Emploi : un premier trimestre au ralenti

Après un fort déclin à la fin 2017, le taux de chômage est reparti à la hausse (+0,2 point) sur les trois premiers mois de l'année selon des chiffres encore provisoires de l'Insee.
Grégoire Normand
Sur un an, le taux de chômage, mesuré par l'Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT), reste en baisse de 0,4 point. (Graphique : Statista*.)
Sur un an, le taux de chômage, mesuré par l'Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT), reste en baisse de 0,4 point. (Graphique : Statista*.) (Crédits : Statista*)

L'embellie était de courte durée. Selon les données de l'Insee publiées ce mercredi, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) est de 9,2% de la population active en France après 9% au quatrième trimestre 2017. Il est en hausse de 0,2 point, après avoir baissé de 0,7 point au trimestre précédent.

Du côté de la France métropolitaine, le nombre de chômeurs est également en hausse de 83.000 en ce début d'année 2018. Le taux de chômage est en hausse de 0,3 point par rapport au trimestre précédent, atteignant 8,9% de la population active. Un an après son arrivée à l'Élysée, Emmanuel Macron, qui a engagé une réforme en profondeur du Code du travail à l'automne dernier, se trouve déjà confronté à des difficultés pour résoudre l'un des points noirs de l'économie française : la résorption du chômage.

Lire aussi : Croissance : Macron la chance, cela va-t-il durer ?

Les femmes particulièrement touchées

Le nombre de chômeurs au sens du BIT s'est élevé à 2,586 millions à la fin du premier trimestre 2018, soit 83.000 de plus qu'au dernier trimestre 2018. Cette variation a concerné toutes les tranches d'âge. Le chômage chez les jeunes (15-24 ans) est passé de 20,6% à 20,8% et chez les 50 ans et plus, il est passé de 6,1% à 6,3%.

Chez les hommes, il est resté stable entre les deux trimestres. En revanche, la hausse la plus spectaculaire concerne les femmes avec un taux passant de 8,4% à 9% en trois mois. Chez les chômeurs de longue durée, le taux a légèrement varié à la baisse entre les deux périodes pour s'établir à 3,6%. Il concerne tout de même 1,06 million de personnes.

Lire aussi : Retour à l'emploi : le calvaire des chômeurs de longue durée

Recul du "halo"

En revanche, le "halo" du chômage a baissé au cours du premier trimestre. Ces personnes qui souhaitent travailler, mais ne sont pas comptabilisées parce qu'elles peuvent être découragées ou ne sont pas disponibles immédiatement, étaient 1,48 million au premier trimestre, un nombre en baisse de 22.000 sur le trimestre et de 10.000 sur un an.

L'autre bonne nouvelle est que le taux d'emploi (**) des 15-64 ans s'est établi à 65,7%, stable par rapport à la fin de l'année 2018. Il est à son plus haut niveau depuis le début des années 80 rappelle l'institut de statistiques publiques. Sur le trimestre, le taux d'emploi s'accroît légèrement pour les personnes de 50 à 64 ans et il est quasi stable pour les autres catégories. Le taux d'emploi en CDI progresse légèrement (49,1% contre 49,2% sur le quatrième trimestre 2017) alors que celui en CDD/intérim est stable (8,1% contre 8%). Par ailleurs, le taux des personnes en situation de sous-emploi a augmenté de 0,4 point à 6%. Il s'agit de personnes à temps partiel qui souhaiteraient travailler plus d'heures. C'est une forme de temps partiel subi.

Lire aussi : Le taux d'emploi atteint un record en France

Enfin, le taux d'activité (***) des 15-64 ans s'est élevé à 72,2% au cours des trois premiers mois de l'année, "son plus haut niveau depuis 1975" souligne l'organisme public. Il augmente de 0,2 point par rapport au dernier trimestre et 0,8 point en glissement annuel.

