Dix ans après sa création, le RSA affiche un bilan contrasté

Le premier juin 2009, le commissaire aux solidarités Martin Hirsch généralisait le revenu de solidarité active (RSA) à l'ensemble des départements. Ce dispositif qui devait servir à lutter contre la pauvreté et à favoriser le retour à l'emploi est loin d'avoir fait ses preuves. À partir du lundi 3 juin, des membres du gouvernement vont plancher sur le revenu universel d'activité (RUA) qui pourrait fusionner plusieurs prestations sociales, dont le RSA, à partir de 2020.
Grégoire Normand
Le montant du RSA pour une personne seule est de 559,74 euros actuellement.
Le montant du RSA pour une personne seule est de 559,74 euros actuellement. (Crédits : Charles Platiau)

Le RSA va souffler sa dixième bougie ce week-end. Le premier juin 2009, le revenu de solidarité active était étendu à l'ensemble du territoire français. Ce dispositif, venu remplacer le revenu minimum d'insertion (RMI) lancé par Michel Rocard en 1990, est loin d'avoir fait l'unanimité. Défendu par Martin Hirsch sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le RSA devait devenir l'outil principal du combat contre la pauvreté en France et faciliter la réinsertion professionnelle. 10 ans après sa mise en place, ce double objectif est loin d'être atteint.

Si la crise économique a contribué a plonger des personnes déjà fragilisées dans la pauvreté, elle n'a pas facilité non plus la mise en oeuvre de cette réforme à haut risque. La loi précisant les contours du RSA avait pour objectif  "d'assurer à ses bénéficiaires des moyens convenables d'existence, afin de lutter contre la pauvreté, d'encourager l'exercice ou le retour à une activité professionnelle et d'aider à l'insertion sociale des bénéficiaires".

Près de 9 millions de pauvres dix ans après la crise

La pauvreté est loin d'être un épiphénomène en France. Selon des estimations de l'Insee publiée à l'automne dernier, 8,8 millions de personnes étaient en situation de pauvreté en 2017. Le taux de pauvreté monétaire s'établissait à 14% de la population française contre 13% avant la crise. L'embellie économique de 2017 n'a pas permis non plus de mettre un coup d'arrêt à ce fléau. Si la légère dégradation du taux de pauvreté n'est pas imputable uniquement au RSA, ce revenu n'est pas parvenu à réduire la proportion de pauvres dans la population française sachant que le nombre de bénéficiaires du RSA ne baisse pas significativement selon les chiffres de la CAF (1,8 millions de foyers en bénéficient). En 2013 déjà, plusieurs universitaires et chercheurs avaient pointé les limites du RSA à faire baisser la pauvreté dans une note du centre d'études de l'emploi (CEE).

"Le RSA s'est révélé impuissant à réduire significativement la pauvreté. Faute de résultats probants, l'indicateur qui mesure la sortie de la pauvreté a d'ailleurs disparu, signant l'abandon de l'objectif initial."

> Lire aussi : Dix ans après la crise, la France compte près de 9 millions de pauvres

Une trajectoire semée d'embûches

Par ailleurs, les promoteurs du RSA voulaient réduire la pauvreté en mettant fin à "la trappe à inactivité" des prestations sociales mais les évaluations opérées montrent que cet objectif est loin d'être atteint. Ainsi, les bénéficiaires auraient dû suivre une trajectoire favorable en passant du RSA socle au RSA activité puis retrouver une activité régulière qui leur aurait permis de dépasser le montant du revenu versé par les CAF. En réalité ce parcours est resté une exception. Toujours selon les travaux précités,

"Le RSA reproduit le principal défaut qui condamnait le RMI : 69 % des bénéficiaires du RSA-socle seul en janvier 2010 y sont toujours en décembre 2010 et 15 % sont sortis du dispositif sans passer par le RSA-activité. À l'autre extrémité du parcours, les deux tiers des bénéficiaires du RSA-activité seul en janvier 2010 changent de situation dans l'année mais en « retombant » au RSA-socle dans un tiers des cas".

Le RSA activité critiqué et remplacé

Sur le volet du retour à l'emploi et de l'insertion, l'efficacité du RSA activité a largement été critiquée par un bon nombre d'économistes et sociologues. L'une des explications souvent annoncée pour comprendre son échec est le taux de non recours. Un rapport du ministère de la Santé publié en 2017 expliquait que le RSA activité était "caractérisé par une montée en charge jugée insuffisante avec un taux de recours très faible d'environ 32%. Cela était lié d'une part à sa complexité et d'autre part à son caractère stigmatisant. Le RSA activité était en effet associé par ses potentiels bénéficiaires au RSA socle, revenu minimum garanti aux personnes sans ressource : une personne en activité pouvait estimer ne pas relever d'un tel dispositif".

