Colère des agriculteurs  : le gouvernement Attal face au risque d'embrasement

Le Premier ministre, Gabriel Attal, veut absolument éteindre la gronde des agriculteurs, pourtant déterminés à passer à la vitesse supérieure. Les propositions de l'exécutif pourraient toutefois se révéler insuffisantes pour apaiser la situation. Dans le bâtiment et chez les marins pêcheurs, les professionnels voient rouge. Les seconds ont obtenu un répit de 6 mois sur la suppression de la détaxe sur le gazole non-routier (GNR). Mais la fin progressive de cet avantage fiscal jusqu'en 2030 risque de virer au casse-tête pour le gouvernement.
Grégoire Normand
Le Premier ministre, Gabriel Attal.
Le Premier ministre, Gabriel Attal. (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)

Le gouvernement Attal est assis sur un volcan. Quinze jours à peine après son entrée à Matignon, le chef du gouvernement a reçu ce lundi le principal syndicat agricole FNSEA. Objectif affiché, tenter d'endiguer la grogne des agriculteurs. À l'automne déjà, des éleveurs et céréaliers avaient retourné des milliers de panneaux sur tout le territoire, en signe de protestation contre la fin de la détaxe sur les carburants. Et depuis, la colère est montée d'un cran. En Europe, les agriculteurs ont organisé de vastes manifestations en Allemagne et aux Pays-Bas.

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Dans le viseur, la politique agricole de la Commission européenne et le Green Deal bruxellois. Les conseillers de Matignon et de l'Elysée suivent de très près ces mouvements de contestation. La révolte des « gilets jaunes » de l'hiver 2018 est restée gravée dans les esprits. À l'époque, les rassemblements autour des ronds-points et les blocages avaient surpris toute la Macronie. Face à l'exacerbation du mouvement, le gouvernement avait dû mettre près de 20 milliards d'euros sur la table pour éteindre l'incendie. Six ans après cette contestation inédite, le nouveau gouvernement doit faire face à sa première crise.

Risque de propagation

Le premier syndicat agricole a déjà annoncé des mobilisations tout au long de la semaine. Ces appels pourraient générer des vagues de contestation dans d'autres secteurs. En effet, les agriculteurs ne sont pas les seuls à devoir encaisser la fin de la détaxe sur le gazole non routier (GNR) décidée à l'automne lors de la préparation du budget 2024.

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Les entreprises du BTP sont également concernées par la suppression de cette détaxe. Pressés dans un premier temps par ce relèvement de la fiscalité, les marins pêcheurs ont obtenu un répit jusqu'en juin 2024. Mais la question de la hausse des prix des carburants pour les professionnels dépendants de l'énergie fossile est loin d'être réglée. L'exécutif a prévu une sortie progressive de cette niche fiscale... jusqu'en 2030. De leur côté, les organisations professionnelles attendent toujours des solutions pour adopter des outils compatibles avec la transition écologique.

Dans ce climat de mécontentement, « la mobilisation des agriculteurs n'a pas encore trouvé de prolongement auprès d'autres catégories professionnelles », rappelle à La Tribune, Erwan Lestrohan, directeur des études chez Odoxa.

« Pour autant, le capital sympathie dont bénéficient les agriculteurs et l'attention que leur prête désormais l'exécutif sont à prendre en compte si l'on se pose la question de la coagulation potentielle de leur mouvement de contestation », poursuit le spécialiste des enquêtes d'opinion.

Cette catégorie professionnelle bénéficie « d'un soutien et d'un capital sympathie élevés dans l'opinion. Les agriculteurs ont une excellente image dans la population nationale, les Français sont très attachés à cette profession qui assure la qualité de notre alimentation, incarne le respect et la défense des territoires ».

Une économie au ralenti

L'autre ferment qui pourrait nourrir le mécontentement réside dans le ralentissement de l'économie tricolore. Les dernières enquêtes PMI montrent que l'activité tourne au ralenti, notamment dans l'industrie. La plupart des instituts de prévisions ont dégradé leurs chiffres de croissance pour 2024. De son côté, le gouvernement table sur une baisse des taux pour donner du souffle aux ménages et aux entreprises. Mais ce pari semble risqué.

Les dirigeants de PME doivent faire face à une baisse des carnets de commandes, depuis de longs mois et l'extinction des aides Covid. Résultat, les défaillances d'entreprises sont reparties à la hausse en 2023. Et les perspectives sont loin d'être réjouissantes. La multiplication des fermetures d'entreprises pourrait entraîner des licenciements importants et une hausse du chômage comme annoncée par l'OFCE et la Banque de France.

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Du côté des ménages, la consommation est toujours en berne. Hormis le Smic, les salaires désindexés de l'inflation n'ont pas suivi l'envolée des prix à la consommation, en particulier dans l'alimentaire. Cette semaine, le Premier ministre Gabriel Attal doit encore recevoir les syndicats et les organisations patronales en vue de son discours de politique générale, prévu le 30 janvier prochain. Les confédérations ne devraient pas manquer de faire remonter les difficultés des salariés face au prolongement de la hausse des prix.

Le RN sur le terrain

À quelques mois des élections européennes, le Rassemblement national (RN) redouble d'efforts pour occuper le terrain médiatique. Résultat, ses élus et représentants multiplient les déplacements sur le thème de l'agriculture. Et le parti compte bien exploiter la colère des campagnes pour gagner encore des points dans les sondages. Le RN de Marine Le Pen espère ainsi obtenir des sièges supplémentaires au Parlement européen.

