Croissance, inflation, réformes : le Haut conseil des finances publiques tacle l'optimisme du gouvernement

Dans un avis envoyé au gouvernement, le Haut conseil des finances publiques, rattaché à la Cour des comptes, étrille les prévisions de croissance et d'inflation de l'exécutif présentées dans le dernier budget rectificatif 2022. Il n'épargne pas non plus le programme de stabilité pour les cinq prochaines années.
Grégoire Normand
Pierre Moscovici est le président du Haut conseil pour les finances publiques.
Pierre Moscovici est le président du Haut conseil pour les finances publiques. (Crédits : Reuters)

Après moults reports, le gouvernement a enfin dévoilé le document de son programme de stabilité qu'il doit envoyer à Bruxelles, à l'issue du dernier conseil des ministres ce vendredi 29 juillet avant la trêve du mois d'août. Dans ce document établi avec des pincettes par la direction générale du Trésor et relu par l'Elysée, le gouvernement table sur une croissance de 2,5% en 2022 et une inflation à 5%. A moyen terme, la croissance s'établirait à 1,3% en 2023, puis augmenterait passant de 1,6% à 1,8% entre 2024 et 2027. Quant à l'inflation, elle redescendrait à 3,2% en 2023, 1,9% en 2024 et 1,75% en 2025.

A quelques heures d'intervalles, le Haut conseil des finances publiques, présidé par Pierre Moscovici n'a pas hésité à tacler ces prévisions du gouvernement. "Le Haut conseil a été saisi des prévisions macroéconomiques associées au programme de stabilité près de trois mois après la date normale, au-delà même du calendrier électoral. Malgré ce délai inhabituel, le projet qui lui a été soumis présente de nombreuses faiblesses", pointe l'institution dans un avis dévoilé ce vendredi. De son côté, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a défendu vendredi les prévisions économiques et la trajectoire budgétaire "crédibles et sérieuses" du gouvernement pour les cinq prochaines années, après cette averse de critiques.

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Prévisions optimistes sur la croissance

Le Haut conseil des finances publiques étrille les prévisions du scénario macroéconomique de Bercy. "La prévision de croissance du Gouvernement pour 2022 (+2,5 %) n'est pas hors d'atteinte mais est un peu élevée. Il estime que c'est aussi le cas de celle pour 2023 présentée dans le programme de stabilité (+1,4 %)" souligne les magistrats.

Compte tenu des différents résultats obtenus par les principaux organismes de prévision en France (OFCE, Rexecode, Insee) et à l'international (OCDE et FMI), le chiffre de 2,5% est effectivement le plus optimiste. Le HCFP évoque notamment les nombreux risques baissiers qui planent sur l'activité. Entre le resserrement monétaire de la Banque centrale européenne, la menace d'une coupure de gaz russe,  l'instabilité financière en Italie, les mauvais signaux se multiplient pour la fin de l'année 2022.

....et l'inflation

Concernant l'inflation pour 2022 (5%), les experts estiment que la projection du gouvernement "paraît un peu faible". Là encore, les prévisions d'inflation établies par les autres instituts de conjoncture indiquent que celle de l'exécutif est inférieure à toutes les autres (Banque de France, Rexecode, OFCE, Consensus Forecast). Sur l'indice des prix à la consommation, il est encore difficile à ce stade d'y voir très clair pour la fin de l'année. En juillet, l'inflation a pulvérisé un record vieux de 37 ans à 6,1% en glissement annuel.

Une grande partie de cette inflation va dépendre de l'issue de la crise énergétique en cours sur la question brûlante du gaz russe. Si la France est relativement moins exposée que beaucoup d'autres Etats européens, l'Allemagne pourrait en revanche subir des pertes substantielles d'activité compte tenu du poids de l'industrie dans le PIB. En raison de l'interdépendance entre les Etats européens, la France serait tout de même affectée par cette coupure.

Un impact des réformes "surestimé"

Retraites, assurance-chômage, RSA, France Travail...lors de la campagne présidentielle, le candidat Macron avait dressé la liste des vastes chantiers prévus pour les cinq prochaines années. Derrière ces réformes, le chef de l'Etat veut montrer que le mot "travail" est la valeur cardinale de son programme. En mettant en place toutes ces réformes, il a promis d'atteindre "le plein emploi" d'ici 2027.

Dans son avis, cet organisme placé auprès de la Cour des comptes juqe que "l'impact de ces réformes paraît nettement surestimé puisqu'il est présumé se manifester dès 2023, alors que toutes les réformes comparables entreprises dans le passé ont non seulement nécessité du temps pour leur formalisation et leur mise en œuvre mais également pour produire des effets durables sur la population effectivement en emploi".

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Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 30/07/2022 à 16:32
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Bonjour, j'aime beaucoup Mr Moscovici car lorsqu'ils était commissaire européen, ils n'a jamais rien dit à la politique de Mr haulland , ils dois avoir une maladie dégénérative... Ou alors toute est bon pour faire parler de sois..

à écrit le 30/07/2022 à 8:49
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Le double langage fait parti de leur politique, il faut contenter le quidam français et la commission de Bruxelles!

à écrit le 29/07/2022 à 19:21
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Ce type de prévision ne devraient émaner que d'une seule source indépendante du pouvoir en place. Le gouvernement devrait ensuite se ranger derrière les indicateurs retenues et au besoin ajuster sa politique en conséquence de ses engagements. Ce jeu ...

à écrit le 29/07/2022 à 19:21
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Ce monsieur sait très bien qu'il y a un double langage, l'un pour le quidam français, l'autre pour la Commission de Bruxelles! Rien de mieux pour faire pression sur les populations!

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