MADRID (Reuters) - Les services de sécurité cubains font pression sur des dissidents pour qu'ils s'exilent afin d'affaiblir l'opposition, a déclaré mercredi une organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme.

Dans un rapport publié mercredi, l'ONG Cuban Prisoners Defenders, basée à Madrid, mentionne 35 activistes, journalistes indépendants et artistes qui ont été forcés à quitter l'île communiste au cours des deux dernières années avec interdiction de revenir.

Les services de sécurité de l'Etat les ont menacés de prison ou de sévices corporels s'ils ne quittaient pas le pays et s'en sont pris à leurs familles, ajoute l'ONG, qui entretient des liens avec le plus grand groupe d'opposition cubain, l'Union patriotique de Cuba (UNPACU).

Le gouvernement cubain, qui n'a pas souhaité répondre à ces accusations, accuse les dissidents d'être des mercenaires payés par les Etats-Unis.

"Il est évident que c'est quelque chose qui se produit à une échelle massive et alarmante et qu'il est impératif d'y mettre fin", écrit Cuban Prisoners Defenders dans son rapport, qui comprend des dizaines de témoignages.

Un représentant de Cuban Prisoners Defenders, Javier Larrondo, également membre de l'UNPACU, a souligné que les autorités cubaines incitaient depuis longtemps les dissidents à partir mais que cette pratique était de plus en plus "systématique et agressive", et ce notamment pour réduire le nombre de prisonniers politiques dans les prisons.

D'après un diplomate occidental basé à La Havane, qui a requis l'anonymat, l'Etat tend à faire pression davantage sur des activistes peu connus que sur des personnalités connues, ce qui risquerait de provoquer un tollé international.

(Rédaction de Madrid; Emma Cruz et Henri-Pierre André pour le service français)