Theresa May dénonce le populisme et invite son successeur au compromis

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(Crédits : Henry Nicholls)

LONDRES (Reuters) - Dans le dernier discours important de son mandat, Theresa May a dénoncé mercredi le populisme qui prévaut selon elle dans le débat politique et a invité son successeur à faire des compromis en vue de la sortie de l'Union européenne.

La Première ministre britannique, qui quittera ses fonctions dans une semaine, s'est émue de la radicalisation du débat politique, sans en imputer la responsabilité. Ses auditeurs y ont vu des allusions limpides aux propos de Boris Johnson, favori de la course à sa succession, et de Donald Trump.

L'échec de son plan de sortie de l'UE, rejeté à trois reprises par la Chambre des communes, restera "son plus grand regret", a-t-elle poursuivi, en expliquant avoir fait de son mieux pour rassembler une nation profondément divisée par le référendum de 2016.

"Quelle que soit la voie que nous emprunterons, elle doit être durable, afin que la sortie de l'UE rassemble notre pays. Cela suppose sans doute un compromis", a-t-elle déclaré devant les membres du cercle de réflexion diplomatique de Chatham House.

"Le problème était que, quand le moment est venu pour le Parlement de ratifier l'accord, le débat politique est revenu au stade binaire qui a précédé le référendum, à une confrontation sans merci entre partisans du maintien et de la sortie. Or, quand le débat est aussi polarisé - et mu par l'idéologie - il est extrêmement difficile de rassembler autour d'un compromis", a expliqué Theresa May.

"Aujourd'hui, l'incapacité à combiner les principes avec pragmatisme et à trouver un compromis si nécessaire semble avoir orienté tout notre débat politique vers la mauvaise voie.

"Cela a abouti à ce qui est en réalité une forme d'absolutisme, à croire qu'il suffit d'affirmer quelque chose suffisamment fort et longtemps pour obtenir gain de cause (...) Cela affaiblit notre débat public", a-t-elle déploré.

Parmi les points positifs de son bilan, Theresa May s'est prévalue de sa fermeté à l'égard de Vladimir Poutine dans l'affaire de l'empoisonnement de l'agent double Sergueï Skripal et de l'adoption d'un objectif ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique. Elle quittera Downing Street mercredi prochain.

(William James et Elizabeth Piper, Jean-Philippe Lefief pour le service français)