À quoi va ressembler l'industrie française dans 10 ans ? Après les années de crises récentes, le gouvernement tente de redonner un nouveau souffle au Made in France. Pressé par l'accélération du réchauffement climatique et les bouleversements engendrés par la transition numérique, le ministère des Finances et de l'industrie lance ce lundi une nouvelle mission intitulée « Réussir notre réindustrialisation en 2035 ».
Pour tenter d'y voir plus clair, le gouvernement vient de mandater le spécialiste des politiques industrielles, Olivier Lluansi, pour plancher sur une feuille de route à l'horizon des dix prochaines années. Fin connaisseur des rouages industriels, cet expert doit présenter ses premiers travaux d'ici la fin du premier trimestre 2024. Pour ce faire, il compte bien s'appuyer sur un panel d'économistes et d'industriels.
Les territoires, fers de lance de la réindustrialisation
Meurtris par des décennies de désindustrialisation et de délocalisations, de nombreux départements subissent encore les répercussions délétères des plans sociaux en cascade et des fermetures d'usines à répétition. Face à ce marasme, Olivier Lluansi veut avancer « sur la question des territoires, le Made in France, les innovations incrémentales et frugales ». Déjà en 2018, il avait lancé l'initiative des territoires d'industrie sous le mandat de l'ancien Premier ministre, Edouard Philippe. Six ans plus tard, l'exécutif vient d'annoncer la poursuite de ce programme avec une cinquantaine de territoires supplémentaires éligibles à ce programme d'aides.
Dans sa mission, il n'exclut pas de mettre sur la table la question de « produire en France des produits à moyenne voire faible valeur ajoutée. Dans le cadre de la mission, je souhaiterais poser la question de l'élargissement de la notion de filières stratégiques ou pas. Le vélo, le textile ou l'horlogerie ne sont pas des filières stratégiques. Or, ces secteurs ont d'indéniables potentiels, au niveau national ou d'un territoire ». Après la pandémie, le Made in France a retrouvé de l'intérêt auprès des Français et des investisseurs. Mais les troubles géopolitiques récents (guerre en Ukraine et au Proche Orient) et la crise énergétique de 2022 ont mis à mal les ambitions des industriels
La réindustrialisation, « une course d'obstacles »
Pour stopper l'hémorragie, le gouvernement a lancé de nombreuses initiatives depuis la pandémie. Entre le plan de relance de 100 milliards d'euros, le plan France 2030, la loi industrie verte, l'exécutif compte bien faire de la transition écologique un levier de la réindustrialisation tricolore. Mais, pour l'ancien conseiller de François Hollande à l'Elysée, « la réindustrialisation va être une course d'obstacles ». Il mentionne d'ailleurs l'immense défi de l'énergie décarbonnée.
« La disponibilité d'une énergie compétitive, et notamment d'électricité décarbonée, sera déterminante et les récentes orientations soulèvent de forts doutes parmi les industriels ».
Parmi les autres chantiers à accélérer, il souligne la nécessité d'améliorer l'image de l'industrie auprès des jeunes, de travailler sur la formation et bien prendre en compte les enjeux d'acceptabilité sociale. Autant de défis que le gouvernement devra prendre en compte s'il veut réussir son objectif d'augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut de cinq points dans les années à venir.