Commerce extérieur : « La France est toujours attractive mais les réformes doivent se poursuivre » (Gilles Bonnenfant, CCE)

ENTRETIEN - Photographie d’une certaine perception de l’Hexagone vu d’ailleurs, l’indice d’attractivité publié par les conseillers du commerce extérieur de la France (CCE) s’établit à 60% pour 2024, soit au même niveau que 2017. Une capacité à attirer les investisseurs qui n’est pas en danger, indique à La Tribune le président de la commission attractivité, Gilles Bonnenfant, mais qui s’en trouverait renforcée par la poursuite de réformes, dont celle visant la simplification administrative. La France, par ailleurs, grignote l’écart la séparant de l’Allemagne.
Gilles Bonnenfant, le président de la commission attractivité.
Gilles Bonnenfant, le président de la commission attractivité. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Les conseilleurs du commerce extérieur de la France viennent de publier le rapport sur l'indice d'attractivité de la France. Un indice qui est le résultat de la consultation de 1.600 chefs d'entreprise répartis dans le monde et qui s'établit à 60, soit le niveau de 2017. Est-ce que cela signifie que la France est moins attractive ?

GILLES BONNENFANT - La France n'est pas moins attractive. Notre pays continue d'être attractif, mais ce que pointent les conseillers du commerce extérieur de la France, c'est qu'il est important, voire nécessaire, que les réformes engagées - et dont certaines sont dans les tuyaux - se poursuivent. Cet indice n'est pas négatif, il pointe seulement ce qui doit être amélioré pour que la capacité à attirer des capitaux étrangers soit renforcée, plus efficaces vis-à-vis des investisseurs.

Les réformes qui ont été conduites ont été reconnues par les investisseurs, cela se mesure avec la place de notre pays sur la plus haute marche du podium pour ce qui est des projets d'investissements envisagés. Certes, cet indice qui existe depuis dix ans, retrouve les mêmes valeurs qu'en 2017, mais le contenu est différent. En 2017, c'étaient des valeurs immatérielles qui portaient l'indice à 60. Aujourd'hui, ce qui fait que l'indice est à 60, c'est que des valeurs de fond, de reformes, ont remonté la pente. Depuis deux ans, les valeurs matérielles subissent un contre-coup. Le plus important contre-coup que nous avons eu l'an dernier était lié au coût et à l'approvisionnement énergétique et le plus important contre-coup que nous vivons cette année est lié à la sécurité des personnes. Ce n'est pas un sujet qui a un impact sur les investisseurs - ce qui les intéresse ce sont les réformes - mais on ne peut pas dire que l'ambiance générale ne pose pas des questions. Est-ce que l'attractivité de la France est en danger ? Non. Avons-nous du travail à faire pour améliorer l'image de la France ? Oui.

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Une campagne, nommée « Make it iconic » a été lancée en novembre dernier par le gouvernement français dans la lignée de Choose France, avec l'objectif d'exporter un « état d'esprit français ». Une façon de participer à l'attractivité de la France ?

« Make it iconic » est une campagne qui a été lancée dans six pays prioritaires (Allemagne, Emirats Arabes Unis, Canada, Etats-Unis, Inde, NDLR) et son impact est compris entre 86% et 100%. Ce qui prouve que cette campagne était nécessaire et ses résultats sont positifs. Nous avons les assets nécessaires, indispensables, il faut les aligner ensemble.

Le rapport fait état de l'écart qui se resserre avec l'Allemagne. Or, la France se compare, ou est souvent comparée, à l'Allemagne. C'est donc une bonne nouvelle ?

Cela fait des années que la France se situe derrière l'Allemagne. Or l'Allemagne perd 23 points par rapport à la France. Cela démontre que nous avons des valeurs de fond reconnues dans tous les pays.

Les réformes, vous l'avez souligné, sont regardées attentivement et demandées par les investisseurs. Quelles réformes doivent prioritairement être engagées ?

Toutes les mesures lancées autour de France 2030, de la décarbonation, sont perçues de manière extrêmement positive. C'est un encouragement à poursuivre ce qui a été engagé. L'alerte se situe davantage sur l'attractivité naturelle de la France, qui perd quelques points car, sur certains sujets, vu de l'étranger, notre pays s'est un peu abîmé, notamment en matière de sécurité. L'attractivité de la France va bien, il faut simplement considérer les points à améliorer. Quand on a la chance d'avoir la vision de 1.600 conseilleurs du commerce extérieur présents dans divers pays, on prend cela comme une information utile. Cela nous permet de capter, de comprendre ce qui se dit dans le monde sur la France et donc d'être plus opérants.

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Et donc, les réformes attendues sont...

Ce sont des réformes pour davantage de simplification. Un sujet sur lequel le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est penché. Bercy a annoncé une série de mesures dans ce sens. L'autre réforme attendue est celle qui concerne la baisse des impôts de production.

Les autres pays sont, eux aussi, actifs en matière d'attractivité...

En effet, notre rapport le montre aussi, l'Espagne bouge. Et cette dernière a pris deux grandes réformes, une réforme de simplification et une réforme sur le manufacturier. Nous devons donc également être vigilants face aux pays qui eux aussi, déploient des stratégies d'attractivité. 2024 devrait être l'année de la France, nous avons les moyens, vu les réformes prévues qu'elle le soit. À nous de concentrer tous nos efforts pour qu'elle le soit aussi sur l'image du pays. La campagne « make it iconic » ne pourra qu'amplifier ce qui est parfois un peu décrié, en particulier dans les médias à l'étranger. Les conseillers du commerce extérieur de la France ne jugent pas mais identifient les problématiques que rencontre notre pays en matière d'attractivité. Certes, nous appuyons peut-être là où c'est sensible, mais nous nous devons d'avoir un regard objectif.

Commentaires 8
à écrit le 07/02/2024 à 12:20
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Le mot "réforme" n'est pas la panacée car il ne s'agit que d'une vision dogmatique de l'avenir... Il s'agit surtout de s'adapter à la réalité ! ;-)

à écrit le 06/02/2024 à 23:38
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Cessons de parler de réformes! Faisons les! Pour commencer, cessons de faire croire que la solution est de travailler moins: pour vivre mieux avec une population en croissance, il faut évidemment produire plus; ce n'est pas au gouvernement de fixer l...

le 07/02/2024 à 11:37
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"cessons de faire croire que la solution est de travailler moins: pour vivre mieux avec une population en croissance" Corréler production et temps de travail est un raisonnement de l'époque où on cultivait la terre avec des chevaux... Et pour ne rie...

à écrit le 06/02/2024 à 20:48
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Personnellement, je n'investirai pas dans un pays avec 3000 milliards de dettes, et une population dépassée pas la mondialisation. Et je doutes aussi que les français soient très motivés à travailler pour des intérêts étrangers, la richesse produite ...

le 06/02/2024 à 23:37
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J'ai rarement lu tant de perles dans si peu de phrases. "je doutes aussi que les français soient très motivés à travailler pour des intérêts étrangers". désolé de vous apprendre qu'ils ne font que ça. Une très grande partie des entreprises Françaises...

le 09/02/2024 à 6:30
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Les faits parlent d'eux-même. Il n'est même pas nécessaire d'argumenter.

à écrit le 06/02/2024 à 20:01
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Il a raison ,il faut augmenter les petits salaires et pour financer baisser les gros , réformons !

à écrit le 06/02/2024 à 19:06
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LOL !

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