Retraites : les syndicats s'accordent sur une nouvelle journée d'action le 6 juin

Les syndicats se sont accordés sur l'organisation d'une nouvelle journée d'action le mardi 6 juin, selon les informations de France Inter, avec pour objectif de « se faire entendre » des députés qui examineront le 8 juin une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites. Cette réunion de l'intersyndicale intervenait au lendemain d'un 1er mai inédit, rassemblant près de 800.000 manifestants.
Sans atteindre les niveaux record de la fin janvier, lorsque près de 1,3 million de personnes avaient défilé, selon le ministère de l'Intérieur, la mobilisation lors de cette première fête du Travail unitaire depuis 2009 est restée forte.
Sans atteindre les niveaux record de la fin janvier, lorsque près de 1,3 million de personnes avaient défilé, selon le ministère de l'Intérieur, la mobilisation lors de cette première fête du Travail unitaire depuis 2009 est restée forte. (Crédits : Maxime Gruss / Hans Lucas via Reuters Connect)

[Article publié le mardi 02 mai 2023 à 06h31 et mis à jour à 13h47] Le mouvement social contre la réforme des retraites va-t-il perdurer ? Après une 13e journée de mobilisation réussie lors du 1er mai, les syndicats devaient décider, lors d'une réunion de l'intersyndicale ce mardi 2 mai en visioconférence dans la matinée, de la suite à donner à la contestation. Selon les informations de France Inter, ils se sont accordés sur l'organisation d'une nouvelle journée d'action le mardi 6 juin. L'objectif : « se faire entendre » des députés qui examineront le 8 juin une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites tout juste promulguée.

« Nous appelons unitairement nos organisations à aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette proposition de loi. Dans ce cadre, l'intersyndicale appelle à multiplier les initiatives avec notamment une nouvelle journée d'action commune, de grèves et de manifestions le 6 juin », écrivent les syndicats, dont les propos sont rapportés par l'AFP.

L'intersyndicale travaille à des propositions communes

Dans son communiqué, l'intersyndicale prend note du fait que « le gouvernement a annoncé l'ouverture d'un cycle de concertations sans que l'objet ni le cadre ne soient précisément fixés ».

Laissant entendre qu'elles y participeront, les organisations syndicales indiquent qu'elles « rappelleront leur refus de la réforme des retraites ». Elles précisent qu'elles travailleront à « des propositions communes mettant à contribution les employeurs (...) en matière de salaires, conditions de travail, démocratie sociale, d'égalité femmes-hommes et d'environnement ».

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Pour rappel, les syndicats ont notamment « deux échéances dans le viseur », selon Sophie Binet (CGT)À très court terme, ils attendent la décision du Conseil constitutionnel. Les Sages doivent se prononcer mercredi sur une deuxième demande de référendum d'initiative partagée (RIP).

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Refroidis par la première décision du Conseil constitutionnel le 14 avril, qui avait rejeté cette première demande, ils se montrent prudents. Laurent Berger y croit « plus ou moins » alors que, pour Sophie Binet, « le RIP a été rédigé pour ne pas fonctionner ».

Les députés ont « la sortie du conflit entre les mains »

À moyen terme, les syndicats misent davantage sur la discussion à l'Assemblée nationale programmée le 8 juin dans le cadre de la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme.

Pour Sophie Binet, qui rappelle que la motion de censure n'a échoué « qu'à neuf voix près » après l'usage du 49-3, les députés ont « la sortie du conflit entre les mains ». Un vote favorable ne serait que le début d'un parcours parlementaire, mais ce serait une claque pour l'exécutif.

« Il y a forcément un risque parce que nous sommes dans une majorité relative », a reconnu le ministre du Travail Olivier Dussopt sur LCI, lundi soir. Cette date pourrait servir de motif à l'organisation d'une nouvelle journée d'action.

D'ici là, les syndicats vont devoir s'efforcer de gérer leurs divergences. Celles-ci apparaissent face aux invitations pressantes de l'exécutif à reprendre le dialogue sur un agenda qui va de la réforme de France Travail, du RSA ou du lycée professionnel à des négociations sur l'emploi des seniors ou les conditions de travail.

Divergences sur la méthode

Elisabeth Borne doit envoyer des invitations en ce sens aux syndicats dans les jours qui viennent. La Première ministre n'a toutefois pas précisé le format de ces rencontres, bilatérales ou multilatérales. D'ores et déjà, Laurent Berger a annoncé que la CFDT « irait discuter » avec la Première ministre. De son côté, Sophie Binet a botté en touche, rappelant que l'intersyndicale avait prévu de prendre la décision « ensemble ».

Mais « l'agenda gouvernemental, avec la réforme du travail et du lycée professionnel, ne nous convient pas », a-t-elle prévenu.

« On n'a jamais dit qu'on était d'accord sur tout (...). C'est pas la fin de l'intersyndicale. Demain on s'exprimera en commun et on dira ce qu'on va faire dans les semaines à venir », a relativisé Laurent Berger, invité lundi de l'émission Quotidien sur TMC.

