Le gouvernement vénézuélien discute avec l'opposition "démocratique"

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Gouvernement venezuelien et opposition en norvege, possible mediation[reuters.com]
(Crédits : Nacho Doce)

par Mayela Armas et Tom Miles

CARACAS/GENEVE (Reuters) - Le gouvernement vénézuélien a engagé en Norvège des discussions avec la "partie démocratique" de l'opposition, celle qui n'a pas le soutien des Etats-Unis, excluant de ce fait Juan Guaido et ses partisans, a déclaré jeudi l'ambassadeur du Venezuela auprès des Nations unies à Genève.

"Oui, il y a des discussions entre le gouvernement bolivarien et les pans démocratiques de l'opposition", a dit à la presse l'ambassadeur Jorge Valero, confirmant une information rapportée de plusieurs sources proches de l'opposition.

"Il y a une opposition qui peut être cataloguée comme démocratique mais il y en a une autre qui n'est qu'une marionnette de l'empire américain", a poursuivi Jorge Valero.

"Je peux confirmer qu'il y a un dialogue mais je ne peux pas en entrer dans les détails", a ajouté le diplomate qui a qualifié Donald Trump de "criminel de guerre".

Selon quatre sources proches de l'opposition, des représentants du gouvernement vénézuélien et de l'opposition se sont rendus en Norvège afin d'évoquer avec des représentants scandinaves une possible médiation, deux semaines après la tentative de soulèvement manquée contre le président en exercice Nicolas Maduro.

Le ministère norvégien des Affaires étrangères a rappelé que sa politique était de ne faire aucun commentaire quant à son rôle éventuel dans de potentiels pourparlers de paix. "La Norvège suit la situation au Venezuela avec une grande préoccupation. Nous encourageons fortement les parties à trouver une solution politique et pacifique afin d'éviter une nouvelle escalade", s'est contentée de noter une porte-parole.

Au siège new-yorkais des Nations unies, Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a déclaré à la presse que l'Onu était "tout à fait informée" de ce qui se passe et qu'elle apportait son "plein soutien" à ce processus.

GUAIDO DÉNONCE UNE "FAUSSE NÉGOCIATION"

Chef de file de l'opposition et président de l'Assemblée nationale, Juan Guaido a dénoncé dans un discours prononcé jeudi une "fausse négociation qui ne mènera pas à la fin de l'usurpation, à un gouvernement de transition et à des élections".

Guaido, défiant l'autorité de Nicolas Maduro dont il conteste la légitimité de la réélection en 2018, s'est autoproclamé en janvier dernier chef d'Etat par intérim. Il est désormais reconnu dans cette fonction par Washington et une cinquantaine d'autres pays. Il a appelé le 30 avril dernier l'armée vénézuélienne à se rebeller contre Maduro, mais sa tentative a échoué.

L'état-major vénézuélien a depuis confirmé son allégeance au dirigeant socialiste, soutenu par la Russie et la Chine notamment.

Des discussions ont déjà eu lieu cette année en vue d'évoquer la création d'un gouvernement de transition excluant Nicolas Maduro mais elles ont été interrompues par les événements du 30 avril, selon ces sources de l'opposition.

Le ministre vénézuélien de l'Information, Jorge Rodriguez, et le gouverneur de l'Etat de Miranda, Hector Rodriguez, membre du Parti socialiste, se sont tous deux rendus à Oslo, ont dit ces sources. Maduro a déclaré mercredi soir dans une allocution télévisée que Jorge Rodriguez "remplissait une mission très importante à l'étranger", sans en dire davantage.

Un parlementaire de l'opposition, Stalin Gonzalez, et deux conseillers politiques - Gerardo Blyde et Fernando Martinez - ont aussi fait le déplacement en Norvège.

D'après l'une des sources, il est prévu que chaque camp s'entretienne séparément avec des diplomates norvégiens.

(avec Corina Pons à Caracas, Glwadys Fouché à Oslo et Michelle Nichols aux Nations unies; Jean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)