
Près de quatre ans après la crise sanitaire, les salariés et les chefs d'entreprises se posent, encore et toujours, la même question : suis-je prêt à quitter mon lieu de vie pour un autre ? Une interrogation que se partagent également les professionnels comme l'opérateur de bureaux Newton Offices (40.000 m²) et le cabinet d'accompagnement à l'ancrage territorial, Stan. Aussi, ces deux sociétés ont-elles demandé à l'institut de sondage Odoxa et au cabinet d'audit KPMG de réaliser un « Observatoire des métropoles » afin de comprendre quelles villes sont les plus attractives.
Les enseignements de cette étude, dont La Tribune a pu prendre connaissance, sont éloquents : trois-quarts des employés interrogés sont prêts à s'installer dans une autre grande ville que la leur, mais pas n'importe laquelle. Bordeaux arrive en tête, suivie de Nice, Montpellier, Toulouse et enfin Marseille. Sans surprise, la qualité de vie - les espaces verts, la pollution - et l'environnement - les loisirs, les services publics de proximité... - priment sur le reste, avant même, et c'est nouveau, les critères économiques.
« Bordeaux est en tête systématiquement »
Autre surprise : Bordeaux n'est pas seulement la métropole qui fait le plus rêver les salariés devant Toulouse et Montpellier, elle est aussi celle qui attire le plus les patrons, avant Lyon et Lille. Un résultat « incroyable » pour l'auteur de l'étude, Gaël Sliman, contacté par La Tribune.
« Nous imaginions qu'il y aurait quand même des hiérarchies différentes entre les différentes métropoles en fonction des critères, mais en multipliant les palmarès, Bordeaux est en tête systématiquement. Quand on interroge les employés et les chefs d'entreprise, les deux publics l'expliquent, à tort ou à raison, par la qualité de vie, la sécurité, la propreté... », poursuit le président-fondateur d'Odoxa.
A l'inverse, la métropole du Grand Paris apparaît bonne dernière sur l'attrait des talents. 60% des salariés franciliens se disent en effet prêts à s'installer dans une autre grande ville si une opportunité professionnelle se présente et si leurs conditions de vie (logement, environnement, salaire) sont les mêmes ou s'améliorent. C'est 16% de plus que les autres habitants des grandes métropoles. « L'agglomération parisienne reste numéro 1 en termes de perception de dynamisme économique, mais ça ne suffit pas... », souligne le sondeur Gaël Sliman.
La métropole du Grand Paris reste leader sur le pouvoir économique
C'est là que les avis divergent entre employés et chefs d'entreprise. Après la qualité de vie, les patrons accordent une place aussi grande ou presque au dynamisme économique. Précisément, leurs attentes en matière de politique économique des métropoles sont au nombre de quatre : le recrutement facile des collaborateurs, la fiscalité ainsi que la capacité de la grande ville à inciter les sociétés à s'implanter, le pouvoir d'achat des locaux et bien sûr les performances économiques des compagnies déjà présentes.
A cet égard, la métropole du Grand Paris reste leader sur la santé, l'industrie et le numérique, et finit deuxième, juste derrière Lyon, en matière de transition énergétique. La capitale des Gaules est de même systématiquement sur le podium pour ces quatre filières. Et ce à la différence de Bordeaux, 2è sur la santé, de Nantes, 3è sur la transition énergétique, de Toulouse, 3è sur l'industrie, et de Lille, 3è sur le numérique.
« En résumé, les métropoles du Sud trustent les premières places, mais cet héliocentrisme n'est pas une surprise », conclut Gaël Sliman de chez Odoxa.
Avec ses commanditaires, Newton Offices et Stan, le sondeur ne compte pas s'arrêter là pour autant. Dès janvier 2024, cet « Observatoire des métropoles » sera présenté dans les différentes villes concernées, tant auprès des responsables économiques que politiques.