La pandémie continue de secouer les moteurs de l'économie. Près d'un an après l'annonce du premier confinement par le Président de la République Emmanuel Macron, le PIB resterait inférieur de 5% à son niveau d'avant crise. Cette récession inédite depuis la fin de la Seconde guerre mondiale n'a cependant pas eu les mêmes répercussions sur l'ensemble des Français. Dans leur dernière note de conjoncture, les économistes de l'Insee ont montré que la chute spectaculaire de la consommation des ménages a entraîné une montagne d'épargne pour le neuvième décile de la population. Même si le gouvernement espère une réouverture au plus vite de l'économie tricolore, la flambée des variants dans les chaînes de contamination et la lenteur de la campagne de vaccination repoussent sans cesse le début d'une reprise solide de la croissance tricolore.
Dans ce contexte troublé, les débats sur l'utilisation de cette épargne se multiplient. Bien que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a écarté l'option d'une fiscalité sur cette surabondance d'épargne, certains économistes proches d'Emmanuel Macron comme Philippe Aghion plaident pour une contribution exceptionnelle sur le patrimoine des plus riches. L'excès d'épargne au niveau mondial et le déficit d'investissement ont montré que l'écart de production entre le PIB potentiel et le PIB réel après la crise de 2008-2009 avait mis des années à se resserrer.
Un surcroît d'épargne évalué à 7.500 euros pour le neuvième décile et 100 euros chez les plus modestes
En moyenne, le patrimoine financier des ménages français a bondi de 8% entre février 2020 et décembre 2020 alors qu'il avait augmenté de 6% entre février 2019 et décembre 2019. Derrière cette moyenne, des disparités criantes apparaissent selon les catégories. Ainsi, les données bancaires étudiées par les statisticiens montrent que le surcroît d'épargne est évalué à environ 7.500 euros pour le neuvième décile de la population étudiée, c'est-à-dire les ménages aisés. A l'opposé, le premier décile a vu son patrimoine financier stagner par rapport à février 2020. Si les hauts patrimoines ont connu des sueurs froides au moment du premier mini krach boursier au printemps, ils ont rapidement pu se refaire une santé financière lorsque le rebond des cours boursiers a pu effacer les pertes.
Les confinements ont entraîné une forte chute de la consommation au sommet
Fermeture des restaurants et hôtels, aéroports à l'arrêt, et de beaucoup de secteurs non essentiels... lors du premier confinement, la consommation a chuté dans la plupart des catégories étudiées par les statisticiens. Cependant, cette diminution a été bien plus importante pour les ménages en haut de la pyramide (-55% au mois d'avril) que pour les ménages modestes (-40%). Les cadres et autres catégories supérieures ont ainsi largement vu leur consommation baisser contrairement aux ouvriers et employés. Le premier confinement a entraîné une modification de la structure de la consommation chez les ménages qui ont davantage privilégié les achats de première nécessité. En outre, les dépenses habituelles de consommation chez les plus aisés (loisirs, voyages, restaurants, luxe..) ont été "empêchées" par des décisions administratives. Dans le même temps, la consommation en ligne s'est accélérée d'environ 1,5 point pour les ouvriers et 5 points chez les cadres et professions intellectuelles supérieures. Et cette tendance s'est confirmée lors du second confinement moins sévère où les achats en ligne ont explosé dans toutes les catégories.
Une hausse de l'épargne chez les plus de 40 ans en situation stable
Les plus de 40 ans ont connu une hausse plus importante de leur patrimoine financier en valeur brute que les plus jeunes. "Les ménages dont la personne de référence a entre 40 et 60 ans ont en effet des revenus plus importants : ainsi, la chute de la consommation en 2020 a libéré des montants plus élevés pour leur épargne. De plus, ces ménages, plus souvent dans des emplois stables, en CDI, ont été probablement moins sujets à des chutes de leur revenu en lien avec la crise économique" indique l'organisme de Montrouge.
Au sein des actifs, certaines catégories ont connu une moindre hausse de leurs patrimoines notamment en raison de la récession. Les artisans et commerçants, et, dans une moindre mesure, les salariés du secteur privé ont pâti de pertes de revenus. Enfin, le patrimoine des ouvriers, s'ils peuvent en avoir un, a augmenté moins vite que pour les autres. Beaucoup d'ailleurs ont pu enregistrer une perte de revenus en raison notamment de la fermeture des usines et des chantiers au printemps ou par leur statut d'intérimaire.