Emploi : hausse du chômage en vue pour la fin de l'année (Insee)

Après plusieurs années de baisse quasi-ininterrompue, le chômage pourrait grimper en fin d'année 2023. La chute de l'activité et le resserrement de la politique monétaire assombrissent grandement les perspectives d'embauches. L'Insee a dégradé ses prévisions d'emplois et de chômage par rapport à juin.
Grégoire Normand
Le chômage devrait repartir à la hausse à partir de la fin de l'année 2023.
Le chômage devrait repartir à la hausse à partir de la fin de l'année 2023. (Crédits : Reuters)

Les nuages noirs planent au-dessus du marché du travail français. Après la Banque de France, c'est au tour de l'Insee de noircir ses prévisions d'emplois pour les mois à venir. Dans sa note de conjoncture dévoilée ce jeudi 12 octobre, l'institut de statistiques a révisé à la baisse ses projections de créations d'emplois pour l'ensemble de l'année 2023.

Désormais, les statisticiens tablent sur 133.000 créations d'emplois contre 175.000 en juin dernier. Il s'agit certes d'une révision de 40.000 emplois en moins sur l'année, mais cette dégradation illustre véritablement l'essoufflement de l'activité. Résultat, le taux de chômage devrait repartir légèrement à la hausse à 7,3% de la population active en fin d'année contre 7,1% au premier trimestre de 2023. En juin dernier, les conjoncturistes faisaient encore le pari d'une stabilisation du chômage à ce niveau bas historique.

Pour le moment, il est encore tôt pour affirmer que le marché du travail se détériore grandement. « A ce stade, il faut attendre quelques mois avant de qualifier la situation », a souligné Julien Pouget, chef du département de la conjoncture, interrogé par La Tribune« On pourra dire que c'est un retournement en décembre lorsqu'on fera les prévisions depuis 2024 », a-t-il poursuivi. Le coup de frein de l'économie et le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ont en tous cas clairement assombri les projets d'embauches des entreprises.

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Stagnation des créations d'emplois

La machine à embaucher tricolore commence à s'enrayer. Après avoir créé 1,3 million de postes entre 2019 et 2023, l'économie française appuie sur le frein des recrutements. Les créations d'emplois ont brutalement été divisées par cinq entre le premier trimestre  et le second trimestre de cette année. « La faible progression de l'emploi salarié au deuxième trimestre coïncide avec un léger regain de la productivité par tête bien qu'elle reste très nettement en deçà de son niveau d'avant la crise sanitaire », expliquent les économistes dans leur note. Durant les années 2021 et 2022, la croissance de l'emploi a été souvent supérieure à celle de l'activité.

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Pendant cette période, les entreprises ont pu bénéficier des mesures du « quoi qu'il en coûte » favorables au maintien de l'emploi dans certains secteurs pourtant meurtris par les différentes vagues de confinement et la fermeture des frontières. A cela s'est ajoutée une politique de l'apprentissage très généreuse contribuant à faire baisser le taux de chômage tricolore. Mais la fermeture du robinet des aides et la moindre prise en charge de l'apprentissage par les pouvoirs publics obligent les employeurs à ajuster leur masse salariale. Beaucoup de secteurs pourraient décider de tailler dans leurs effectifs dans les mois à venir.

Enfin, l'entrée en vigueur de la réforme des retraites depuis le premier septembre dernier devrait également accroître la population active. Ce qui pourrait engendrer des difficultés d'appariement entre l'offre et la demande sur le marché du travail. En effet, la hausse des seniors sur le marché du travail pourrait générer des tensions compte tenu des obstacles pour se maintenir dans l'emploi.

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Une croissance tricolore en panne

S'agissant de la croissance, les moteurs de l'économie hexagonale tournent au ralenti. L'Insee table sur une croissance de 0,1% au troisième trimestre et 0,2% au dernier trimestre. Au premier trimestre, la croissance a fait du surplace avant de rebondir à 0,5% au second trimestre à la faveur d'un repli des prix de l'énergie. Au total, l'activité rebondirait de 0,9% en 2023 selon l'Insee qui n'a pas touché à sa prévision de septembre.

Dans la construction, la trajectoire négative de l'activité par trimestre montre que le secteur traverse une violente crise dans le sillage de la remontée des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne. Du côté des services, l'activité est légèrement positive sur l'année. Quant à l'agriculture et la pêche, elles frôlent la stagnation.

