À quoi va ressembler France Travail qui va remplacer Pôle emploi ?

Le gouvernement présentera le 7 juin en conseil des ministres le projet de loi France Travail, organisme qui doit permettre une meilleure coordination de tous les acteurs de l'emploi et de l'insertion et la création d'un guichet unique. Thibault Guilly, aujourd'hui haut-commissaire à l'emploi et à l'insertion, est à la manœuvre. Alors que le chômage est au plus bas depuis 1982, il s'agit d'atteindre le plein emploi, soit un taux à 5% d'ici la fin du quinquennat. Mais la création du nouvel organisme ne va pas sans créer des interrogations et quelques remous.
Fanny Guinochet
Le projet de loi fixe la création de France Travail, le 1er janvier 2024, mais prévoit un an de mise en place progressive.
Le projet de loi fixe la création de France Travail, le 1er janvier 2024, mais prévoit un an de mise en place progressive. (Crédits : Reuters)

Emmanuel Macron veut vite tourner la page des retraites, et faire oublier les longs mois de conflits qui ont fracturé le pays. Mais, alors que les syndicats ont déjà prévu d'organiser une nouvelle manifestation le 6 juin prochain, dès le lendemain, le 7, l'exécutif présentera en conseil des ministres le projet de loi qui vise à créer un service unique de l'emploi. Avec au cœur de ce futur texte, la naissance d'un nouveau service public : France Travail.

Lire aussiRetraite, salaires, travail... ce que les syndicats vont demander à Elisabeth Borne

Un guichet unique de l'emploi

Ce nouvel organisme doit regrouper tous les acteurs de l'emploi et de l'insertion, mais aussi de la formation : Pôle emploi  - et ses 55 000 agents sur tout le territoire - ainsi que les missions locales, Cap emploi, les services des départements qui gèrent le RSA.. etc.

Son objectif : répondre aux besoins d'insertion des demandeurs d'emploi ou des personnes qui ont des difficultés à entrer sur le marché du travail. Une des missions de France Travail sera aussi d'accompagner et d'aider les entreprises qui ont des offres d'emploi à proposer. Aujourd'hui, de nombreuses TPE et PME n'ayant pas le réflexe de s'adresser à Pôle emploi lorsqu'elles ont un recrutement à effectuer.

Le projet de loi fixe la création de France Travail, le 1er janvier 2024, mais prévoit un an de mise en place progressive avant que le nouvel organisme ne soit pleinement opérationnel. Plusieurs expérimentations ont déjà été lancées dans différents départements.

L'objectif est que, dès 2024, toute personne privée d'emploi devra être inscrite à France Travail. Ainsi, sera établi un diagnostic de sa situation au regard de l'emploi - en fonction de son parcours, de sa qualification, etc. - mais aussi de ses difficultés, des freins qui peuvent être les siens à s'insérer - problèmes de santé, de mobilité, de formation, garde d'enfants... France Travail devrait alors lui permettre d'être mieux ( et plus rapidement ) orientée vers les services adéquats.

Pour ce faire, la connexion des systèmes informatiques, et le partage des données entre toutes les structures sont prévus. Un chantier complexe.

Un chef d'orchestre, Thibault Guilluy

Depuis plus d'un an, Thibault Guilluy, haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises, planche sur ce dossier. Cet ancien responsable d'associations, encarté à « En marche », fut suppléant de Tiphaine Aussière, la fille de Brigitte Macron, aux dernières élections législatives, dans la circonscription du Touquet. Elle a finalement été battue par le député LR sortant Daniel Fasquelle.

Thibaut Guilluy s'est alors vu confier une mission de concertation et de préfiguration dans le cadre de France Travail. À charge pour lui de réfléchir à la mise en œuvre concrète de la promesse présidentielle, de créer ce nouvel organisme. Depuis plusieurs mois, Thibault Guilluy consulte les différents organismes, mais aussi les partenaires sociaux, pour les associer à la réflexion. Le 18 avril dernier, il a remis à l'exécutif un rapport de préfiguration à la loi.

Il est d'ailleurs largement pressenti pour prendre la tête de ce nouvel organisme et succéder ainsi à Jean Bassere, l'actuel patron de Pôle emploi ( qui sera donc absorbé à terme par France Travail ). Si Thibault Guilluy dément toute nomination prochaine, d'abord nos informations, celle-ci devrait intervenir rapidement.

Un projet loin de faire consensus

Reste que la partie n'est pas gagnée. Les syndicats s'inquiètent de la mise en place d'une nouvelle usine à gaz, peu opérationnelle. Thibault Guilluy se défend : « Je suis un entrepreneur, un opérationnel. Pas un technocrate. Les choses vont se mettre en place à partir du terrain, avec une approche pragmatique. Nous allons au contraire gagner en efficacité ... »

Par ailleurs, le gouvernement a beau mettre en avant la longue concertation qui s'est tenue en amont de la création de France Travail, le contenu du projet de loi est loin de faire consensus. Et pour cause, la partie concernant la mise en place d'un nouveau système de sanctions pour les allocataires du RSA qui ne respecteraient pas leurs obligations met les syndicats en émoi. L'inscription automatique des bénéficiaires du RSA à France Travail, - ce qui signifiera, l'obligation pour eux de réaliser des actes de recherche d'emploi - suscite une levée de boucliers de la part de toutes les centrales syndicales. Pour eux, cette menace de sanctions est injuste et contre-productive. Le gouvernement se défend, en plaidant pour un meilleur suivi des allocataires. Aujourd'hui, à peine 40 % d'entre eux sont inscrits à Pôle emploi.

