Hong Kong : Week-end d'action en vue, démission du patron de Cathay

reuters.com  |   |  806  mots
Hong kong: week-end d'action en vue[reuters.com]
(Crédits : Tyrone Siu)

par Donny Kwok et Twinnie Siu

HONG KONG (Reuters) - Hong Kong se préparait vendredi à trois jours de manifestations malgré l'interdiction de certains défilés et les pressions de Pékin qui ont conduit à la démission du patron de Cathay, la compagnie aérienne symbole de l'ancienne colonie britannique.

Vendredi, un millier de personnes se sont rassemblées pacifiquement dans un parc du centre-ville sous le slogan "Soutien à Hong Kong, pouvoir au peuple". La manifestation avait été autorisée par la police. Les manifestants, parmi lesquels se trouvaient des banquiers brandissaient des affiches sur lesquelles était écrit "Le pouvoir au peuple".

D'autres manifestations prévues ne sont pas autorisées. C'est le cas de celle programmée dimanche par le Front civique des droits de l'homme - l'organisation à l'origine des défilés qui ont rassemblé un million de personnes en juin.

Les organisateurs ont obtenu le droit de se réunir au parc Victoria, situé ans le nord de l'île, mais pas de défiler. Ils ont intenté un recours.

Une autre marche prévue samedi dans le district de Hung Hom à Kowloon, quartier commerçant située dans la partie nord de Hong Kong, sur le continent, a également été interdite.

Les manifestants, qui sont dans la rue depuis dix semaines, entendent protester contre l'érosion du principe "un pays, deux systèmes" qui garantissait le maintien du système capitaliste et une certaine liberté politique à Hong Kong après sa rétrocession à la Chine, le 1er juillet 1997.

Les autorités chinoises ont comparé les manifestations de plus en plus violentes à des actes de terrorisme et ont averti qu'elles pourrait utiliser la force pour les réprimer.

Les troupes paramilitaires chinoises se sont entraînées cette semaine à Shenzhen, place financière de la province du Guangdong (Canton), située à la frontière de Hong Kong, ce qui a été interprété comme une façon de mettre en garde les manifestants.

"Si Hong Kong ne peut pas rétablir l'Etat de droit seul et que les émeutes s'intensifient, il sera alors impératif que le gouvernement central agisse directement sur la base de la Loi fondamentale", écrit vendredi le Global Times, tabloïd nationaliste publié par le Quotidien du Peuple, l'organe officiel du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir à Pékin.

La Loi fondamentale de la région administrative spéciale de Hong Kong sert de constitution à l'ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine.

"TROP RADICAL"

La police de Hong Kong a répété vendredi qu'elle était capable de maintenir seule l'ordre public.

Près de 750 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations en juin. La police a fréquemment recours au gaz lacrymogènes.

C'est dans ce contexte de plus en plus tendu que le directeur général de Cathay Pacific, le Britannique Rupert Hogg, a démissionné vendredi. La démission de Rupert Hogg a d'abord été annoncée par la télévision d'Etat chinoise CCTV.

Les liens étroits de Cathay avec la Grande-Bretagne via un de ses actionnaires, le conglomérat Swire Pacific, en font un symbole du passé colonial de Hong Kong.

Cathay est dans le collimateur de Pékin depuis l'arrestation d'un de ses pilotes lors d'une manifestation en juillet.

L'organisme de réglementation de l'aviation en Chine a exigé que les membres du personnel sympathisants des manifestations ou qui y participent se voient retirer leurs fonctions sur les vols à destination ou en provenance de Chine.

Le président de Cathay avait d'abord déclaré que ce n'était pas pour lui "le rêve" de dire au personnel ce qu'il devait penser. Il a par la suite accepté la demande chinoise et renvoyé deux pilotes. Le personnel considéré comme "trop radical", a-t-il dit, n'assurera plus les liaisons avec la Chine.

L'homme le plus riche Hong Kong, l'homme d'affaires Li Ka-shing, a appelé à "aimer la Chine", sans pour autant aller jusqu'à apporter son soutien explicite aux autorités de la région administrative spéciale, comme l'ont fait plusieurs chefs d'entreprises.

"Je pense que le gouvernement a entendu clairement les messages des manifestants et qu'il fait diligence pour trouver des solutions", a déclaré Li Ka-shing, qui est âgé de 91 ans.

"Les meilleures causes, a-t-il souligné, conduisent parfois aux plus mauvais résultats."

A Sydney en Australie, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en soutien aux manifestants de Hong Kong. Elles se sont retrouvées face à une poignée de partisans du pouvoir communiste à Pékin qui ont entonné l'hymne chinois et scandé : "Hong Kong fait partie de la Chine" avant d'être dispersés par la police, rapporte la presse locale.

(Avec Felix Tam et Farah Master à Hong Kong et Jamie Freed à Singapour; Danielle Rouquié pour le service français)