Grand débat : Le Maire exhorte les chefs d'entreprise à participer

Par Grégoire Normand  |   |  1041  mots
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. (Crédits : Gonzalo Fuentes)
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut inciter les chefs d'entreprise à venir échanger sur la fiscalité et les dépenses publiques dans le cadre du grand débat national.

Alors que les réunions se multiplient dans l'ensemble de l'Hexagone, Bruno Le Maire veut mobiliser les chefs d'entreprise aux différentes concertations tenues dans le cadre du grand débat national. Lors de ses voeux aux acteurs de l'économie ce lundi 28 janvier, le ministre de l'Economie leur "a demandé de prendre la parole et de participer au grand débat. Les entrepreneurs sont légitimes. Ils ont un point de vue à défendre. Faites-le." Empêtré dans la crise des "gilets jaunes"Emmanuel Macron avait annoncé, le 10 décembre dernier, une série de mesures destinées à doper le pouvoir d'achat des salariés autour du SMIC  et des retraités touchant des pensions modestes.

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Mais cet arsenal n'a pas suffi à éteindre la gronde des manifestants. Samedi dernier, dans toute la France, 74.000 personnes ont encore défilé dans les rues selon des chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur.  Si le chef de l'Etat et le Premier ministre ont récolté quelques points de popularité ces dernières semaines, le pari est loin d'être gagné pour le gouvernement. Il faut dire que l'ambiance a bien changé en un an. Dans la salle de conférence Pierre Mendès France située dans l'enceinte du "paquebot" de Bercy, l'ancien député rappelait en janvier 2018 que"la croissance est solide. Elle devrait approcher les 2% en 2017, une première depuis 2011 [...] En 2018, nous devrions faire mieux que notre prévision".

La fiscalité au centre du grand débat

Parmi les quatre thèmes sélectionnés pour le grand débat figurent la fiscalité et la dépense publique. Sur cette question hautement inflammable, le locataire de Bercy a déclaré que "la France a un problème de dépense publique. La potion de la dépense publique et de la dette est une potion amère, pas une potion magique. Elle a échoué. Il faut donc ouvrir une autre voie." Cette autre voie reposerait sur la promesse de campagne d'Emmanuel Macron. "Nous voulons baisser la dépense publique de 3 points, les impôts de 1 point et la dette de 5 points : voilà la voie que le président de la République a proposé dans sa campagne et que nous tiendrons, avec Gérald Darmanin."

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Le ras-le-bol fiscal et le recul sur la taxe carbone ont particulièrement marqué les esprits lors des premières semaines de mobilisations. Sur la question de la poursuite de la baisse de la fiscalité, M.Le Maire est resté ouvert. "Le grand débat apportera la réponse à cette question fondamentale, qui entraîne de vrais choix de société. Pour ma part, je suis prêt à accélérer une baisse sur les dépenses publiques que nos compatriotes ne jugeront pas prioritaires pour accélérer la baisse des impôts."

Optimiste sur la croissance

Lors de son allocution, Bruno Le Maire est apparu optimiste sur les chiffres de l'économie tricolore. "Nous maintenons notre prévision de croissance à 1,7% pour 2019, qui est proche des évaluations du Fonds monétaire international (FMI) et qui est soutenue par les mesures récentes du gouvernement en faveur des salariés." Si les mesures présentées par le chef de l'Etat devraient permettre de booster le pouvoir d'achat des actifs comme le suggèrent l'Insee et l'institut des politiques publiques, l'essoufflement de la croissance mondiale pourrait avoir des répercussions sur l'activité française.

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En effet, la plupart des prévisionnistes ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance avec entre autres, la montée des tensions commerciales et le coup de frein marqué de la Chine et de la zone euro. De son côté, le FMI anticipe une croissance du PIB à 1,5% en 2018 et 2019 (- 0,1 point par rapport  aux prévisions d'octobre dernier) et 1,6% en 2020.

Services à la personne : la transformation du crédit d'impôt à l'étude

Le gouvernement envisage de transformer en aide directe le crédit d'impôt dont bénéficient les employeurs de salariés à domicile. "Nous allons étudier la possibilité de transformer le crédit d'impôt sur les services à la personne en aide directe pour les ménages. Ce sera à la fois plus simple et plus pratique pour tous", a déclaré M. Le Maire. "Les services à la personne représentent 1,3 million de salariés en France, nous devons améliorer leur formation, valoriser leur métier", a ajouté le ministre.

Sont notamment éligibles au crédit pour l'emploi d'un salarié à domicile les activités suivantes : garde d'enfant, soutien scolaire, assistance aux personnes âgées ou handicapées, travaux ménagers, prestations de petit bricolage ou de petits travaux de jardinage. Selon une étude du service de statistiques du ministère du Travail (Dares) publiée à l'été 2018, les conditions de travail et d'emploi se sont dégradées par rapport à la population en emploi salarié. Les salariés des services à la personne sont souvent plus nombreux à déclarer des problèmes de santé que les autre autres salariés.

Un capitalisme nouveau

Enfin, devant un parterre de dirigeants, Bruno Le Maire a plaidé pour la mise en place d'un "capitalisme nouveau" dans lequel l'Etat aurait un rôle majeur dans la "reconquête industrielle" du pays et assurerait une plus grande justice fiscale.

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"Si nous avons aujourd'hui un problème de chômage qui persiste (...), si nous avons eu une telle désindustrialisation dans notre pays - un million d'emplois sacrifiés, une centaine d'usines fermées chaque année - c'est pour une raison simple : on n'a pas assez innové, on n'a pas assez investi, on a des produits qui ne sont pas assez compétitifs par rapport à nos voisins européens et par rapport à nos partenaires mondiaux", a déploré le ministre. Deux secteurs seront privilégiés par l'Etat : la robotisation et la numérisation, "qui seront la croissance de nos entreprises et les emplois de demain", a signalé M Le.Maire.