Statuts obligent, Geoffroy Roux de Bézieux, président actuel du Medef, ne peut se représenter. Après un mandat, il devra transmettre le 6 juillet prochain les clefs du 55 avenue de Bosquet à son successeur. Même s'il s'en défend, l'actuel locataire soutient la candidature de son vice-président délégué Patrick Martin. Grand favori de la course, ce dernier dit avoir réuni plus de 450 parrainages, soit plus de 80% du corps électoral du Medef.
Parmi ses concurrents figure d'abord Dominique Carlac'h, cheffe d'entreprise de 54 ans déjà très présente au Medef en tant que vice-présidente et porte-parole actuelle du syndicat patronal. Cette dernière assure avoir recueilli 345 parrainages. Autre postulant habilité à concourir, Pierre Brajeux a dépassé de justesse la barre des 150 soutiens. En revanche, Guillaume Cairou, qui s'est lancé le mois dernier, n'a pas réussi à avoir les précieux sésames et n'est donc pas qualifié.
La course aux soutiens est lancée
A deux mois du scrutin final, chacun cherche à mettre le plus de chances de son côté et à réunir le maximum d'intentions de votes. L'élection du président du Medef repose tout à la fois sur le vote des grandes fédérations, mais aussi des unions territoriales qui composent l'organisation.
Aussi les candidats font-ils en ce moment la tournée des futurs votants. Patrick Martin peut se targuer d'avoir obtenu, non sans mal, l'aval de la puissante fédération de la métallurgie, l'UIMM. Après avoir reçu le soutien personnel d'Olivier Salleron, le président de la fédération du bâtiment, le reste de l'organisation devrait prochainement se prononcer également en sa faveur...
De son côté, Dominique Carlac'h assure engranger les soutiens de personnalités patronales importantes comme Denis Kessler, ainsi qu'une partie de la fédération des banques ou de l'assurance.
Pour se positionner, l'entrepreneuse de 54 ans milite aussi pour un véritable débat d'idées au sein du Medef afin de confronter des points de vue. Une position que partage Pierre Brajeux. En revanche, Patrick Martin, lui, cherche à conserver son alliance, sans forcément se confronter à ses compétiteurs. « L'idée pour Patrick, c'est d'éviter les faux pas, de jouer la montre jusqu'au vote en juillet... Il n'a aucun intérêt à se mettre en risque », plaide un de ses soutiens.
Vers un rapprochement des challengers ?
Une des options sur la table est de créer des alliances. Aussi, Dominique Carlac'h et Pierre Brajeux pourraient-ils faire un duo, pour tenter de peser ensemble face au favori. Histoire aussi d'animer une campagne sans enjeux et donc sans passion.
Reste que les deux candidats sont si différents - Pierre Brajeux évolue dans l'univers de la sécurité, quand Dominique Carlac'h milite pour une meilleure prise en compte des sujets sociétaux dans l'entreprise - que cette alliance pourrait sembler quelque peu artificielle, de circonstances... A charge pour eux, d'en démontrer la véritable complémentarité.
Au sein de l'organisation patronale, peu semblent toutefois s'émouvoir d'une campagne morose. « Vu l'état de tensions dans le pays, c'est plutôt bien si le Medef agit dans la continuité. Patrick Martin se prépare au job depuis longtemps. il était déjà candidat la dernière fois, c'est très bien ainsi », se félicite ainsi un président de Fédération.
La future feuille de route du président (ou présidente)
Le poids de l'organisation à l'avenir dépend de la lettre de cadrage que fixera Emmanuel Macron, et la latitude qu'il laissera aux partenaires sociaux. Les dossiers sociaux qui attendent le futur leader du Medef sont néanmoins très importants : la future loi sur le plein emploi, l'application de la réforme des retraites dans les entreprises et le maintien des seniors dans l'emploi, les pénuries de recrutement, ou encore les négociations sur les salaires, dans un contexte d'inflation élevé.
Les entrepreneurs devront aussi défendre leurs positions face à des politiques qui ne sont pas tous favorables à la politique en faveur des entreprises de l'exécutif. Ainsi, les patrons craignent-ils lors des prochains débats parlementaires, un retour de bâtons après des années d'allégement de leur fiscalité - en particulier la baisse des impôts de production, ou celle de l'impôt sur les sociétés.
En face, des syndicats dont les leaders changent
Sans oublier, les gros sujets économiques qui affectent tous les secteurs, et qui nécessitent des investissements colossaux : la transition écologique, la réindustrialisation de la France, la crise de la construction et du logement, ou encore l'intelligence artificielle.
Par ailleurs, le ou la futur(e) président(e) devra aussi négocier avec de nouveaux chefs de file syndicaux. A la CGT, Sophie Binet vient de succéder à Philippe Martinez, donnant un coup de jeune au syndicat ouvrier. Et à la CFDT, Laurent Berger a annoncé son intention de passer la main à Marylise Léon. Deux femmes à la tête des deux plus importantes centrales syndicales, cela marque une petite révolution qui promet aussi de bousculer le Medef.
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