Santé : les entreprises de la filière souffrent d'un manque d’attractivité en Bourgogne-Franche-Comté

La nouvelle enquête commandée par le pôle régional des entreprises de santé BFCare et réalisée par Creativ’, de janvier à juillet 2023, révèle les atouts de la filière et alerte sur les besoins en recrutement, dû à un manque d’attractivité du territoire. A noter que sur 232 entreprises sondées, le taux de retour n'est que de 20%.
La région BFC est reconnue mondialement dans la production de médicaments
La région BFC est reconnue mondialement dans la production de médicaments (Crédits : Yves Herman)

La filière santé en Bourgogne-Franche-Comté représente 500 établissements, 13.000 salariés, pour un chiffre d'affaires de deux milliards d'euros, selon les chiffres de l'Agence économique régionale (AER). Dans ce secteur extrêmement varié qui recouvre plus de 150 métiers, la région compte sur son territoire, des leaders sur leur marché (Urgo et le projet Genesis), dans l'innovation (Pixee Medical et Crossject avec son injection sans aiguille), dans les dispositifs médicaux de pointe (Proteor, Sophysa), et dans la production de médicaments reconnue mondialement (Adhex Pharma, Delpharm).

A noter que 70% de ces entreprises en santé sont concentrées sur les départements de la Côte-d'Or et du Doubs.

Entre 1.000 et 1.500 recrutements dans les trois ans

Selon une étude commandée par le pôle régional des entreprises de santé BFCare et réalisée par Creativ', l'industrie de santé est une filière en pleine expansion en Bourgogne-Franche-Comté. L'opportunité de France 2030 et la tendance à la réindustrialisation ont relancé la dynamique des industriels du territoire, qui n'ont pas hésité à investir massivement, que ce soit dans la recherche et développement, l'agrandissement de leurs locaux ou la réorganisation de la chaine d'approvisionnement. Le contexte post-Covid a également joué un rôle dans la demande croissante des produits, afin d'assurer une capacité de production nationale pour répondre aux urgences sanitaires. « La majorité de ces entreprises leaders réalisent une part importante de leur chiffre d'affaires à l'export et certaines développent même des filiales dans d'autres pays et d'autres continents », souligne Mario Horvat, rapporteur de l'étude BFCare. « Ce qui favorise le rayonnement régional », poursuit-il. Un défi attend toutefois ces entreprises : la concurrence de nouveaux marchés émergents.

Lorsque les entreprises se projettent sur les trois ans à venir, toutes visent une augmentation de leurs effectifs. Elles sont 92% pour l'univers pharmaceutique/cosmétiques, 83% pour les entreprises de technologie médicales et 64% pour les services et innovation en science de la vie et bio-production. Soit au total, selon les estimations de Creativ', entre 1.000 et 1.500 recrutements envisagés dans les trois prochaines années, toutes tailles d'entreprises confondues.

Mais ce dynamisme apparent cache une réalité plus contrastée. Aussi, pour. cette étude, sur 232 entreprises sondées, le taux de retour n'est que de 20%.

Un manque d'identification claire du territoire

Six ans après la dernière étude réalisée sur la Bourgogne uniquement, par le cluster emploi compétences du bassin dijonnais Creativ', pour anticiper la gestion des emplois et des compétences sur le territoire, le constat reste le même à l'échelle de la grande région Bourgogne-Franche-Comté : le territoire manque d'attractivité pour attirer les nouveaux talents. « Nous souffrons de l'absence d'une réelle marque de territoire santé qui permettrait d'identifier la BFC comme un acteur majeur du secteur », regrette Mario Horvat. Un « Hub » emploi et compétences des industries de santé avait pourtant été créé, en 2017, pour aider les entreprises du secteur sur le sujet des recrutements.

Malgré plus de 300 formations en santé sur le territoire, seulement 38% des entreprises estiment que l'offre est suffisante pour subvenir à leurs besoins. « Nous avons un territoire qui est majoritairement rural et qui, en termes de mobilité, se retrouve en concurrence avec des pôles économiques forts, tels que Paris, Lyon, ou la Suisse », constate Mario Horvat. A cela s'ajoute un contexte démographique défavorable. L'Insee ressence un taux de naissances au plus bas depuis 2015 et un seuil migratoire négatif.

Des initiatives communes pour attirer les talents

Pour pallier ce manque d'attractivité, les entreprises du secteur se sont regroupées en réseau pour développer des initiatives communes. « Certaines ont même renforcé le télétravail avec des postes parfois entièrement télétravaillable qui leur a permis de lever ce problème de mobilité et d'attractivité », souligne Mario Horvat. L'entreprise Delpharm, spécialisée dans la fabrication de médicaments, situé à Quétigny, près de Dijon, a par exemple, expérimenté un kit d'accueil, il y a quelques années, avec une structure partenaire, notamment pour porter assistance à la famille du nouveau collaborateur dans son installation, que ce soit pour la recherche de logement, une aide à l'emploi de la conjointe, etc.

Le secteur de la santé n'est pas épargné par les différentes transitions actuelles, qu'elles soient technologiques, règlementaires, environnementales ou sociales. Concernant les évolutions technologiques, 61 % des entreprises interrogées estiment qu'elles ont un impact direct sur leurs activités. Par exemple, l'influence de l'intelligence artificielle qui tend à s'amplifier dans les années à venir. « L'IA impactera la chaîne de production en permettant, par exemple, de détecter des anomalies plus rapidement, ou d'optimiser la gestion des stocks », explique Mario Horvat. « Pour les entreprises qui ont des projets d'automatisation, l'IA permettra d'accélérer les phases de recherche et d'optimiser les études cliniques ainsi que l'analyse des données biomédicales », poursuit-il. C'est pourquoi les entreprises recherchent de plus en plus de profils avec une double compétence, à la fois informatique et scientifique.

Concernant les transitions écologiques et énergétiques, 41% des entreprises interrogées estiment qu'elles affecteront leur gestion dans plusieurs domaines (réglementation, analyse du cycle de vie, empreinte carbone, choix des matériaux, gestion des déchets...). Enfin, concernant les évolutions sociales, 47 % des entreprises interrogées estiment qu'elles modifient de manière significative l'organisation du travail (sens du travail, pratiques managériales, bien-être, télétravail...).

Le Pôle BFCare, avec le Hub et les acteurs du territoire, prévoit, sur le premier trimestre 2024, d'organiser un évènement de type « Assises de la santé ». L'étude servira de socle afin de réfléchir collectivement à de nouvelles actions à entreprendre pour tenter d'inverser la tendance. Les trois axes visés sont : l'attractivité, l'emploi et le recrutement, et la formation.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 20/12/2023 à 14:57
Signaler
20% est ce significatif? "manque d'attractivité du territoire " avec la proximité de Paris Lyon et Genève il y plus mal loti ! Quant au recrutement toutes les entreprises de tous les secteurs de tout le territoire y sont confrontées et les initiat...

le 20/12/2023 à 17:12
Signaler
"avec la proximité de Paris Lyon et Genève" c est probablement la le probleme. les postes sont surement tellement mal payés que les candidats preferent aller a lyon (pour geneve vous gagnez plus en etant caissiere a lidl qu ingenieur en france). aut...

à écrit le 20/12/2023 à 12:28
Signaler
Ben pour la santé plutôt la permaculture que le lobby pharmaceutique hein et ya pas photo.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.