par Clare Jim et Marius Zaharia

HONG KONG (Reuters) - Les élections législatives à Hong Kong, prévues initialement en 2020, seront probablement reportées une deuxième fois à septembre 2022, Pékin prévoyant un remaniement du système électoral de l'ancienne colonie britannique, un coup dur pour les partisans de la démocratie.

Citant des sources anonymes, le South China Morning Post et d'autres médias locaux ont annoncé ce report, qui ferait partie des changements décidés par les autorités chinoises concernant la structure politique de Hong Kong.

Les changements devraient être adoptés lors de l'Assemblée populaire nationale qui s'ouvre ce vendredi et devrait durer une semaine.

Wang Chen, un député chinois, a annoncé que la Chine changerait la taille, la composition et la méthode de formation du comité électoral choisissant le dirigeant de Hong Kong et lui donnerait le pouvoir de nominer la plupart des législateurs de la ville.

La plupart des responsables politiques et activistes pro-démocratie sont soit emprisonnés, soit en exil après que les autorités ont sévi contre les manifestations antigouvernementales en 2019, et qu'une nouvelle loi sur la sécurité nationale a été instaurée.

Alors que Pékin s'était engagé à mettre en place le suffrage universel à Hong Kong dans le cadre de la réforme de la Loi fondamentale, on ignore quelle forme prendra la future opposition à Hong Kong au regard de la dissolution de certains partis.

"C'est plus qu'un recul (...) on s'éloigne encore du suffrage universel", s'est insurgé Ivan Choy, maître de conférences à l'Université chinoise de Hong Kong, faisant référence au projet de réforme électorale.

Selon les médias locaux, le projet de Pékin vise à faire passer le Conseiller législatif, c'est-à-dire le Parlement hongkongais, aussi appelé Legco, de 70 à 90 députés.

Actuellement, la moitié de ces députés sont élus démocratiquement et l'autre moitié par un comité électoral pro-Pékin. L'augmentation du nombre de sièges entraînera un changement de cette répartition.

La représentation des responsables du conseil de district au niveau communautaire au sein du comité électoral et de la LegCo est susceptible également d'être supprimée, selon les médias.

Les conseils de district sont la seule institution pleinement démocratique de la ville, et près de 90% des 452 sièges de district sont contrôlés par le camp démocratique depuis les élections de 2019.

Dans l'ensemble, ces mesures réduiront la représentation démocratique à la fois au LegCo et au comité électoral, qui doit se réunir avant la fin du mandat de cinq ans de la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, en juillet 2022.

Dans un communiqué publié vendredi, Carrie Lam, a défendu les nouvelles mesures prévues, estimant que "c'est une exigence naturelle que Hong Kong soit gouvernée par des patriotes" et que les changements "rétabliront la loi et l'ordre".

(Bureau de Hong Kong et Marius Zaharia; version française Camille Raynaud et Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)