Le taux de chômage devrait repartir à la hausse en 2023 (Banque de France)

La croissance du PIB devrait augmenter de 0,3% en 2023 selon le scénario central de la Banque de France contre 0,5% en septembre dernier. L'inflation (Indice des prix à la consommation harmonisé, IPCH) devrait culminer à 6% en France. Quant au chômage, il pourrait atteindre 7,5% de la population active, contre 7,3% en 2002, puis 8,2% en 2024, une courbe inverse à celle espérée par le gouvernement à l'issue du quinquennat. Explications.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

L'économie française entre dans un hiver long et glacial. Entre la baisse des températures, la flambée des prix de l'énergie, les possibles coupures d'électricité et de gaz, les voyants passent au rouge. L'activité des entreprises tourne au ralenti depuis maintenant plusieurs mois et les ménages doivent toujours se serrer la ceinture à l'approche des fêtes de fin d'année. Dans ce contexte troublé, la Banque de France table sur une prévision de croissance de 0,3% pour l'année 2023. Après un fort rebond post pandémie en 2021 à 6,8%, l'activité tricolore a freiné tout au long de l'année 2022 marquée par l'éclatement de la guerre en Ukraine et une crise énergétique foudroyante sur l'ensemble du Vieux continent. « On n'exclut pas pas une récession. Mais s'il y a une récession, elle sera légère et temporaire », a prévenu le directeur des études Olivier Garnier lors d'un point presse ce vendredi 15 décembre.

De son côté, l'Insee n'a pas évoqué de croissance négative sur deux trimestres consécutifs sur le premier semestre 2023 lors de son dernier point de conjoncture à la mi-décembre. Mais de nombreux aléas pourraient encore assombrir l'horizon économique. Beaucoup d'incertitudes planent au-dessus des effets du resserrement de la politique monétaire, de l'évolution de la situation géopolitique en Europe et du redémarrage de l'activité économique en Chine.

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Remontée du chômage en 2023

Après plusieurs années de baisses consécutives, le taux de chômage repartirait à la hausse à partir de l'année prochaine. La Banque de France table désormais sur une augmentation du chômage rapporté à la population active passant de 7,3% à 7,5% entre 2022 et 2023, puis 8,2% en 2024. Une courbe inverse à celle espérée par le gouvernement qui vise le plein emploi au cours du quinquennat.

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Lors de ses prévisions d'automne, les conjoncturistes tablaient sur un chômage de 7,5% l'année prochaine. Le rythme des créations d'emplois risque de s'effondrer, passant de 647.000 en 2022 à 58.000 en 2023.

L'économie française devrait créer 11 fois moins d'emplois en 2023 par rapport à 2022. Cette chute de l'emploi s'expliquerait en grande partie par un coup de frein de l'activité. En effet, le prolongement de la chute de la consommation et de la demande risque d'assombrir les perspectives dans un grand nombre d'entreprises. Résultat, les dirigeants pourraient mettre un coup d'arrêt aux embauches, voire tailler dans leurs effectifs si une récession se concrétise au premier trimestre 2023.

Une inflation à 6% en 2023 comme en 2022

La poussée de fièvre sur les prix risque de se prolonger en 2023. La Banque de France prévoit désormais un rythme d'inflation de 6% en 2023 comparable à celui de 2022. Pour rappel, la banque centrale calcule l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) utilisé par Eurostat afin de faire des comparaisons européennes. Par rapport à septembre dernier, les économistes ont légèrement révisé à la hausse leurs chiffres de 2022 (+0,2 point) et plus fortement ceux de 2023 (+1,3 point). Comment expliquer une telle révision pour 2023 ? « L'inflation est un peu plus haute que ce qui était prévu en septembre dernier. Le retour à l'horizon de 2% (NDRL ; l'objectif de la BCE) se fera en 2024-2025, a souligné Olivier Garnier. Les prix de l'énergie devraient décroître mais ils devraient rester à un niveau supérieur à la période d'avant crise au moins jusqu'en 2025 [...] Au cours de l'année 2022, la hausse des prix de l'alimentation nous a surpris. En 2023, la contribution de la hausse des prix de l'alimentation à l'inflation pourrait être plus forte que celle de l'énergie », a poursuivi l'économiste. Comme l'Insee, la Banque de France estime que l'envolée des prix de l'alimentaire va prendre le relai des prix de l'énergie dans la montée de l'indice général des prix à la consommation.

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Baisse du pouvoir d'achat en 2022 et 2023

L'inflation devrait encore peser encore sur le porte-monnaie des Français. La Banque de France anticipe une baisse du pouvoir d'achat des Français en 2022 (-0,6%) et 2023 (-0,4%). Compte tenu de l'envolée des prix et de la désindexation des salaires sur l'inflation, de nombreux salariés du secteur privé enregistrent une chute de leurs revenus issus de leur activité professionnelle, à l'exception des salariés au SMIC. Depuis les années 80, seuls les travailleurs payés au salaire minimum connaissent des hausses de salaires indexées sur l'indice général des prix.