Coup de frein sur les déclarations d'embauche

Le ralentissement du marché du travail est également visible dans les chiffres communiqués par l'Acoss, c'est-à-dire l'Agence centrale des organismes de sécurité centrale qui collectent notamment les cotisations. Selon le dernier baromètre économique publié ce 23 mai, le nombre de déclarations d'embauche de plus d'un mois (hors-intérim) diminue de 2,8% après une hausse de 1,1% en mars. Sur trois mois, cet indicateur progresse tout de même de 2,3% et de 3% sur un an. La baisse du mois d'avril s'explique principalement par une diminution des déclarations d'embauche en CDD de plus d'un mois et un repli des embauches en CDI (-1%). En revanche, les déclarations d'embauche en contrat à durée indéterminée restent dynamiques sur un an (+11,2%).

Ralentissement de la croissance du privé

La croissance a marqué le pas au cours du premier trimestre. Selon les derniers chiffres du cabinet Markit, la croissance du secteur privé a ralenti en raison "d'une baisse de la demande sous-jacente comme en témoigne le repli du taux de croissance des nouvelles affaires à un plus bas de 17 mois", indique l'organisme. Pour Alex Gilles, économiste chez Markit, "l'indice composite de l'activité globale signale en effet la plus faible expansion du secteur depuis près d'un an et demi, indiquant ainsi un nouvel essoufflement de la reprise économique française au cours du deuxième trimestre 2018." Compte tenu d'une baisse de la demande clients, les entreprises françaises "ont limité le recrutement de personnel supplémentaire au mois de mai " précise le communiqué.

Si le taux de chômage a quand même entamé une bonne décrue, les derniers chiffres de l'Insee rappellent que la situation du marché du travail tricolore reste défavorable au regard de ses voisins et que la baisse demeure très fragile. L'écart entre le taux de chômage de la France et celui de la zone euro devrait persister même si la conjoncture est meilleure.

Lire aussi : Chômage : l'écart entre la France et la zone euro persiste

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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.

(**) Le taux d'emploi est défini comme la part des personnes ayant un emploi parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, exprimée en pourcentage.

(***) Le taux d'activité  est le rapport entre le nombre d'actifs (actifs occupés et chômeurs) et l'ensemble de la population correspondante selon la définition de l'Insee.

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 24/05/2018 à 9:28
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"Un premier trimestre au ralenti" sans rire alors qu'il monte ? Pratique les statistiques du chômage seulement 4 fois par an pour encore plus anguler les mouches hein...

à écrit le 23/05/2018 à 20:56
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Et toujours plus d'administration et impots, taxes en tous genres. Et toujours plus d'interdits et de controls 80KM/H. tout ça est en bonne voie du scenario a la Greque.

à écrit le 23/05/2018 à 19:05
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Et pourtant, avec MACRON on a pris les bonnes mesures pour augmenter la compétitivité et la confiance dans la FRANCE : - casser le code du travail pour transformer les salariés en esclave obéissant, incapables de pouvoir émettre une opinion pour dév...

à écrit le 23/05/2018 à 18:49
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Il faut dire que les nuages s'amoncellent sur l'économie et rien n'est fait pour endiguer cette crise qui arrive. La demande continu de baisser à cause de la hausse du prix du pétrole. Avec trump, les choses vont bientôt empirer, car il ne souhait...

à écrit le 23/05/2018 à 18:48
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Il faut dire que les nuages s'amoncellent sur l'économie et rien n'est fait pour endiguer cette crise qui arrive. La demande continu de baisser à cause de la hausse du prix du pétrole. Avec trump, les choses vont bientôt empirer, car il ne souhait...

à écrit le 23/05/2018 à 15:23
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Bonjour Monsieur, Juste une remarque, faites très attention quand vous donnez les trimestres: vous parler du dernier trimestre 2018 alors que nous sommes à la fin du premier trimestre 2018, vous faites cette erreur plusieurs fois ce qui porte préjud...

à écrit le 23/05/2018 à 14:30
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"et chez les 50 ans et plus, il est passé de 6,1% à 6,3%". Normal, les RCC ( rupture conventionnelle collective créée par la réforme du Code du travail). continuent de plus belle pour les années la génération 60/70.On va se marrer avec une retrait...

à écrit le 23/05/2018 à 14:09
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Mais?Mais?On nous a dit que le chomage avait baissé de 60000 demandeurs d'emploi au premier trimestre!Je ne peux pas croire ces nouveaux chiffres qui ne cadrent pas du tout avec la robuste croissance et l'investissement des entreprises au plus haut...

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