L'Iran a tenté de bloquer un pétrolier britannique, dit Londres

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(Crédits : Lisi Niesner)

par William Schomberg

LONDRES (Reuters) - Trois navires de guerre iraniens ont tenté de bloquer mercredi le passage d'un pétrolier britannique par le détroit d'Ormuz, à l'entrée du Golfe, mais ils se sont retirés à la suite d'avertissements lancés par un bâtiment de la Royal Navy présent dans le secteur, a déclaré jeudi le gouvernement britannique.

Londres a exhorté les autorités iraniennes à "favoriser une décrue de la tension dans la région" après ce nouvel incident, qui a visé le pétrolier British Heritage, affrété par BP et battant pavillon de l'île de Man.

"Le HMS Montrose a été contraint de prendre position entre les navires iraniens et le British Heritage, et d'émettre des avertissements par radio aux navires iraniens, qui ont fait demi-tour", a dit le porte-parole du gouvernement à Londres.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, cité par l'agence de presse Fars, a jugé les informations britanniques "sans valeur". Quant au corps d'élite des Gardiens de la Révolution, il a démenti que des navires aient tenté de faire stopper ce pétrolier britannique.

La branche navale des Gardiens a indiqué dans un communiqué que ses patrouilleurs n'avaient rien signalé d'anormal. "Au cours des dernières 24 heures, il n'y a pas eu de rencontre avec des navires étrangers, britanniques ou autres", lit-on dans le communiqué.

Le niveau d'alerte pour les navires britanniques transitant par le détroit d'Ormuz a été relevé à son maximum, a-t-on appris auprès d'un responsable britannique des services de sécurité.

Le Royaume-Uni est déterminé à défendre les intérêts maritimes britanniques dans le Golfe mais n'a aucun intérêt à une escalade, a déclaré cette source.

L'incident intervient moins d'une semaine après que les Royal Marines britanniques ont saisi au large de Gibraltar un supertanker iranien qu'ils soupçonnaient de vouloir acheminer du pétrole en Syrie, en violation des sanctions imposées par l'Union européenne depuis le début du conflit syrien, en 2011.

Téhéran demande depuis lors que le supertanker Grace 1 puisse repartir et a menacé à plusieurs reprises la Grande-Bretagne de représailles.

ALOURDISSEMENT DES SANCTIONS

La police de Gibraltar a annoncé jeudi l'arrestation du capitaine du superpétrolier pour violation des sanctions européennes contre la Syrie. "Les investigations se poursuivent et le Grace 1 continue d'être retenu", a-t-elle dit dans un communiqué, ajoutant que des documents et appareils électroniques avaient été saisis.

Le contre-amiral Ali Fadavi, l'un des commandants des Gardiens de la Révolution, a dit jeudi que le Royaume-Uni et les Etats-Unis regretteraient d'avoir saisi le Grace 1.

"Le gouvernement américain, et aussi l'Angleterre n'auraient pas dû commettre cet acte-là, s'ils avaient réfléchi ne serait-ce qu'un instant", a-t-il déclaré, ajoutant: "Nous avions affrété ce navire et nous transportions sa cargaison. Leur acte est vraiment stupide et il est certain qu'ils le regretteront. Nos mesures de réciprocité seront dévoilées".

Les tensions entre l'Iran d'un côté, et les Etats-Unis et leurs alliés de l'autre, se sont amplifiées depuis que l'administration américaine a accru les sanctions économiques visant l'Iran, notamment dans le but de réduire à néant les exportations iraniennes de pétrole.

Mais pour le général François Lecointre, chef d'état-major des armées françaises, les tensions dans le Golfe ne peuvent, à ce stade, conduire à un "dérapage non contrôlé".

Washington accuse l'Iran d'avoir orchestré des attaques contre des pétroliers dans le golfe d'Oman et le détroit d'Ormuz en mai et en juin. Téhéran rejette ces accusations.

Les Etats-Unis espèrent parvenir sous peu à mobiliser des alliés au sein d'une coalition militaire destinée à assurer la sécurité de navigation dans le golfe arabo-persique, a déclaré mardi un commandant de l'armée.

Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi qu'il comptait "considérablement" alourdir les sanctions à l'encontre de Téhéran, en l'accusant de poursuivre en secret et de longue date son programme d'enrichissement d'uranium.

Un an jour pour jour après le retrait des Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, l'Iran a entamé le 8 mai dernier un processus de désengagement par étapes, tous les 60 jours, afin de pousser les Européens à tenir leurs promesses de compensation des sanctions américaines.

(Idrees Ali et Babak Dehghanpisheh; Jean Terzian, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)