Congrès de Régions de France : Borne en mission câlinothérapie

Intervenant en clôture du congrès de Régions de France ce 16 septembre, la Première ministre a tenu un discours en rupture avec ses prédécesseurs. « Il est de notre devoir d'agir et de réussir ensemble » a martelé Elisabeth Borne. Aussi a-t-elle promis aux présidents de conseil régional un programme de travail partagé et un état des lieux franc et lucide sur les finances locales. Outre ses ambitions sur le plein emploi et la transition écologique, il faudra être « imaginatifs ensemble » sur le ferroviaire, a exhorté la locataire de Matignon. Décryptage.
César Armand
(Crédits : Compte Twitter du Gouvernement)

Les clashs, c'est terminé. Après avoir été « choquées » et « humiliés » par Jean Castex l'an dernier, les régions, réunies en congrès à Vichy ces 15 et 16 septembre, se félicitent du « cadre » posé par la Première ministre.

« Il est de notre devoir d'agir et de réussir ensemble »

Vieille connaissance des conseils régionaux, Elisabeth Borne est en effet venue présenter sa « méthode de travail ». A la différence de son prédécesseur qui avait ironisé sur les finances locales, l'actuelle locataire de Matignon a insisté sur « une nouvelle étape de dialogue renouvelé ».

« Nous devons faire bloc pour trouver des solutions pour les Français. Il est de notre devoir d'agir et de réussir ensemble », a-t-elle martelé.

Dans la continuité du président de la République qui a récemment reçu, et pour la première fois, les trois grandes associations d'élus à l'Elysée, Elisabeth Borne a érigé la « concertation » en maître-mot, annonçant un « dialogue dense et continu sur tous les enjeux » et promettant d'« associer toutes les collectivités ».

Un programme de travail partagé

Un moyen de renouer le lien avec les régions, les départements et les communes qui, dès 2018, avaient quitté, avec fracas, la Conférence nationale des territoires pour s'ériger en opposants farouches au président Macron sous la bannière « Territoires unis ».

Conformément à sa déclaration de politique générale, la Première ministre a également annoncé la construction d'un « agenda territorial » avec « un programme de travail partagé ». Objectif : rien de moins que « ne pas brusquer les acteurs locaux », obtenir « des accords voire des consensus » et apporter « des moyens à la mesure des enjeux ».

Un vrai tournant après les discours parfois arrogants d'Edouard Philippe et de Jean Castex, alors que ces deux derniers sont maires et connaissent bien la réalité des collectivités locales.

Autre « principe » d'action : la différenciation. Conformément à la loi « 3DS » promulguée en janvier 2022, Elisabeth Borne veut permettre aux territoires d'adapter les lois et les réglementations selon leurs spécificités territoriales.

Un état des lieux franc et lucide sur les finances locales

Elle a même prononcé les mots magiques « expérimenter », « innover » et le summum : « nous serons au rendez-vous » et même « nous voulons vous faire confiance ». Un mot qu'attendaient avec impatience les élus après un précédent quinquennat marqué par la défiance réciproque.

En dernier lieu, la locataire de Matignon a déclaré vouloir « partager un état des lieux franc et lucide » sur les finances locales. A dix jours de la présentation du budget 2023 et de la loi de finances pluriannuelle, Elisabeth Borne a « garanti » le panier de ressources des régions. Ces dernières estiment en effet entre 1 à 2 milliards d'euros le coût global de l'inflation du fait de l'explosion des prix des gaz et de l'électricité.

Deux ambitions : le plein emploi et transition écologique

Le cadre posé, la Première ministre a mis les présidents de conseil régional face à leur responsabilité dans l'atteinte des « ambitions » gouvernementales : le plein emploi et la transition écologique.

En termes de formation, d'insertion et d'accompagnement à l'emploi, éclaté entre l'Etat, les conseils départementaux et régionaux, elle a admis que « l'organisation [était] trop complexe ». Elle n'a pas pour autant promis de régionaliser Pôle Emploi, comme en rêvent les présidents de région depuis au moins 2017.

En matière de transition écologique, Elisabeth Borne a enfin levé le voile sur « la planification écologique ». « Ancrée dans les territoires », elle se formalisera « secteur par secteur », « territoire par territoire », avec des « des objectifs, un calendrier des moyens ».

D'ici à la fin du mois, les sujets de l'eau, de la forêt et des énergies renouvelables seront sur la table. Sur le zéro artificialisation nette des sols (ZAN) qui préoccupe les édiles, elle affirme avoir entendu les « inquiétudes » et demandé à son ministre concerné - Christophe Béchu - d'engager un dialogue sur la « définition » du sujet.

« Que ce travail aboutisse d'ici à la fin de l'année » a-t-elle mis en garde, alors que la grogne monte au Sénat comme chez les maires pour concilier économie et écologie.

« Imaginatifs ensemble » sur le ferroviaire

Ancienne directrice de la stratégie de la SNCF (2002-2007) et ex-patronne de la RATP (2015-2017), la locataire de Matignon a eu un dernier mot sur le ferroviaire, grande source d'inquiétude chez les patrons de conseil régional.

Hôte de l'événement, le président (LR) de l'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez estime que le déficit de régénération du réseau ferré sera le prochain « cataclysme » après celui du nucléaire.

Sur ce point, Elisabeth Borne a été floue, estimant que l'exécutif et les édiles pouvaient être « imaginatifs ensemble pour relever le défi ». A la sortie, la présidente (PS) des Régions de France, Carole Delga, se montrait toutefois confiante : « elle a entendu notre demande d'un plan d'investissement budgétaire amélioré ».

Plein emploi, transition écologique et énergétique, ferroviaire... Les défis ne manquent pas et pour les relever, le gouvernement et les régions vont devoir continuer à travailler ensemble. Et ce même si la Première ministre n'a pas prononcé une seule fois leur substantif préféré : « décentralisation ».

César Armand
Commentaires 3
à écrit le 19/09/2022 à 11:35
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Quand va-t on remettre en cause les régions pour les faire coïncider à leurs intérêts ? Elles ne doivent pas servir uniquement pour faire éclater la France et construire une "Europe" artificielle !

à écrit le 18/09/2022 à 9:35
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pas surpris de l'etat de la france quand m gallois vient exprimer en 2022 que la france doit investir dans des cental aux gaz et c'est parait il un grand patron visionnaire on contate le resultat plus d'industrie pays dependant de toute les autre...

à écrit le 17/09/2022 à 12:40
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a la vue de cette photo, on comprend vite qu 'on n a pas fini de manger du pain sec

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