Dans la fonction publique, le dégel du point d'indice (+3,5%) ne devrait pas permettre de compenser l'inflation prévue à 6%. Cette hausse générale masque d'ailleurs des disparités en fonction du poids de l'énergie et de l'alimentaire dans le budget des ménages. Dans ce contexte, la consommation, traditionnel moteur de la croissance tricolore, ne devrait progresser que très peu (+0,3%) en 2023. Et les ménages devraient continuer d'épargner une bonne partie de leurs revenus face à tous les aléas. La Banque de France table sur un taux d'épargne de 16,4% encore supérieur à son niveau d'avant crise sanitaire (autour de 15%).

Entreprises : baisse du taux de marge comparable en 2023

Le taux de marge des entreprises s'est relativement maintenu en 2022 à 31,4% soit un niveau comparable à son niveau d'avant crise sanitaire (31,5% en 2018). Pour rappel, le double effet CICE dont ont bénéficié les entreprises en 2019 rend les comparaisons des taux de marge plus difficiles avec 2019 (34,2%).

Par rapport à 2022, la Banque centrale anticipe pour 2023 une baisse du taux de marge d'un point à 30,5%. Cette érosion devrait cependant être plus faible que lors des différents chocs pétroliers des années 70. A l'époque, ce pourcentage avait chuté de 4 points, rappellent les économistes dans leur bulletin de prévision.

Grégoire Normand
Commentaires 14
à écrit le 19/12/2022 à 10:45
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On pourrait tout aussi bien défendre l'idée que l'écoresponsabilité est u masque pour une pensée néo-marxiste qui voudrait à nouveau pouvoir imposer une "transformation profonde de nos habitudes", comme dans l'URSS de 1917, cette fois en se saisissan...

à écrit le 19/12/2022 à 10:25
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C'est comme un gros éléphant, lourd mais d'un autre côté si gracile... il en est de même pour Babar bien que j'ai toujours préféré Guignol que j'allais voir au Théâtre de marionnettes du Jardin du Luxembour. Et vous y alliez-vous ?

à écrit le 19/12/2022 à 10:14
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L’ancien financier devenu Premier ministre doit redescendre sur terre. Ce n’est pas avec 1.200 militaires et 1.000 fonctionnaires réquisitionnés qu’il va faire fonctionner les services publics britanniques en grève. Ce n’est rien de plus que de la ge...

à écrit le 19/12/2022 à 10:13
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Merci Messieurs les Anglais ! Grâce à votre Brexit, cette idée est dorénavant sortie de la tête de tout europhobe. Qui l’eu cru qu’au final le Brexit aurait renforcé la notion d’Europe ?

à écrit le 19/12/2022 à 10:12
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Le Brexit les a liquidé, une nostalgie d'empire dont la seule action a été de remplacer la couleur des passeports pour perdre 40% de son revenu avec son principal client, des promesses populistes ou le NHS reçoit 350 millions, un pays qui mendie en c...

à écrit le 19/12/2022 à 10:11
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"la transition ne se fera pas" : Jolie photo, sinon

à écrit le 19/12/2022 à 10:07
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Comme vous madame, je n'avais pas entendu parler des ces arrachages et comme vous je crois que les produits sanitaires augmentent aussi pour ma part je n'utilise plus que les toilettes publiques. Mais contrairement à vous je préfère encore et toujour...

à écrit le 18/12/2022 à 15:05
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Merci Macron... continue à distribuer l'argent gratuit..

à écrit le 18/12/2022 à 12:44
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La France, seule exception en Europe a une économie basée sur la sur-consommation et le double déficit commercial et budgetaire. Tant qu'on ne retrouvera pas la compétitivité et l'envie d'entreprendre et innover (et don l'équilibre commercial) la ba...

le 19/12/2022 à 10:02
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Les dragons n'existent pas ! La preuve ? Même ceux qui en ont vu ne sont pas certains que cela en soit...

le 19/12/2022 à 10:09
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Madame, pourquoi ne penser qu'à l'allaitement au sein ?! Dans certains pays (Asie) les parents donnent du lait de soja ou d'amandes à leur bébé. Et ils n'en sortent pas moins bien. Mieux peut-être qu'en on constate le nombre de jeunes délinquants che...

à écrit le 18/12/2022 à 10:51
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Compte tenu du niveau des retraites à venir, de nombreux travailleurs doivent économiser comme des malades pour éviter de sombrer à l'avenir.

le 18/12/2022 à 22:49
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Sans aucune réforme, on continuera à partir à 62 ans, mais effectivement la pension qui est sur une pente descendante depuis une vingtaine d'année ne pourra que diminuer, car le ratio actif sur retraité se rapproche dangereusement de 1.

le 19/12/2022 à 14:44
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On pourrait tout aussi bien défendre l'idée que l'écoresponsabilité est u masque pour une pensée néo-marxiste qui voudrait à nouveau pouvoir imposer une "transformation profonde de nos habitudes", comme dans l'URSS de 1917, cette fois en se saisissan...

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