Des annonces sur l'environnement jeudi, Macron taxé d'opportunisme

reuters.com  |   |  605  mots

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron réunira jeudi le premier conseil de défense écologique (CDE), suscitant l'accusation d'"opportunisme" de la part d'élus écologistes à trois jours des élections européennes.

"Il y aura des décisions nouvelles sur les domaines à l'ordre du jour : le climat, la biodiversité et la mobilisation des financements", précise la présidence de la République, en soulignant la nécessité d'accélérer la rénovation des bâtiments.

Le conseil sera suivi d'une conférence de presse du Premier ministre, Edouard Philippe, et du ministre de la Transition écologique, François de Rugy. Douze autres membres du gouvernement participeront au conseil "pour s'assurer que ces priorités sont reflétées dans toutes nos politiques publiques".

L'Elysée reconnaît des insuffisances - "on n'en fait pas assez, personne n'en fait assez " - mais souligne que plusieurs études classent la France parmi les pays les plus vertueux.

L'avancée des plans climat et biodiversité et les financements pour la transition énergétique seront examinés jeudi. L'artificialisation des sols, les aires protégées et la Montagne d'or, un projet de mine en Guyane, seront au menu.

Le CDE, dont la création a été annoncée par le chef de l'Etat après le "grand débat national", se réunira à nouveau d'ici mi-juillet puis à un rythme "assez soutenu".

En juin, une convention de 150 citoyens tirés au sort, chargée selon Emmanuel Macron de "redessiner toutes les mesures concrètes d'aide aux citoyens sur la transition climatique", sera constituée. Ses conclusions sont attendues d'ici fin 2019.

"OPPORTUNISME ÉLECTORAL"

"Ça s'appelle de l'opportunisme électoral", a dénoncé mercredi Yannick Jadot, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts aux élections européennes, sur France Inter. "L'écologie ça ne peut pas être qu'un discours face à l'urgence, ça ne peut pas être qu'une promesse, qu'un opportunisme électoral quelques jours avant une élection, l'écologie ça doit être de l'action".

Yannick Jadot, dont la liste est créditée d'environ 7,5% dans les sondages, ne mâche pas ses mots contre l'alliance La République en marche-Mouvement démocrate (LaRem-MoDem), qui a recruté l'ex-ministre Vert Pascal Canfin.

"Ils ne veulent pas sauver le climat, ils ne veulent pas sauver la biodiversité, ils veulent, en période électorale, piquer les voix des écologistes", a-t-il dénoncé mardi sur RTL.

D'autres écologistes ont critiqué "le trop grand écart" entre les promesses du programme de LaRem et les actes.

"Le compte n'y est pas", a dit l'ancien député LaRem Matthieu Orphelin au JDD. "En l'état, je ne peux pas décemment voter pour la liste En Marche", a ajouté ce proche de Nicolas Hulot, l'ex ministre de la Transition écologique qui a claqué la porte en août en dénonçant une politique de "petits pas".

Au-delà de la sphère politique, le conseil de défense écologique suscite prudence et scepticisme chez les ONG.

"Le président annonce la création d'un nouveau comité. Décidément, le temps de l'action climatique, ce n'est pas encore pour aujourd'hui", avait réagi Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, au moment de sa création.

Face aux critiques, les membres du gouvernement mettent en avant les mesures prises depuis le début du quinquennat.

"C'est d'une injustice cataclysmique", estime un ministre. "Le bio dans les cantines, la fermeture effective de Fessenheim, la fin des néonicotinoïdes, du glyphosate, l'arrêt des centrales à charbon, la fin programmée des hydrocarbures, Notre-Dame-des-Landes, tout cela c'est nous !"

(Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey, avec Elizabeth Pineau et Simon Carraud)