> Lire aussi : Prime d'activité : quel impact sur l'emploi ?

Après cette déroute, le RSA activité et la prime pour l'emploi (PPE) ont été remplacés par la prime d'activité qui bénéficie d'un recours beaucoup plus important. Rien qu'en 2016, ce taux dépassait 70% en moyenne pour chaque trimestre avec "un ciblage sur les foyers modestes qui permet d'agir efficacement contre la pauvreté", expliquaient les auteurs du document. A la recherche d'économies en 2018, le gouvernement avait étudié l'efficience de la prime d'activité. Avec la crise des "gilets jaunes", l'exécutif a fait marche arrière en annonçant une hausse accélérée de la prime d'activité et son extension pour les travailleurs modestes à partir du premier janvier dernier. L'objectif était"qu"un million de ménages supplémentaires puisse en bénéficier".

Vers un revenu universel d'activité ?

Face à toutes ces difficultés, le gouvernement a commencé à travailler depuis plusieurs mois sur le futur revenu universel d'activité (RUA). Cette nouvelle prestation promise par Emmanuel Macron dans son plan de lutte contre la pauvreté doit faire l'objet d'un projet de loi en 2020. Dans un communiqué, la secrétaire d'Etat qui a piloté les premiers travaux techniques, Christelle Dubos, a expliqué

"Le revenu universel d'activité doit garantir la lisibilité et l'équité de notre système de protection sociale qui, généreux, est devenu aussi trop complexe. Il doit surtout répondre à une exigence incontournable : permettre de lutter efficacement contre la pauvreté en demeurant incitatif à une reprise d'activité par ses bénéficiaires".

A minima "le RUA inclura le RSA, les aides au logement et la prime d'activité, mais "tous les scénarios seront posés sur la table" en vue d'y inclure éventuellement des prestations supplémentaires, avait détaillé Mme Dubos d'après des propos rapportés par l'AFP. A partir de ce lundi 3 juin, une réunion doit avoir lieu au ministère de la Santé entre plusieurs membres du gouvernement pour avancer sur ce vaste chantier.

> Lire notre grand format : Le revenu universel, une fausse bonne idée ?

Grégoire Normand
Commentaires 23
à écrit le 02/06/2019 à 19:23
Signaler
C'est Mr Xavier Bertrand qui était acharné à remplacer le RMI par le RSA, moyennant CSG sur les revenus du patrimoine bondissant de 15.8% à 17.2% Escroquerie- Mensonge : Mais à la charge totale des départements. En dépit de mon calme et ma po...

à écrit le 02/06/2019 à 15:57
Signaler
Changer la «  loi des reversions de pension en le passant à 55 ans » ( merci au PS, Ump...)comme si la mort dit qu’elle vient en étant jeune .... démunir les populations actives , les familles face aux aléas de la vie... de l’autre coté des procès en...

à écrit le 01/06/2019 à 12:17
Signaler
Le pervers narcissique des qu’il est découvert : il fuit ... de toutes les conversations .

le 01/06/2019 à 12:29
Signaler
Et ça le dérange nullement de changer les pseudos des autres ou de revenir avec un autre pseudo . Par éthique en ligne ça serait bien de bloquer les applications à un «  seul pseudo » pour les réseaux sociaux , c’est mieux pour la protection au sein ...

à écrit le 01/06/2019 à 12:09
Signaler
La perversion narcissique est une maladie incurable et plus grave que la mégalomanie temporaire ;-) Ma vie m’appartient et ce ne regarde personne , trouver des points faibles pour blesser les autres est typiquement une attitude de pervers narcissiqu...

le 01/06/2019 à 13:07
Signaler
Le fait que j’ai invité M.Hirsch à prendre ses responsabilités est dans un «  cadre social «  pour lui faire comprendre les conséquences de leurs choix sur la société , pour faire changer les «  choses » pour les rendre plus juste et plus supportabl...