Mais, si la proposition de loi Liot n'est pas votée le 8 juin, « je ne vais pas raconter d'histoire, je ne vais pas dire qu'on va faire une 15ème, 16ème, 17ème journée de mobilisation qui fera céder le gouvernement et le président de la République », a-t-il reconnu.

La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a martelé mardi qu'il n'y aurait « pas de retour à la normale » à l'Assemblée nationale et dans le pays, tant que la réforme des retraites est maintenue. « Nous n'allons pas tourner la page », a assuré la présidente du groupe Insoumis devant la presse, à la reprise des travaux parlementaires.

Un séminaire de l'intergroupe de la coalition de gauche Nupes est prévu mercredi midi pour plancher sur « la manière de continuer à combattre dans l'Assemblée (nationale) » la réforme des retraites, a indiqué Mathilde Panot, promettant des « initiatives parlementaires ».

Un 1er mai inédit

Les autres syndicats « réformistes », CFE-CGC et CFTC ont déjà dit eux aussi qu'ils iraient également aux réunions avec l'exécutif. « On ne peut pas indéfiniment sécher les réunions à Matignon. Il faut un rapport de force rénové, c'est l'écriture d'un nouveau chapitre », a plaidé François Hommeril (CFE-CGC).

La réunion de l'intersyndicale est intervenue au lendemain d'un 1er mai inédit. La fête du Travail a rassemblé près de 800.000 manifestants en France selon la police, et 2,3 millions selon la CGT. Dans le détail, le ministère de l'Intérieur a compté 782.000 manifestants dont 112.000 à Paris. La CGT a revendiqué 2,3 millions de manifestants, dont 550.000 à Paris. Ils étaient 94.000 dans la capitale selon un comptage du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP.

Sans atteindre les niveaux record de la fin janvier, lorsque près de 1,3 million de personnes avaient défilé, selon le ministère de l'Intérieur, la mobilisation lors de cette première fête du Travail unitaire depuis 2009 est restée forte après 12 journées de défilés et bien au-delà d'un 1er mai classique.

Pour Frédéric Souillot (FO), « cette mobilisation massive et déterminée nous oblige à continuer dans l'unité syndicale à combattre cette loi » bien qu'elle ait été pour l'essentiel validée par le Conseil constitutionnel et doive entrer en vigueur en septembre.

Les défilés ont toutefois été marqués par des heurts parfois violents dans plusieurs villes de France, et principalement à Paris, Nantes et Lyon.

(Avec AFP)

Commentaires 11
à écrit le 04/05/2023 à 18:23
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mais ces gens qui manifestent en permanence ne doivent pas bien être préoccupés par le travail et par les clients ..... on doit avoir à faire en majorité à des nantis qui vivent sur le dos de ceux qui ne doivent leur salaire qu' aux résultats de l'en...

à écrit le 02/05/2023 à 21:56
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Ce sont toujours les mêmes qui manifestent : un rituel vidé de tout sens ? Le grand 1er mai mobilisateur et populaire n'a pas vraiment rameuté le vrai peuple, une fois de plus : une réalité un peu gênante pour les syndicats, et les partis populistes...

à écrit le 02/05/2023 à 18:15
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Les syndicats (et les médias) ont perdu leur pari du 1er mai (et du chahut lors de la finale de la Coupe de France) donc ils vont essayer encore et encore. Il faut dire qu’ils avaient promis la lune à leurs adhérents, ces derniers doivent donc être a...

à écrit le 02/05/2023 à 17:01
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Pour ramener le calme, je propose au gouvernement de faire la grève, autrement dit de ne gérer que les affaires courantes; il en assez fait (et le président aussi!).

à écrit le 02/05/2023 à 15:30
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Une nouvelle manifestation comme celle du premier mai un pas de plus vers un changement conduisant à un régime autoritaire voir dictatorial

à écrit le 02/05/2023 à 15:05
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Avec l'augmentation des années de retraite la distance entre la retraite et la mort diminue.

le 02/05/2023 à 19:40
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Pas forcement on est beaucoup en très mauvaise santé en commençant la retraite; on est pas tous payer à dormir au sénat ou l'assemblé voir même payer sans aller au travail comme eux... Donc beaucoup qui avait droit à une micro retraite mourront au tr...

à écrit le 02/05/2023 à 12:35
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La date du 6 Juin est un symbole, mais les organisations syndicales n'ont pas les épaules nécessaires pour un jour J. Petits, étriqués les syndicats peinent à se renouveler et s'enferment dans des luttes d'un autre âge.

à écrit le 02/05/2023 à 12:18
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Ces syndicats s'enferment dans leurs convictions, il faudrait une bonne crise financière, pour qu'ils se réveillent enfin sur la réalité économique de la France, peut-être qu'avec la note AA-, ça va arriver

à écrit le 02/05/2023 à 9:57
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Ce sont toujours les mêmes qui manifestent, et le grand 1er mai mobilisateur et populaire n'a pas vraiment rameuté le vrai peuple, une fois de plus. Une réalité un peu gênante pour les syndicats, les partis populistes et les médias, mais c'est comm...

à écrit le 02/05/2023 à 9:46
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Les syndicats ont tout a perdre en cessant leur action et vraiment rien à gagner à moins d'une dissolution de l'A.N. !

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