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« Dans la période actuelle, l'attention médiatique et politique dont le mouvement de contestation bénéficie désormais, pourrait inciter d'autres professions en crise (comme le personnel soignant par exemple) à s'engager dans une phase de revendication de leurs difficultés. Gabriel Attal s'est penché, au-delà du ministre de l'Agriculture, sur ce sujet et à 6 mois des élections européennes, le candidat du RN, principal rival de la majorité présidentielle dans les sondages sur cette élection, s'est aussi déplacé ces derniers jours pour rencontrer des agriculteurs », rappelle Erwan Lestrohan. La bataille pour les européennes s'annonce particulièrement rude.

Grégoire Normand
Commentaires 19
à écrit le 23/01/2024 à 17:55
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attal a beau froncer les sourcils c'est mal barre pour son matricule et meme son gouvernement c'est chaud pour pas dire bouillant partout il y a un ras le bol general la mutinerie s'emplifie et risque fort de ramener d'autre profession parcourant ...

à écrit le 23/01/2024 à 13:17
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Mais que fait-il ??? Il faut d’urgence suspendre le fatras ecolos-dingo, se mettre autour d’une table sans les ecolos, et voir entre gens raisonnables comment gérer les choses….

le 23/01/2024 à 13:40
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le seul responsable est m macron qui refuse d'entendre les revendication des francais et je rajoute des augmentations et je rajoutes des taxes lui qui depense sans compter pour son plaisir oblige les francais a ce restreindre sur l'alimentation ce...

à écrit le 23/01/2024 à 11:18
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A table : Les images sont "dignes d'un film d'horreur" à l'abattoir de Craon où l'on voit des vaches découpées alors qu'elles sont encore vivantes . L'association L214 a publié une vidéo choc sur les pratiques dans cet abattoir municipal et déposé...

à écrit le 23/01/2024 à 10:46
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Que va faire l'enfant? telle est la question !!! et comme ils arrivent a la fin de la crédibilité, cela va être difficile de retourner les gens comme le fait si bien le chef, non? des éléments de com? des promesses? le problème est qu'ils sont iden...

à écrit le 23/01/2024 à 8:39
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Aucun risque d'embrasement, ils n'ont pas intérêt à mordre la main qui les nourri autant. Par contre ils ont intérêt à le faire croire en effet. Les manifestations qui réclament de l'argent ne peuvent pas se transformer en révoltes.

le 23/01/2024 à 13:32
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Y a t'il quelque chose qui fonctionne encore dans ce pays? Avec Macron on dirait que tout part en biberine.

à écrit le 22/01/2024 à 23:00
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Dans le monde de la technocratie plus du gagne moins tu es compétent. C'est le contraire dans le monde qui marche la tête à l'endroit.

à écrit le 22/01/2024 à 21:48
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Les colères, c'est très enfantin. Et c'est le plus souvent chez les enfants gâtés. Très notamment ceux qui ont déjà bien contribué à l'endettement un peu monstrueux de l'Etat Français, et il y en a beaucoup. Bien sûr, je compte sur tous les Tartuffe...

à écrit le 22/01/2024 à 19:13
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Ce qui est étonnant c est que les décrets et lois sur la fin des aides fiscales aux agriculteurs européens ont tous été votés par le conseil des ministres de l’ agriculture et tous les parlementaires des pays concernés… qu ils assument aussi devant l...

à écrit le 22/01/2024 à 19:13
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Ce qui est étonnant c est que les décrets et lois sur la fin des aides fiscales aux agriculteurs européens ont tous été votés par le conseil des ministres de l’ agriculture et tous les parlementaires des pays concernés… qu ils assument aussi devant l...

à écrit le 22/01/2024 à 18:28
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"Le Premier ministre, Gabriel Attal, veut absolument éteindre la gronde des agriculteurs" Quand on regarde sur le site de la FNSEA les intentions de vote de leur adhérents à la présidentielle de 2022 ,en fin compte Attal ne risque pas grands chose...

à écrit le 22/01/2024 à 17:56
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on va au casse gueule directement manque plus qu les G G donnent un coup de mains au cultos quand le mecontentement est general une allumette et tout pete mamie doit sacrement rigoller à toi le jeunot la patate bouillante avec ton patron seul ...

le 22/01/2024 à 19:36
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Un referendum sur quelle question ? une dissolution résoudrait le problème des agriculteurs ? un peu léger votre commentaire.

à écrit le 22/01/2024 à 17:46
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et pas que dans l'agriculture....le ras le bol est général et palpable. Certes, ce gouvernement n'est pas le seul responsable mais il focalise le mécontentement qui remonte à des décennies. Avec le plus 10% de l'edf après le plus 10% d'avant, une éco...

à écrit le 22/01/2024 à 17:36
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macron attal bruno et compagnie allez vite faire bruler un cierge a la Madeleine le feu est dans la boutique et vous l'avez bien cherche il y a un ras le bol general sa prend tres vite de l'ampleur ne venez pas taquiner les cultos vous allez vou...

à écrit le 22/01/2024 à 17:20
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Ils n'ont qu'à se comporter comme les Goodyear, en expliquant que c'est non pénalement répréhensible vu la jurisprudence, et qu'en plus c'est bienveillant car ça va faciliter le transit énergétique

à écrit le 22/01/2024 à 16:58
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j'espere qu'ils ne vont pas encore augmenter les 9 Milliards de subventions qu'ils recoivent deja !!! pourquoi aussi un tel laissé allé des VRAIS simcards seraient depuis longtemps rappelé a l'ordre

à écrit le 22/01/2024 à 16:56
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et on n est pas encore aux JO ça promet pour la suite

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