Agriculture en Île-de-France : Pécresse s'allie avec le Medef sur l'écologie

De passage au Salon de l'Agriculture ce vendredi 3 mars, la présidente (LR) du conseil régional francilien a multiplié les annonces, notamment en compagnie du patronat local. Valérie Pécresse a déjà fait adopter un plan d'un milliard d'euros dès 2021. Décryptage.
César Armand
(Crédits : Villette Pierrick/ABACA via Reuters Connect)

Bonjour veau, vache, cochon, couvée ! Selon les chiffres du conseil régional, l'Île-de-France compte en effet près de 1,4 million de volailles, 27.370 bovins, 10.400 ovins, 7.300 porcins et 2.100 caprins sur un territoire à 47% agricole. En outre, elle demeure la première région française productrice de salade d'été, de cresson et de persil. Au Salon international de l'Agriculture ce vendredi 3 mars, Valérie Pécresse s'est engagée à ce que l'Île-de-France « reste cette grande puissance », et ce, malgré « l'expansion de l'urbanisation », avant de se faire l'avocate de « l'écologie des solutions ».

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Stratégique pour la RSE

Outre des aides à l'installation de 84.000 euros par exploitant déjà annoncées par le passé, le conseil régional va accompagner la décarbonation des 5.000 agriculteurs franciliens. L'association France Carbon Agri, qui travaille déjà sur la captation carbone des exploitants, va créer, avec le Medef régional, une entité Île-de-France. Seront ainsi mis en relation des agriculteurs qui plantent des haies et implantent des prairies avec des PME-ETI qui ont besoin de certificats carbone.

« C'est stratégique pour la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) », a souligné la déléguée générale du Medef IDF, Virginie Rhéa.

« Cela permet de valoriser nos agriculteurs et de les inciter à faire cette transition », a appuyé Valérie Pécresse, dont le conseil régional apporte 80 millions d'euros à ce marché du carbone.

« La pression quotidienne des réseaux sociaux »

Dès 2020, la collectivité territoriale a, en outre, investi 1,2 million - sur 3,6 millions d'euros - dans un partenariat public-privé. Celui-ci travaille sur la génétique des plantes pour éviter la jaunisse des betteraves. A l'heure des débats sur les néonicotinoïdes, interdits en France, Valérie Pécresse l'assure : cinq nouvelles variétés de betteraves résistantes aux insectes viennent de voir le jour.

« Nous sommes soumis à la pression quotidienne des réseaux sociaux, alors que la recherche, c'est du temps long. Il faut dix ans pour faire une variété de betterave », a rappelé le président du directoire du semencier Delplanque, Eric Verjux.

En parallèle, la région votera son deuxième Plan air le 29 mars où il sera, notamment, question de l'ammoniac, utilisé dans l'épandage et l'élevage. « Il réchauffe 273 fois plus que le CO2 ! », s'est insurgée Valérie Pécresse. Avec la Chambre de l'agriculture francilienne qui a déjà « trouvé des volontaires » et l'Agence de la transition écologique (Ademe) dont « les négociations sont très avancées » sur l'aide financière, l'institution veut lancer une expérimentation pour en baisser les émissions.

Déjà un plan régional d'un milliard d'euros voté en 2021

A l'heure de la sécheresse, la présidente du conseil régional a aussi martelé qu'elle serait « aux côtés » des agricultures dans la gestion de l'eau. « On soutiendra les infrastructures hydrauliques, mais les ouvrages ne pomperont pas les nappes phréatiques », a-t-elle ajouté, sans jamais prononcer les mots de « bassins de rétention » ou de « bassines ». Interrogée par La Tribune sur les moyens alloués, elle a assuré que 50 à 80% des investissements - selon le nombre et la nature des projets - pouvaient être financés par la région.

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Enfin, avec le conseil départemental de Seine-et-Marne, Valérie Pécresse s'apprête à « poser la première pierre », le 21 avril, d'une « société de production locale ». Objectif affiché, approvisionner les lycées franciliens en produits locaux pour les dizaines de millions de repas annuels à la cantine. A la clé, assure-t-elle, 54 emplois. Sollicitée par La Tribune sur le budget de la structure, Valérie Pécresse a annoncé la somme de 46 millions d'euros, à moitié pris en charge par le conseil régional, à moitié par le département.

Plus généralement, dès février 2021, l'élue a déjà fait adopter un « plan régional pour une alimentation locale, durable et solidaire » qui mobilisera près de 1 milliard d'euros d'ici à 2030. Et ce alors que son mandat s'arrête en mars... 2028.

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La métropole du Grand Paris vante ses « nombreux atouts »

Également présent au Salon, le président (LR) de l'intercommunalité aux 131 communes franciliennes, Patrick Ollier a fait savoir, le 2 mars, que la métropole du Grand Paris « soutenait l'agriculture ».

Lors d'une conférence sur les enjeux et les défis de la transition agricole et alimentaire dans l'aire métropolitaine, le chef de l'établissement public de coopération intercommunale a rappelé que 17 communes avaient été accompagnés « dans leur projet d'aménagement et de rénovation de halles et de marchés » pour 4 millions d'euros. La métropole met également sur la table 8 millions d'euros pour le projet de la Cité de la gastronomie à Rungis.

Elle a enfin élaboré un « plan alimentaire métropolitain », avec AgroParisTech, la Chambre d'agriculture francilienne, le Groupement des agricultures bios d'Île-de-France et la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER). Ce dernier se décline en trois volets : « approvisionnements et accès à une alimentation durable et de qualité » (logistique, restauration collective...), « résilience alimentaire et adaptation au changement climatique » (préservation du foncier, développement de l'agriculture urbaine, valorisation des biodéchets...) et « coopérations urbaines/rurales et gouvernance » (coordination territoriale, stratégie financière commune, solidarité avec les collectivités rurales...)

César Armand

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