Attractivité : Un décideur public sur deux est prêt à refuser un projet au nom de l'environnement (étude)

EXCLUSIF. Selon une étude sur l'attractivité des territoires dévoilée par La Tribune et réalisée auprès de 257 collectivités pour le développeur économique Ancoris et le groupe Scet, filiale de la Caisse des Dépôts, les décideurs publics locaux et les entreprises font encore face à deux freins structurels. Il leur revient donc d'avancer ensemble sur des politiques comme la zéro artificialisation nette (ZAN) des sols. Décryptage.
César Armand
(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration) (Crédits : Philippe Wojazer)

Disponibilité et rétention des talents, inflation, transition écologique et énergétique, zéro artificialisation nette (ZAN) des sols... Pour réindustrialiser le pays, les contraintes ne manquent pas, mais contrairement aux idées reçues, 88% des décideurs publics locaux se déclarent optimistes, voire très optimistes, pour le développement de leur territoire.

C'est du moins la principale conclusion du 5ème baromètre de l'attractivité réalisé auprès de 257 collectivités pour le développeur économique Ancoris et le groupe Scet, filiale de la Caisse des Dépôts, que dévoile aujourd'hui La Tribune.

« Le couple territoire-entreprise sera moteur de toutes ces transitions à condition d'y faire face ensemble », décrypte Guillaume Gady, co-fondateur et directeur général d'Ancoris.

Deux freins

Avec 1.694 projets d'implantation en 2023 contre 1.546 en 2019, avant la crise sanitaire, le nombre de projets d'implantation économique reste en effet dynamique. 9 responsables territoriaux sur 10 considèrent en effet que l'attractivité reste un sujet prioritaire et stratégique pour eux.

A condition de résoudre deux problèmes majeurs : le manque ou le sentiment de manque de solutions d'accueil, foncières et immobilières, ainsi que les contraintes de ressources humaines. 73% des sondés érigent ainsi en principal frein la faible disponibilité du foncier économique et 54% d'entre eux évoquent les difficultés de recrutement qu'ils ont pu rencontrer.

« Après une phase de déni, les secteurs public et privé ont revu leur méthode et passent désormais à la phase des solutions, comme sur la question de l'eau qui relève d'un projet de territoire », explique Christophe Lasnier, directeur général adjoint du groupe Scet.

Le ZAN a été pris à bras-le-corps

Les collectivités locales se montrent ainsi de plus en plus sélectives sur les sujets et sont de plus en plus nombreuses à se dire prêtes à refuser des projets présentant une mauvaise qualité environnementale ou une consommation foncière trop importante.

Tant est si bien que les projets industriels revoient leur superficie. Sur les 392 implantations identifiées en 2023, 29% mesurent entre 0 et 4.999 m², 41% entre 5.000 et 24.999 m², 31% vont au-delà de 25.000 m².

« La ZAN (zéro artificialisation nette des sols) impacte les territoires, les entreprises et les acteurs de l'immobilier, mais tous ont pris ce sujet à bras-le-corps et s'adaptent comme les acteurs de la logistique qui pratiquent la sobriété foncière en menant des opérations de densification », assure Guillaume Gady, co-fondateur et directeur général d'Ancoris.

Penser le temps long

Reste à définir les ingrédients du succès pour ne pas qu'une société reparte avant même d'avoir atterri dans une collectivité territoriale. Pour le directeur général de l'agence d'attractivité Business France, Laurent Saint-Martin, cité par l'étude, les élus locaux doivent avoir « confiance en [leurs] atouts »,« mettre toute [leur] énergie pour bien les recenser », « assumer une stratégie différenciée », « jouer collectif » et « faire le choix du temps long ».

« L'aménagement d'un territoire, ça se pense sur 20 à 30 ans. Nous sommes dans un tel changement de paradigme que le simple regard de court-terme n'apportera aucun changement structurel. C'est très difficile dans un monde où il faut montrer des résultats, mais cela permet de préparer l'écosystème », confirme Christophe Lasnier, directeur général adjoint du groupe Scet.

Les décideurs publics locaux ne disent pas autre chose: 51% d'entre eux estiment que la réindustrialisation étant revenue sur le devant de la scène, ils doivent eux-mêmes engager des efforts pour améliorer la qualité de vie et réfléchir à la sobriété foncière pour renouveler les pratiques. Un sur deux (48%) affirme même qu'il pourrait refuser un projet d'implantation économique si la qualité environnementale n'était pas au rendez-vous.

César Armand
Commentaires 3
à écrit le 22/02/2024 à 12:42
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Logique, on ne demande pas a des financeurs d'anticiper les situations du réel mais faire de l'oseille ! Donc il n'y a pas de doute sur le fait que toutes évolutions ne se fait que rarement par des investisseurs érudits ! Le monde financier actuell...

à écrit le 22/02/2024 à 8:19
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Et donc un sur deux qui soit compromis avec le système politico-financier. Ça fait quand même peur.

à écrit le 21/02/2024 à 19:40
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oui, bon, plus personne ne veut de l'usine qui fume ses metaux lourds, ok.....pour le reste il faut dire ' les politiciens de gauche qui promettent souverainete et reindustrialisation avec des bons emplois bien payes ou on ne travaille pas trop et ou...

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