à écrit le 01/06/2019 à 11:45
Signaler
Et si je peux pas répondre au citoyen néolibéral vous virez mon commentaire svp ! Je prends de l'avance... -_-

à écrit le 01/06/2019 à 8:23
Signaler
Le RSA est le préambule au revenu universel pour tous,seule mesure capable de retisser le lien social dans une société brisée par le néo libéralisme

le 01/06/2019 à 10:33
Signaler
C’est à tous les tordus de PS que nous devons cette situation pré- antique en France , à cause du PS la France a régresser pendant que les Élus n’ont pas hésiter à profiter de l’argent publique pour faire des voyages et autres ... bref une honte pour...

à écrit le 01/06/2019 à 0:41
Signaler
J’invite M.Hirsch à prendre responsabilités de ses actions : Les «  conséquences du RSA » Les personnes ( européens )qui n’ont jamais cotisé et travaillé un seul jour en France ont droit à cette «  mesure » Des jeunes mère déscolarisées ont droit ...

à écrit le 31/05/2019 à 19:25
Signaler
Il faudrait réformer le système de solidarité : Pour qui ,comment et pourquoi ? Poser un cadre strict , avec un suivi psychologique, juridique, social et financier.ça devrait être une couverture de survie , de première urgence et nous savons tous q...

à écrit le 31/05/2019 à 18:43
Signaler
Est ce que on a le droit au RSA meme si on est propetaire d'un immeuble de n'importe pas quel valeur? C'est vrai?

le 31/05/2019 à 19:21
Signaler
Pourquoi «  on » ? C’est qui «  on »? C’est une tentative de manipulation ? Comme je disais : «  le RSA » est l’alibi des financiers - politiciens pour ne pas «  donner » le vrai droit des citoyens qui ont cotisé à la «  sueur de leur front «  Une sp...

à écrit le 31/05/2019 à 18:18
Signaler
"Défendu par Martin Hirsch sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le RSA devait devenir l'outil principal du combat contre la pauvreté en France". Même période : Un vent de panique est en train de souffler sur le Revenu de solidarité active (R...

le 31/05/2019 à 18:56
Signaler
2014-2015 Le conseil constitutionnel à supprimer la pension de réversion pour les veufs et veuves qui se retrouvent sans emploi et ressources , pour certains ils sont «  endetter «  pour payer leur résidence principale ? D’après vous que se passe ...

à écrit le 31/05/2019 à 17:28
Signaler
Vous avez «  vu » déjà un outil diminuer la «  précarité « ? De RSA à RUA ... parallèle à RUE... la frontière est faible de RSA à la RUE... La rue que certains malheureusement connaît... A mon avis les aides sociaux c’est un projet de longue halein...

à écrit le 31/05/2019 à 16:48
Signaler
Ce ne sont que de bonnes intentions électoralistes qui ne sont pas appliquées (idéologie de l'état ?). Une demande d'allocation doit être réitérée périodiquement (non recours au RSA et CMU de 30%, c'est assez explicite), alors que les prestations dev...

le 01/06/2019 à 8:40
Signaler
Encore une vision délirante de la situation française. La France c'est 1% de la population mondiale, 3% du PIB mondial et 15% des transferts sociaux mondiaux: Ce n'est peut être pas assez pour certains mais c'est limite suicidaire pour notre économie...

le 02/06/2019 à 13:36
Signaler
Ce qui est suicidaire pour notre pays, c'est que l'administration créer ses propres règlements et formulaires abscons qui freinent l'action du gouvernement (c'est un état dans l'état), et qui sert à simplement justifier la présence du nombre extravag...

à écrit le 31/05/2019 à 15:45
Signaler
Pour les Francais qui passent du temps de l'autre coté de la Méditerranée ou en Thailande, le RSA c'est byzance.

le 31/05/2019 à 20:29
Signaler
Oui car la valeur à l'extérieur est multiplié par 10 face au cout de la vie dans ces pays. Ici, on ne se rend pas compte de la valeur d'un euro ou d'un dollars du fait du cout de la vie élevé ici.

à écrit le 31/05/2019 à 15:44
Signaler
Il est clair depuis longtemps que le système français ne fonctionne pas malgré "le pognon de dingue " qui est redistribué. Nous avons une dette abyssale, un déficit chronique, un taux de chômage très supérieur aux autres pays de l'OCDE (pays développ...

le 31/05/2019 à 16:15
Signaler
"Frein à la concurrence", ce n'est plus le cas chez les notaires depuis 2016. Il y a un essai de mise en concurrence par des tirages au sort qui permettent des installations sans reprendre l'étude d'un ancien Notaire. Nous verrons dans quelques année...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.