Lire aussiPour ou contre : faut-il conditionner l'accès au RSA ? (Karl Olive face à Jean-Claude Barbier)

Plus largement, toute personne inscrite à France Travail devra respecter un contrat d'engagement, qui précisera les droits et devoirs du demandeur d'emploi, ainsi que les voies et délais de recours en cas de sanctions. Ce contrat d'engagement remplacera l'actuel projet personnalisé d'accès à l'emploi qui fixe les critères de l'emploi recherché. De leur côté, les syndicats dénoncent un nouveau durcissement des règles des demandeurs d'emploi. Ils n'ont d'ailleurs pas manqué de le faire savoir à Elisabeth Borne qui les a reçus la semaine dernière.

Le gouvernement prévoit un débat à l'Assemblée autour de ce texte en juillet pour une adoption définitive à l'automne.

Fanny Guinochet
Commentaires 14
à écrit le 22/05/2023 à 9:14
Signaler
On voit déjà ce que coute à l'économie française la répression envers les saisonniers. Il est injuste que les saisonniers doivent payer leur hébergement sur leur nouveau lieu de travail alors que les salariés en CDI sont hébergés par leur employeur l...

le 22/05/2023 à 17:54
Signaler
Et quand pour l'entreprise, la prime d'activité versée par la CAF est présentée comme un complément de revenu pour ses salariés, conditionne la conclusion d'un CDD à la signature d'un document rédigée par elle où ce sont les salariées qui "demandent"...

à écrit le 22/05/2023 à 5:42
Signaler
"On vous a aidé en vous envoyant de nombreuses offres ( dont les postes étaient pourvus depuis 2 mois ou bien dans des entreprises où le turn over est permanent), en vous proposant une aide à la réorientation pour des postes en tension comme préparat...

à écrit le 21/05/2023 à 7:20
Signaler
Désormais, pour chacune de vos demandes, nous n'entendrez plus :" ça va pas être possible" mais " Cela ne va pas être possible car cela n'entre pas dans le cadre de mes attributions d'examiner votre demande. France Travail n'est pas votre maman. Par ...

à écrit le 20/05/2023 à 23:45
Signaler
ANPE = Avec Nous Peu d'Espoir. "Avec nous", c'était de trop. Ils ont donc gardé "Peu d'Espoir". L'espoir était encore de trop ? On efface la copie, et on recommence en faisant du copinage aux agences de comm des copains, parce que ce énième ravalemen...

à écrit le 19/05/2023 à 14:02
Signaler
Souvenir de 2009 : Le Pôle emploi, l’organisme qui réunit l’ANPE et les Assedic, traîne son logo comme un boulet. Après des révélations du «Canard Enchaîné» et de «La Tribune», Geoffroy Roux de Bézieux, président de l’Unedic, a dû reconnaître au m...

le 20/05/2023 à 8:14
Signaler
changer de non sans rien changer d'autres ne sert a rien c'est du en meme temps de l'illusion en faite de la macronie pour faire simple c'est une reforme complete de l'etat mais faire du bricolage cela dure depuis un demi siecle et rien ne change ...

le 20/05/2023 à 14:26
Signaler
Quand GDF (ou FranceTelecom, autres) a changé de nom, vous pensez que le nouveau logo a coûté rien du tout ? Rien que pour tout le papier à entête, les courriers, ça fait des sommes conséquentes de tout changer. Tant que c'est payé une fois et que vo...

le 20/05/2023 à 22:58
Signaler
CNPF (Conseil national du patronat français) devenu Medef

à écrit le 19/05/2023 à 9:31
Signaler
Ce ne sera rien d'autre qu'une agence de travail temporaire qui construira le "plein emploi" et la misère !

le 19/05/2023 à 10:40
Signaler
@bref L'intérim débouche souvent sur un emploi à plein temps pour peu que l'intérimaire veuille un emploi garanti, ce qui n'est pas une évidence pour beaucoup qui préfèrent rester dans l'intérimaire.Chacun ses choix.

le 19/05/2023 à 17:31
Signaler
"Bref", parle de travail temporaire et non d'intérim, ne pas confondre... et c'est grâce à cela qu'il est possible de décréter le plein emploi . ;-)

à écrit le 19/05/2023 à 9:26
Signaler
L'inscription automatique des bénéficiaires du RSA à France Travail, - ce qui signifiera, l'obligation pour eux de réaliser des actes de recherche d'emploi - suscite une levée de boucliers de la part de toutes les centrales syndicales... Le RSA est ...

à écrit le 19/05/2023 à 9:08
Signaler
"À quoi va ressembler France Travail..." j'imagine davantage de contraintes, de contrôles, d'administratifs pour un résultat.. Nous mettons en place des outils avant d'expliquer clairement ce que sera la politique..

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.