Chine : La croissance de la production industrielle au plus bas depuis 2002

reuters.com  |   |  684  mots
Chine: plus faible croissance de la production industrielle en 17 ans[reuters.com]
(Crédits : China Stringer Network)

par Huizhong Wu et Stella Qiu

PEKIN (Reuters) - La croissance de la production industrielle en Chine a ralenti plus qu'attendu en juillet, à un plus bas de plus de 17 ans, soulignant les difficultés croissantes de l'économie chinoise dans un contexte d'escalade des tensions commerciales avec les Etats-Unis.

Les données officielles publiées mercredi mettent aussi en exergue la morosité prolongée de la demande intérieure malgré les mesures de soutien à l'économie instaurées par Pékin depuis plus d'un an, accentuant la pression sur le gouvernement chinois pour qu'il engage des mesures supplémentaires.

La production industrielle a progressé de 4,8% en juillet en rythme annuel, d'après le Bureau national de la statistique (BNS), une croissance inférieure aux prévisions les plus modestes des économistes interrogés par Reuters.

Le consensus ressortait à 5,8% après une croissance de 6,3% en juin, alors que les Etats-Unis ont décidé en mai de relever les droits de douane sur plus de 200 milliards de dollars de produits chinois.

Washington va prélever à partir du 1er septembre des taxes sur des produits additionnels en provenance de Chine. Le président américain Donald Trump a toutefois annoncé un report au 15 décembre des droits de douane de 10% sur certains produits chinois comme les téléphones mobiles, les ordinateurs portables et les consoles de jeu vidéo.

Selon les statistiques gouvernementales, les ventes au détail ont elles aussi ralenti plus qu'attendu après un rebond en juin que de nombreux analystes considéraient comme éphémère. Elles ont progressé en juillet de 7,6% sur un an.

Les économistes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne une hausse de 8,6% après +9,8% en juin.

Ces statistiques, après l'annonce de chiffres inférieurs aux attentes sur le crédit bancaire et de nouveaux indices préoccupants sur l'activité du secteur manufacturier, renforcent les anticipations de nouvelles mesures de soutien.

"L'économie chinoise a besoin d'un soutien accru car les vents contraires sont assez forts et les chiffres d'aujourd'hui nettement inférieurs au consensus", dit Larry Hu, responsable de l'économie chinoise chez Macquarie Group à Hong Kong.

ESSOUFLEMENT DE L'INVESTISSEMENT

"L'économie va continuer de ralentir. A un moment donné, les autorités devront accroître les mesures de soutien aux infrastructures et à l'immobilier. Je pense que cela pourrait se faire avant la fin de l'année."

L'investissement en actifs immobilisés a affiché une croissance presque conforme au consensus (+5,8%, comme en juin), progressant de 5,7% entre janvier et juillet par rapport à la même période l'an dernier.

Mais les données par secteur indiquent une perte de dynamique plus marquée dans des secteurs clés au début du troisième trimestre.

L'investissement en actifs immobilisés du secteur privé, qui représente 60% des investissement totaux en Chine, n'a augmenté que de 5,4% sur la période janvier-juillet contre +5,7% sur les six premiers mois de l'année.

Un essoufflement est aussi constaté pour l'investissement immobilier, l'un des principaux moteurs de la croissance chinoise, qui a progressé de 10,6% entre janvier et juillet par rapport à la même période l'an dernier, alors qu'il avait connu une hausse de 10,9% au premier semestre.

La production d'acier brut a diminué en juillet pour le deuxième mois consécutif et la baisse de celle de véhicules à moteur reste supérieure à 10% en rythme annuel.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois a ralenti à 6,2% sur un an au deuxième trimestre et Nomura s'attend à ce qu'elle tombe à 6,0% aux troisième et quatrième trimestres, un chiffre qui correspond au point bas de la fourchette visée par Pékin.

Les autorités doivent aussi prendre en compte les risques de dégradation de l'emploi: selon une enquête nationale, le taux de chômage est passé en juin de 5,1% à 5,3% et beaucoup d'observateurs estiment que son niveau réel est bien supérieur.

Du fait du conflit commercial avec les Etats-Unis, certains industriels chinois ont en effet commencé à délocaliser leur production dans des pays voisins.

(Avec Kevin Yao; Jean Terzian et Marc Angrand pour le service français)