L'annonce du résultat du référendum sur le Brexit en juin 2016 n'a pas provoqué de départs massifs de Britanniques vers la France. Selon une étude de l'Insee rendue publique ce jeudi 14 janvier, le nombre d'immigrés en provenance du Royaume-Uni a augmenté de 13% en 2016 pour redescendre l'année d'après et se stabiliser jusqu'en 2019. Après avoir atteint un sommet en 2011 autour de 149.000, le nombre d'immigrés baisse régulièrement pour atteindre 142.000 en 2020.
Le gouvernement français qui espérait profiter d'une vague d'expatriés qualifiés et fortunés suite à la décision du Royaume-Uni de quitter le navire européen, risque d'être déçu. En revanche, le nombre de naturalisations de Britanniques vivant sur le territoire français a bondi après 2016. L'obtention de la citoyenneté française est devenue un graal pour beaucoup de Britanniques après le divorce.
Un ralentissement antérieur au Brexit et à la crise de 2008
La France et le Royaume-Uni ont entretenu pendant longtemps des échanges étroits en raison notamment de leur proximité géographique et de leurs liens historiques. En 2020, environ 142.000 immigrés nés outre-Manche vivaient sur le territoire français contre 19.000 en 1968. Entre ces deux dates, les flux d'arrivées et de sorties ont connu de vastes amplitudes. Ainsi, l'un des principaux facteurs pour expliquer le déferlement important de Britanniques à la fin des années 90 est le cours de la Livre sterling.
"De 1997 à 2007, celui-ci est particulièrement élevé par rapport au franc, puis à l'euro. Durant cette période, une livre s'échange en moyenne contre 1.5 euro, avec un pic entre 2000 et 2002 (1.6 euro). Le cours de la livre chute brutalement en 2008-2009, et entre 2008 et 2019, le taux de change moyen n'est plus que de 1.2 euro, soit une baisse de 20% par rapport à la décennie précédente" expliquent les statisticiens.
Au tournant des années 2000, les arrivées ont fortement augmenté au moment du pic de la Livre. Beaucoup de nouveaux résidants ont profité de cette hausse du pouvoir d'achat pour réaliser des achats immobiliers en France au cours de ces années. Le taux de change a un effet été important sur le porte-monnaie. Ensuite, les flux ont commencé à marquer le pas à partir de 2005. La forte hausse observée à la fin de la décennie 90 et le milieu des années 2000 peut également s'expliquer par "la mise en place de l'espace Schengen , accompagnée de la mise en service de liaisons aériennes régulières à bas coût entre le Royaume-Uni et l'Europe, ou encore de celle du tunnel sous la Manche" qui ont intensifié les échanges entre les deux rives de la Manche.
Forte hausse des naturalisations
Si le Brexit n'a pas provoqué de départs massifs des citoyens britanniques vers l'Hexagone, les demandes de naturalisations ont en revanche décollé. Entre 2009 et 2015, l'administration française recevait en moyenne 300 demandes de naturalisation chaque année. Après la victoire du "Leave", leur nombre est passé à environ 1.700 en 2017, puis 3.300 en 2018 et 4.100 en 2019 et cette tendance ne devrait pas s'arrêter. Ces démarches concernent principalement des personnes d'âge actif entre 15 ans et 64 ans. Pour bénéficier des mêmes droits communautaires en tant que travailleur, les Britanniques doivent désormais faire une demande de titre de séjour depuis le premier janvier 2021.
Un solde migratoire relativement faible
Pour mieux appréhender les phénomènes migratoires, les démographes recommandent souvent de prendre en compte le solde migratoire, c'est à dire la différence entre les arrivées et les départs. L'examen des données statistiques montre que ce solde s'est considérablement réduit entre 2006 et 2019 pour passer de 9.700 à 1.300. Une partie de cette évolution peut sans doute s'expliquer par un nombre de départs de retraités britanniques de la France plus élevé que celui des arrivées. "Les immigrés britanniques de 50 à 64 ans s'installent plus durablement, alors que, depuis 2010, ceux de 65 ans ou plus quittent plus fréquemment la France où ils viennent de s'y installer" complète l'organisme public.