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Une inflation au ralenti

L'indice des prix à la consommation devrait marquer le pas dans les prochains mois. L'organisme public basé à Montrouge projette désormais une inflation à 4,4% en fin d'année contre 4,9% lors de son dernier point de conjoncture du mois de septembre. En moyenne annuelle, l'inflation pourrait s'établir à 5%. « Le renchérissement des prix du pétrole a contribué à la hausse de l'inflation énergétique ces dernières semaines », a toutefois nuancé Olivier Simon de l'Insee.

En plein cœur de l'été, les pays de l'OPEP ont annoncé une réduction de la production de pétrole. Résultat, les prix de l'essence à la pompe ont bondi. Le conflit entre Israël et la Palestine pourrait également avoir des effets dévastateurs sur les marchés du gaz et du pétrole. Mais les répercussions économiques de ce désastre demeurent à ce stade encore difficiles à mesurer. Quant aux prix de l'alimentaire, l'indice (+11,5% en moyenne annuelle) a certes ralenti, mais le rythme d'accélération demeure plus de deux fois supérieur à l'inflation globale. Pour 2024, l'inflation devrait continuer à ralentir compte du délai de transmission des effets de la politique monétaire à l'économie. Sauf si un choc vient une nouvelle fois perturber les chaînes d'approvisionnement ou faire trembler les marchés mondiaux.

Grégoire Normand
Commentaires 12
à écrit le 29/11/2023 à 10:13
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le chomage va repartir a la hausse car il y a aussi de contrats qui prennent fin et aussi apres les fetes les entreprises vonrt avoir mon besoin de personnel.

à écrit le 13/10/2023 à 9:41
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Ben ça parle de moins en moins le français sur les chantiers faut dire aussi.

à écrit le 13/10/2023 à 9:26
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@Aaa & @o. Eh oui et ceci était déjà bien prévisible à l'avance, d'où mon post dégoulinant d'ironie. Une stratégie bien connue Outre-Atlantique depuis longtemps (BLS U3 et U6) - comparativement à shadowstats - la France n'a donc rien inventé dans cet...

à écrit le 13/10/2023 à 8:00
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Si le chômage baisse, c’est avant tout parce que les boomers partent massivement à la retraite. Même en détruisant des emplois, le chômage peut baisser.

à écrit le 13/10/2023 à 0:16
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Ah! Je retrouve enfin le cours normal d'un phénomène dont j'ai commencé à entendre parler dans les années 1970 (Oui, je suis vieux); ma vie n'aura pratiquement connu que des période de Croissance: de l'inflation, du chômage, du déficit budgétaire, de...

à écrit le 12/10/2023 à 19:24
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Ne vous inquiétez pas, on va manipuler les chiffres pour vous faire une bonne surprise ! ,-)

le 13/10/2023 à 6:50
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Allez donc voir chez Pôle sans emploi, il y aura tjrs des formations à gogo chez les camarades du parti : une formation de 6 mois pour avoir un CQP de tailleur de vigne ca vous tente pas ? Mais pour quoi est-ce ainsi ?

à écrit le 12/10/2023 à 18:00
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bon, faut etre prudent sur les dates! faut pas oublier qu'utiliser une correlation dans des modeles flexibles, avec des decalages temporels ( limite les modeles varma et autres dynamiques des chocs) ca fait du sens...dans des modeles rigides comme l...

à écrit le 12/10/2023 à 18:00
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Il n'y a pas de secret, la distorsion entre la démographie et la tendance au déclin des besoins de main d'oeuvre dans la la sphère productive exerce une pression pour créer des emplois par le biais du laxisme monétaire ou bien budgétaire... Et en Fra...

à écrit le 12/10/2023 à 17:43
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Ben alors les enfants, vous ne visez plus le plein-emploi alors que vos certitudes s'envolent? Moi je pense qu'un actuaire bien avisé peut remondéliser le "Schmilblick" pour améliorer les chiffres🙉🙊🙈

le 12/10/2023 à 19:24
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On va vite voir aussi que Macron a menti... les droit des chômeurs sont réduits en cas de pleine emploi et doivent augmenter dans le cas contraire. On va vite découvrir que c'est pas le cas, d'ailleurs ça l'était déjà pas avant, car tout est bon pour...

le 12/10/2023 à 20:47
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Les réformes du chômage visent à faire basculer les chômeurs dans le RSA pour faire des économies et maintenir les prébendes de la clientèle électorale de la droite et du centre...

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