David Lisnard ou Philippe Laurent ? Duel pour prendre la tête de la puissante Association des maires de France

Alors que le président actuel (LR) de l’Association des maires de France, François Baroin, adoube David Lisnard, le maire (LR) de Cannes, comme son successeur, le maire (UDI) de Sceaux, Philippe Laurent, annonce aujourd’hui briguer le même poste de président. Un duel annoncé dans un contexte de volonté des élus de tout échelon d'obtenir davantage de décentralisation et alors que les relations entre l’État et les maires se sont sensiblement tendues.
De gauche à droite: David Lisnard, maire (LR) de Cannes, et Philippe Laurent, maire (UDI) de Sceaux, désormais rivaux pour succéder, en novembre, à François Baroin à la présidence de l'Association des maires de France.
De gauche à droite: David Lisnard, maire (LR) de Cannes, et Philippe Laurent, maire (UDI) de Sceaux, désormais rivaux pour succéder, en novembre, à François Baroin à la présidence de l'Association des maires de France. (Crédits : DR)

Elle est considérée comme l'une des associations d'élus la plus puissante de l'Hexagone. L'Association des maires de France (AMF), présidée depuis sept ans par le premier magistrat de Troyes, François Baroin, se dotera en novembre prochain d'un nouveau président.

Et pour lui succéder, François Baroin lui-même désigne celui qu'il estime le plus à même de mener la tâche de représentation des maires de France, en citant nommément David Lisnard dans un communiqué diffusé ce 25 août.

Lisnard, le méthodique

Maire de Cannes, président de l'intercommunalité Cannes Pays de Lérins, vice-président du département des Alpes-Maritimes, président du comité régional du tourisme (CRT) Côte d'Azur France, celui qui a été le directeur de cabinet de Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France de 2004 à 2014, est depuis ces derniers mois, par ses prises de position et ses critiques sur l'exécutif concernant la gestion de la dette publique notamment ou le contexte lié au Covid, l'homme qui monte et que beaucoup rêvent comme un candidat idéal à la présidence de la République en 2022. La création de son propre mouvement politique, Nouvelle Énergie, en juillet dernier, n'a fait que conforter l'idée selon laquelle David Lisnard était la solution à droite.

Maire - il a été réélu pour un second mandat en 2020 - après avoir été premier adjoint, ferme dans ses prises de position, David Lisnard, c'est une méthode, une vision qu'il a déclinée dans au moins deux ouvrages, l'un co-écrit avec Jean-Michel Arnaud, Refaire communauté - Pour en finir avec l'incivisme (Hermann) paru en 2018, l'autre, publié avec Christophe Tardieu, La culture nous sauvera (Éditions de l'Observatoire) en 2021. Acharné au travail - certains pourraient dire qu'il est hyperactif -, il a su également faire des réseaux sociaux un outil de communication qu'il veut transparent de son action au quotidien, n'hésitant pas à partager les dossiers du jour, ses tournées de terrain, ses questionnements aussi parfois, ses convictions également.

Sur la présidence de l'Association des maires de France (AMF), lui qui en est le vice-président actuel, David Lisnard rappelle que l'élection doit encore avoir lieu et que, donc, rien n'est joué d'avance. Il devra en effet compter sur la candidature rivale de Philippe Laurent, maire (UDI) de Sceaux et secrétaire général de l'AMF. Ce dernier vient de se déclarer candidat lors de l'assemblée générale des maires de Corrèze, terre de Jacques Chirac, François Hollande et... Valérie Pécresse.

Laurent, en embuscade

"Ils [François Baroin et David Lisnard] n'ont pas respecté les codes de la politique à l'ancienne. Nous aurions pu en discuter. Ils nous mettent devant le fait accompli", confie Philippe Laurent à "La Tribune".

Maire (UDI) de Sceaux et auteur du livre (à paraître le 2 septembre) intitulé Maires de toutes les batailles - En finir avec l'hypocrisie décentralisatrice (Éditions de l'Aube), préfacé par le président (LR) du Sénat Gérard Larcher, le centriste considère que "le bonneteau institutionnel auquel l'État s'est prêté depuis quarante ans a conduit à une sorte d'euthanasie des maires, amputés de leur pouvoir et soumis à une pression bureaucratique de plus en plus rude".

Le projet de loi ex-"4D", pour différenciation, décentralisation, déconcentration et décomplexification, désormais renommé "3DS", en cours d'examen au Parlement, ne satisfait pas non plus le concurrent de David Lisnard. Pour Philippe Laurent, "l'exécutif, à travers cette hypocrisie décentralisatrice, pensait préserver son pouvoir. Il a en réalité créé les conditions de son impuissance. Entre concentration du pouvoir central et assèchement du pouvoir local, c'est ainsi tout l'édifice qui se trouve aujourd'hui «empêché», de la base au sommet".

Habitué à travailler avec la ministre de la Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin sous sa casquette de président du Centre national de la fonction publique territoriale (CNPFT, qui accompagne 2 millions de fonctionnaires), il poursuivra le dialogue avec le gouvernement.

"On ne peut pas être en permanence dans des postures politiciennes", déclare-t-il, comme un tacle glissé au maire de Cannes. "On ne peut pas être dans une démarche pour servir sa carrière personnelle", assène-t-il encore, en référence à l'hypothèse présidentielle concernant David Lisnard.

S'il devient président de l'Association des maires de France, Philippe Laurent poursuivra par ailleurs la collaboration avec l'Assemblée des départements de France (ADF) et l'association Régions de France, déjà rassemblées avec l'AMF sous la bannière "Territoires unis". Philippe Laurent veut également "rééquilibrer" les relations avec les autres associations du bloc local : France urbaine, l'Association des petites villes de France (APVF), l'Association des maires ruraux (AMRF), Villes de France (villes moyennes), et l'Assemblée des communautés de France (AdCF, intercommunalités).

"Je suis le seul à les avoir réunis sur les finances : François Rebsamen (Dijon, France urbaine), Sébastien Miossec (Quimperlé communauté, AdCF)... Ils viennent tous en visio ou en présentiel, à tel point que parfois, nous signons des communiqués communs", assure encore Philippe Laurent.

Deux candidats pour un fauteuil. Reste à voir s'ils se mettront d'accord avant l'élection de novembre ou si chacun devra faire le plein de voix d'ici au congrès. Toujours est-il que des élus de droite, proches d'Emmanuel Macron et/ou d'Édouard Philippe, font déjà savoir, en off, qu'ils seraient prêts à quitter la puissante Association des maires de France si David Lisnard est élu. En revanche, dans le monde économique, on se dit très favorable à la candidature du maire de Cannes. Ambiance...

Commentaires 2
à écrit le 27/08/2021 à 4:07
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La politique en france avec un petit f. Panier de crabes bien nourris.

à écrit le 26/08/2021 à 15:45
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Aucun pouvoir ne pèse face à la finance "la main qui donne est au dessus de celle qui reçoit" Napoléon et c'est bien la toute la misère de notre monde.

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