Cadres : la barre des 300.000 recrutements pourrait être à nouveau franchie en 2023

Après un record en 2022, les intentions de recrutement devraient se stabiliser à un niveau élevé en 2023, à plus de 300.000. Malgré une croissance atone, quelques secteurs continuent d'embaucher des cadres à tour de bras. Mais dans plusieurs régions, les entreprises ont réduit la voilure.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Le marché de l'emploi des cadres affiche toujours une santé insolente. Après le très bon cru de l'année 2022, les embauches devraient encore atteindre un sommet cette année.

« Les intentions d'embauches sont à un niveau exceptionnellement élevé en 2023. La guerre en Ukraine et la crise énergétique n'ont pas dissuadé les entreprises d'embaucher des cadres », a déclaré Gilles Gateau, directeur général de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) lors de la présentation de son bilan 2022 et des perspectives 2023*, ce mardi 4 avril.

En 2022, les recrutements de cadres avaient pour la première fois dépasser la barre symbolique des 300.000. Ce seuil pourrait à nouveau être franchi en 2023 avec 308.800 recrutements anticipés contre 308.300 l'année dernière. « On arrive à un plateau de recrutement qui reste très élevé », a ajouté Laetitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l'association.

« Sur les quatre dernières années, plus d'un million de cadres ont été recrutés. C'est un niveau bien supérieur à la période d'avant crise sanitaire », a-t-elle ajouté.

Ces projections sont d'autant plus surprenantes que l'économie française tourne au ralenti. L'Insee et la Banque de France table sur une croissance atone en ce début d'année. Et les créations d'emplois ont nettement marqué le pas en fin d'année 2022. L'emploi salarié a augmenté de 44.000 au quatrième trimestre contre 84.000 au T3, 99.000 au T2 et 109.000 au T1 selon de récents chiffres de l'Insee.

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L'informatique et la recherche et développement en tête

Sans surprise, les secteurs à forte valeur ajoutée dans le tertiaire continuent d'embaucher beaucoup de personnel très qualifié. Au total, « trois fonctions totalisent un recrutement sur deux », a résumé Laetitia Niaudeau. Il s'agit de l'informatique, de la recherche et développement ou encore du conseil.

A l'opposé, l'industrie, le commerce et la construction devraient réduire la voilure. Dans le secteur de la construction, « il y a un effet de retournement de marché ».

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Dans l'industrie, de nombreuses entreprises ont dû réduire la cadence face à l'envolée des prix de l'énergie et des matières premières en 2022. Quant au commerce, les Français ont dû se serrer la ceinture après la flambée de l'indice des prix à la consommation. D'ailleurs Gilles Gateau a expliqué que « l'emploi cadre est actuellement porté par l'investissement et moins par la consommation ».

Les recrutements sont portés par cinq régions.

Derrière cette dynamique nationale, il existe aussi des disparités entre les régions. La région francilienne demeure la place forte des recrutements de cadres dans l'Hexagone avec plus de 150.000 embauches prévues cette année (+3% par rapport à 2022). « Les services à forte valeur ajoutée, surreprésentés dans le tissu économique francilien, apporteraient une contribution décisive à cette progression », souligne l'association. Vient ensuite loin derrière la région Auvergne-Rhône-Alpes avec 33.000 recrutements anticipés (+2%).

Cette région comporte à la fois de nombreuses entreprises dans les services mais aussi des industries de pointe très demandeuses de profils hautement qualifiés. Toujours en termes de dynamique, arrivent enfin, Provence-Alpes Côte d'Azur (+2%) , Pays  de Loire (1%) et Occitanie (1%).  A l'inverse, toutes les autres régions vont connaître un recul des recrutements. Au final, la moyenne tricolore est portée par cinq régions principalement. Le ralentissement prolongé de l'économie française pourrait rapidement changé la conjoncture favorable du marché de l'emploi des cadres.

*Méthode : cette étude repose sur une enquête annuelle, menée auprès d'un échantillon permanent de 8.000 entreprises représentatif de la répartition par région, par taille et secteur d'activités des salariés du secteur privé en France métropolitaine et représentant 1,4 million de salariés dont 333.400 cadres. L'interrogation téléphonique a été confiée à l'institut BVA Inférence et s'est déroulée du 14 novembre 2022 au 24 janvier 2023.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 06/04/2023 à 3:03
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Une brochette de brillants économistes issus d'illustres écoles et d'organismes internationaux reconnaissaient, lors d'une conférence, qu'ils ne comprennent toujours pas cet afflux d'embauches sans causes et perspectives sérieuses de croissance impo...

à écrit le 05/04/2023 à 13:09
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Écran de fumée. Les entreprises préfèrent donner le statut cadre pour activer le forfait jour, et faire faire des heures à rallonge aux employés. C'est juste une manière de déroger aux 35h et baisser le salaire horaire des gens.

le 05/04/2023 à 14:05
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D'accord avec vous je connais des agents de maitrise qui préfèrent être payés en heures sup ( défiscalisées ) plus tôt que d'être cadre .

à écrit le 04/04/2023 à 20:56
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Bonjour, S'est bien beau d'engager des cadres... mais encore faut ils que le ménagement des équipes de travail soit efficaces... Et la ils y a du boulot... Le but de tous cela est d'augmenter la production et la rentabilité...

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