Gilets jaunes

reuters.com  |   |  987  mots
Acte xv des gilets jaunes, interpellations a clermont-ferrand[reuters.com]
(Crédits : Denis Balibouse)

PARIS (Reuters) - L'"acte XV" du mouvement des "Gilets jaunes" a été marqué samedi par des heurts, notamment à Clermont-Ferrand et Rennes, et une mobilisation en hausse par rapport à la semaine dernière, avec quelque 46.600 manifestants dont 5.800 à Paris.

La précédente action des "Gilets jaunes" avait réuni 41.500 manifestants dont 5.000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur.

Dix-huit personnes ont été interpellées à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) où un appel à un "acte XV" régional du mouvement a été suivi par quelque 2.500 manifestants ; le même nombre de personnes a été interpellé à Rennes, a-t-on appris auprès des autorités.

A Paris, vingt-huit personnes ont été arrêtées dans une manifestation majoritairement calme, en dépit de heurts lors de sa dispersion. Deux manifestants ont été blessés.

"Les exactions commises en marge des rassemblements de Clermont-Ferrand, Rouen, Montpellier... sont intolérables", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur Twitter, saluant "l'action de nos forces de l'ordre, intervenues avec sang-froid et détermination alors même qu'elles étaient violemment prises à partie".

Un dispositif policier exceptionnel avait été mis en place à Clermont-Ferrand en prévision de la manifestation (devantures protégées, mobilier urbain démonté) et des contrôles ont été faits dès la matinée.

Parmi les dix-huit personnes interpellées dans ce cadre, quinze ont été placées en garde à vue, a indiqué la préfecture du Puy-de-Dôme dans un communiqué. Des armes dont certaines par destination (boules de pétanque, batte de baseball, pied de biche, pistolet d'alarme, poignée à impulsion électrique, etc.) ont été confisquées.

Plusieurs incidents ont eu lieu aux abords du Palais de justice, des poubelles ont été incendiées, des vitrines dégradées et plusieurs pompiers ont été pris pour cible.

A Paris, deux manifestations (un défilé entre la place Charles de Gaulle et celle du Trocadéro) et trois rassemblements liés au mouvement des "Gilets jaunes" avaient été déclarés auprès des services de la préfecture de police.

Le cortège parisien s'est déplacé dans le calme en début d'après-midi, suivant pour l'essentiel l'itinéraire prévu.

Vingt-huit personnes ont été interpellées et deux manifestants ont été blessés, a fait savoir la préfecture. Elles sont dans une situation d'"urgence relative", précise-t-on.

La dispersion du rassemblement, place du Trocadéro a déclenché des heurts et l'utilisation de gaz lacrymogènes par la police.

Outre le dispositif désormais traditionnel de sécurité autour des institutions (Elysée, ministère de l'Intérieur, Sénat et Assemblée, etc.), les forces de police étaient déployées en nombre aux abords et à l'intérieur du Salon de l'agriculture, où Emmanuel Macron s'est offert un bain de foule dans une ambiance globalement chaleureuse. [nL5N20I0IZ]

HEURTS À RENNES

A Rennes, où la préfète d'Ille-et-Vilaine avait pris un arrêté d'interdiction de toute manifestation ou rassemblement dans le centre-ville, le cortège a été séparé en deux par les forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, dans une ambiance tendue, émaillée de dégradations, jets de projectiles et de feux de poubelles.

La préfecture recense six blessés légers parmi les forces de l'ordre, au moins deux parmi les manifestants. Des secouristes volontaires font état pour leur part de six manifestants touchés aux jambes par des tirs de flash-balls.

Quinze personnes ont été interpellées dont treize placées en garde à vue, notamment pour des jets de projectile ou pour port d'arme.

Les manifestants, qui étaient environ 2.000 au plus fort de la mobilisation selon la préfecture, ont vu leur nombre diminuer et ont été repoussés vers le sud de la gare. La préfecture y a recensé en fin d'après-midi au moins une centaine de "casseurs" masqués et cagoulés.

TENSIONS EN FIN DE MANIFESTATION

A Lyon, où la mobilisation a diminué, plusieurs centaines de manifestants arpentaient le centre-ville en affrontant régulièrement les forces de l'ordre, ciblées par des jets de pavés et de projectiles. Des casseurs, qui se sont mêlés à la manifestation, ont mis le feu à des poubelles, dégradé du matériel urbain et détruit des vitrines, dont celle d'une agence de la Banque populaire.

Les manifestants ont interrompu la circulation du tramway en incendiant des poubelles sur les rails et bloqué la circulation sur l'autoroute A7, provoquant d'importantes perturbations.

Bordeaux, l'une des villes où le mouvement entraîne chaque semaine une forte mobilisation, a vu quelque 4.000 "Gilets jaunes" manifester d'abord dans le calme dans le centre, selon l'estimation d'un reporter Reuters sur place et de médias locaux.

Peu avant 18h, les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau et gaz lacrymogènes sur des manifestants qui leur jetaient des projectiles devant l'hôtel de Ville, avant de charger pour les repousser dans les rues adjacentes.

Cinq personnes ont été placées en garde à vue "pour jets de projectiles sur les forces de l'ordre, détention de matériel offensif, d'artifices et de munitions", a-t-on appris auprès de la préfecture.

A Marseille, mille personnes ont défilé depuis la Canebière, sans incident, selon la police.

À Toulouse, où plusieurs milliers de personnes ont défilé, les services de l'Etat ont indiqué que le nombre de manifestants avait connu "une baisse sensible par rapport aux semaines précédentes".

La préfecture a fait état de "quelques incidents avec des jets de projectiles et de cocktails molotov en direction des forces de l'ordre ainsi que des tags notamment sur le tribunal de grande instance et des devantures de magasin notamment". Quatre personnes ont été interpellées.

(Julie Carriat, avec Emmanuel Jarry, Pierre-Henri Allain à Rennes, Claude Canellas à Bordeaux, Jean-François Rosnoblet à Marseille, Catherine Lagrange à Lyon et Johanna Decorse à Toulouse, édité par Henri-Pierre André)